Fil d'Ariane
Les autorités françaises espèrent obtenir "lundi matin [le 25 décembre 2023] au plus tard" les autorisations pour réacheminer, en avion, les passagers indiens confinés depuis le soir du jeudi 21 décembre dans un aéroport de la Marne. Leur appareil a été immobilisé sur fond de soupçons de traite d'êtres humains.
L'aéroport de Paris-Vatry, dans le département de la Marne, en France.
Le parquet de Paris a fait savoir que la justice a autorisé l'avion en question à repartir de la Marne. "Cette décision permet d'envisager le réacheminement des passagers placés en zone d'attente" dans l'aéroport, a ensuite annoncé la préfecture dans un communiqué. Elle n’a donné aucune précision sur une quelconque destination. "Par conséquent, les autorités compétentes de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) s'efforcent d'obtenir les autorisations nécessaires au redécollage de l'avion, ce qui devrait intervenir au plus tard lundi matin", a-t-elle ajouté.
La possibilité d'un départ de ces 303 passagers indiens, dont deux sont toujours en garde à vue, est renforcée par l'annulation par la justice pour un premier passager de la procédure les maintenant depuis trois jours dans l'aéroport. La même décision pourrait s'appliquer aux autres.
Cette annulation, décidée par une juge des libertés et de la détention (JLD), s'explique notamment par le délai d'attente de onze heures entre le moment où l'avion a été immobilisé et celui où un JLD a été saisi. Ce délai constitue "une atteinte disproportionnée aux droits de la personne", selon l'ordonnance.
"Il est fort probable que les autres dossiers suivent le même chemin", a affirmé le bâtonnier de Châlons-en-Champagne, François Procureur, lors d'un point-presse après cette décision. Ces JLD ont été mobilisés pour une opération d'envergure, à la veille de Noël, au sein d'un bâtiment adjacent à l'aérogare, afin de se prononcer sur le maintien en zone d'attente de ces passagers.
Dimanche 24 décembre, François Procureur s'est ému de "problèmes d'exiguïté et de mauvaises conditions de vie" dans cette zone d'attente créée par arrêté préfectoral jeudi soir.
Les 303 passagers indiens du vol opéré par la compagnie roumaine Legend Airlines entre Dubaï (Emirats arabes unis) et Managua, capitale du Nicaragua, sont confinés depuis jeudi après-midi. Leur Airbus A340 est immobilisé à Vatry, à 150 km de Paris, après un arrêt pour faire le plein.
Ce qui ne devait être qu'une escale technique s'est transformé en longue immobilisation après un "signalement anonyme" selon lequel des passagers étaient "susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains" en bande organisée, a justifié le parquet de Paris, vendredi 22 décembre.
Selon une source proche du dossier, ces Indiens sont probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis. Ils pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada. Parmi eux figurent onze mineurs non accompagnés, selon le parquet de Paris.
L'enquête, menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), vise à "vérifier si des éléments viendraient corroborer" les soupçons de traite d'êtres humains, selon le parquet.
Deux gardes à vue débutées vendredi ont "été prolongées samedi soir, pour une durée maximale de 48 heures", a précisé le parquet de Paris, "afin de vérifier" si le rôle de ces deux personnes "a pu être différent de celui des autres". Dix demandes d'asile ont par ailleurs été déposées, samedi 23 décembre, selon une source proche du dossier.
La préfecture de la Marne précise que des lits individuels, des toilettes et des douches ont été installés, ainsi qu'une "zone ‘famille’ pour assurer l'intimité parent-enfant". Les trente membres d'équipage concernés soit par la liaison Dubaï-Vatry, soit par le trajet Vatry-Managua, ont été "autorisés à repartir librement", selon Liliana Bakayoko, qui se présente comme l'avocate de la compagnie aérienne.
D'après le site spécialisé Flightradar, Legend Airlines est une petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions.