Fil d'Ariane
Les autorités appellent au calme ce mercredi 28 juin après une nuit de violences urbaines en région parisienne, notamment à Nanterre. C'est ici que Nahel, 17 ans, a été tué par la police après un refus d'obtempérer. Ce drame suscite une forte émotion à travers le pays, du chef de l'État jusqu'à la star du football Kylian Mbappé. Réactions.
Des fleurs accrochées à un poteau où le jeune Nahel a été tué par un policier à Nanterre, en région parisienne.
Les faits se sont produits mardi 27 juin dans la matinée, près de la station de RER Nanterre-Préfecture. Une premières version de sources policières affirmait qu'un véhicule avait foncé sur deux motards de police. Mais une vidéo circulant sur les réseaux sociaux dévoile un autre scénario. Authentifiée par l'AFP, cette vidéo montre que l'un des deux policiers tenait le conducteur en joue. Il a ensuite tiré à bout portant lorsque la voiture a redémarré. On y entend également : "Tu vas te prendre une balle dans la tête", sans que l'on puisse attribuer cette phrase à quelqu'un en particulier.
Nahel M. est décédé peu de temps après avoir été atteint au thorax.
Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre de l'enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre. Sa garde à vue a été prolongée, a-t-on appris ce mercredi de source proche du dossier.
Dans une vidéo postée sur TikTok, la mère de l'adolescent a appelé à une marche blanche jeudi à 14h devant la préfecture des Hauts-de-Seine, tout près des lieux du tir mortel, en exprimant sa "révolte pour (son) fils".
"Rien, rien ne justifie la mort d'un jeune", a affirmé Emmanuel Macron au troisième jour de sa visite à Marseille, évoquant "l'émotion de la Nation toute entière", quand le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a lancé un "appel au calme".
La Première ministre Elisabeth Borne a estimé dans un tweet qu'il y avait une "exigence absolue de vérité" dans ce drame. Gérald Darmanin a appelé "au calme et à la vérité de l'enquête judiciaire".
Le ministre de l'Intérieur a annoncé une réunion de sécurité à Beauvau en début d'après-midi, où doit être validée la mobilisation de 2.000 policiers et gendarmes à Paris et dans sa petite couronne. La nuit dernière, 1.200 policiers et gendarmes ont été mobilisés.
À Nanterre, où les heurts ont été les plus violents, "plusieurs bâtiments publics et privés, parmi lesquels des écoles, ont subi d'importantes et inacceptables dégradations parfois irrémédiables", a déploré la mairie, appelant à arrêter "cette spirale destructrice".
"Notre ville se réveille choquée, abîmée, balafrée et inquiète par ce déferlement de violences", a déclaré le maire de la ville Patrick Jarry (DVG), très ému, ajoutant "nous voulons la justice et nous l'aurons".
Cette affaire a relancé la controverse sur l'action des forces de l'ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers.
Elle a ému jusqu'au footballeur vedette du PSG et capitaine des Bleus, Kylian Mbappé. "J'ai mal à ma France. Une situation inacceptable", a notamment écrit le joueur sur son compte Twitter.
Un autre international français, le défenseur du FC Barcelone Jules Koundé, a lui déploré une situation "dramatique".
"Qu'une justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant", a aussi tweeté l'acteur Omar Sy.
La Défenseure des droits, Claire Hédon, a annoncé s'être saisie d'office de cette affaire
Le drame a également provoqué de nombreuses réactions sur la scène politique.
"La peine de mort n'existe plus en France. Aucun policier n'a le droit de tuer sauf légitime défense", a tweeté mardi 27 juin le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. La cheffe d'EELV Marine Tondelier a elle déploré "une américanisation de la police" sur Sud radio.
Les représentants du RN Jordan Bardella et Sébastien Chenu ont invoqué "un drame", une "tragédie" et demandé à respecter "le temps de l'enquête", ainsi que "la présomption d'innocence". Marine Le Pen Marine a quant à elle estimé, ce mercredi 28 juin, qu'Emmanuel Macron avait eu des propos "très excessifs" et "irresponsables". Le jour du drame, le président de la République avait jugé "inexplicable" et "inexcusable" la mort de l'adolescent.