Fil d'Ariane
"Mon gouvernement a approuvé à l'unanimité un projet de loi sur la maternité sans risque qui comprendra une série de dispositions essentielles pour garantir la santé et la dignité de toutes les filles et femmes en âge de procréer dans ce pays", a annoncé le président Julius Maada Bio lors de son discours de clôture de la 10ème Conférence africaine sur la santé et les droits sexuels à Freetown.
Yesterday we took a giant step towards decriminalised abortion in Sierra Leone - along with a package of provisions for progressive reproductive health services - read a longer comment from us here. https://t.co/UqczLGwx08
— #ACSHR2022 (@Purposeful_org) July 2, 2022
La loi doit encore être discutée et votée au Parlement, selon la présidence.
"À une époque où les droits des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive dans le monde sont soit renversés soit menacés, nous sommes fiers que la Sierra Leone puisse à nouveau mener une réforme progressiste", a-t-il déclaré sous un tonnerre d'applaudissements du public.
Fin juin, la Cour suprême des États-Unis a révoqué le caractère constitutionnel du droit à l'avortement, ouvrant la possibilité aux États américains de le rendre illégal sur leur territoire.
(RE)lire : Droit à l'avortement aux États-Unis : le début d'une longue bataille judiciaire entre États conservateurs et progressistes
La loi actuelle sur l'avortement en Sierra Leone date de 1861, un siècle avant l'indépendance du pays. Elle interdit l'avortement, sauf si la vie de la femme est en danger.
Pourtant, les autorités sanitaires estiment que les avortements à risque causent environ 10 % des décès maternels du pays. Le Fonds des Nations unies pour les populations a dénombré 1.120 décès maternels pour 100.000 naissances en 2017, l'un des taux les plus élevés au monde.
La pratique de l'excision concerne aussi près de 90% des femmes dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest meurtri par une guerre civile qui a duré onze ans (1991-2002) et durant laquelle des milliers de femmes ont été soumises à des viols et violences sexuelles.
"Cette avancée monumentale est une victoire pour nos communautés et la coalition d'organisations et de mouvements de défense des droits des femmes en Sierra Leone qui ont plaidé en faveur d'un changement juridique, politique et social pour dépénaliser l'avortement", se sont réjouis dans un communiqué les principaux organisateurs de la conférence.
"À l'adolescence, j'ai failli saigner à mort après un avortement clandestin. Que cette génération soit la dernière à vivre ces horreurs", a aussi réagi la militante féministe , fondatrice de l'ONG Women of Wonders SL, Josephine Kamara.
“As a teenager I nearly bled to death after a backstreet abortion. Let this generation be the last to experience the horrors of what happens when women’s most basic reproductive health needs are pushed underground”
— #ACSHR2022 (@Purposeful_org) July 2, 2022
- Josephine Kamara, Purposeful
Mais tout n'est pas joué comme le faisait remarquer un autre activiste, la directrice du African Women's Development Fund, Françoise Moudouthe "C'est un progrès mais pas tout à fait un succès. Le gouvernement et le président ont donné leur feu vert pour décriminaliser l'avortement, mais le Parlement doit voter le loi. Il y a donc de la marge avant de dire qu'il n'y a plus de limites."
This is progress, not yet full success: Sierra Leone has Cabinet and Presidential assent for decriminalizing abortion but Parliament still has to pass the bill - so, still room to advocate for no limitations. Right, @Purposeful_org? Still a win but I don't want to mislead anyone! https://t.co/qYniW1vOIf
— F_Moudouthe (@F_Moudouthe) July 2, 2022
En 2015, le Parlement de la Sierra Leone avait adopté la loi sur l'avortement sécurisé, mais le président de l'époque, Ernest Bai Koroma, avait refusé de la promulguer en raison des pressions de certains groupes religieux.