Fil d'Ariane
Léon XIV a donné le ton de son pontificat dimanche au Vatican en dénonçant une économie exploitant la nature et marginalisant les pauvres. C'est devant des dizaines de milliers de personnes et un parterre de dirigeants étrangers que s'est déroulée la messe inaugurale.
Le pape Léon XIV, à bord de sa papamobile, parcourt la place Saint-Pierre au Vatican avant la messe inaugurale de son pontificat, dimanche 18 mai 2025.
Dix jours après son élection, le nouveau guide spirituel des 1,4 milliard de catholiques a insisté sur la paix et l'unité ce dimanche 18 mai. Cette première messe solennelle a été célébrée en plusieurs langues et sous haute sécurité sur la place Saint-Pierre, en présence de quelque 200.000 personnes, selon les autorités italiennes.
"À notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l'autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres", a déploré le premier pape américain, qui a lui-même vécu deux décennies dans une région déshéritée du Pérou.
Il a confirmé ainsi l'orientation sociale qu'il entend donner à son action, après le choix de son nom de règne en hommage à Léon XIII (1878-1903). Ce dernier, est considéré comme le père de la doctrine sociale de l'Église en dénonçant l'exploitation des ouvriers à la fin du XIXe siècle.
Le pape Léon XIV reçoit le pallium, symbole de la papauté, des mains du cardinal Mario Zenari. Place de Saint-Pierre, au Vatican, le dimanche 18 mai 2025.
Lors de la messe riche en rites et symboles place Saint-Pierre, Robert Francis Prevost, élu le 8 mai, est apparu ému en recevant les emblèmes pontificaux : le pallium, bande d'étoffe qui se porte sur la chasuble, et l'anneau du pêcheur, une bague rendue inutilisable après la mort de chaque pape. Il a exprimé sa "gratitude" et a insisté sur "l'unité" de l'Église, appelant à "la charité" plutôt que "d'emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir".
C'est la bonne personne au bon moment et il fera certainement ce qu'il a promis, il abattra des murs et construira des ponts.
Maria Grazia La Barbera, fidèle Sicilienne présente à la messe.
Avant la cérémonie, le pape de 69 ans est allé pour la première fois en papamobile au contact des fidèles. Debout et souriant, il a salué et béni la foule qui l'a applaudi, certains criant son nom, d'autres agitant des drapeaux de leur pays d'origine ou le filmant avec leur smartphone.
"C'est la bonne personne au bon moment et il fera certainement ce qu'il a promis, il abattra des murs et construira des ponts", a confié à l'AFP Maria Grazia La Barbera, 56 ans, une Sicilienne venant de Palerme. Elle s'est aussi dite convaincue que Léon XIV continuera "les batailles ouvertes par le pape François".
(Re)voir Léon XIV "dans la continuité de François"
Le vice-président américain JD Vance - dernier dirigeant à rencontrer le pape François, le 20 avril à la veille de sa mort - était présent à la messe aux côtés du secrétaire d'Etat Marco Rubio. Ces deux responsables sont par ailleurs de fervents catholiques. JD Vance a échangé dimanche une brève poignée de mains avec le nouveau pape, mais n'a pas été reçu en audience privée. Il pourrait toutefois le voir lundi avant son retour aux États-Unis.
Je crois qu'il va y avoir davantage d'yeux fixés sur lui, peut-être des critiques, à cause de son origine.
Sophia Tripp, jeune étudiante Américaine
L'élection de Léon XIV, natif de Chicago, a suscité un vif enthousiasme aux États-Unis, même s'il s'était opposé à la politique antimigratoire de l'administration Trump, notamment sur son compte X, supprimé depuis.
Sophia Tripp, une Américaine de 20 ans étudiant justement à Chicago, s'attend à ce qu'il y ait "davantage de poids (sur ses épaules) parce qu'il est américain". "Je crois qu'il va y avoir davantage d'yeux fixés sur lui, peut-être des critiques, à cause de son origine", estime-t-elle.
Le pape Léon XIV, à bord de sa papamobile, parcourt la place Saint-Pierre au Vatican.
Le pape a aussi appelé à "construire un monde nouveau où règne la paix", un message à la résonance particulière alors qu'étaient présents les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky, qu'il doit recevoir en audience privée dimanche, et israélien Isaac Herzog, dont les pays sont déchirés par la guerre.
A l'issue de la messe, il a d'ailleurs évoqué l'Ukraine "martyrisée" dans l'attente de "négociations pour une paix juste et durable" et Gaza, où "les enfants, les familles, les personnes âgées qui survivent souffrent de la faim".
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Parmi les autres dignitaires place Saint-Pierre figuraient le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre français François Bayrou, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Des représentants d'autres religions étaient également présents, notamment juifs et musulmans.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et la reine Letizia d'Espagne arrivent pour l'inauguration officielle du pontificat du pape Léon XIV.
Les têtes couronnées ne manquaient pas à l'appel, avec les souverains belges Philippe et Mathilde, espagnols Felipe VI et Letizia, mais aussi monégasques, Albert II et Charlène.
Au cours de sa première semaine en tant que pape, Léon XIV avait déjà profité de ses audiences pour lancer ses premiers appels, de la libération des journalistes emprisonnés à la proposition de médiation aux belligérants du monde entier.
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Devant le corps diplomatique vendredi, il avait appelé à lutter contre les "inégalités mondiales" et les "conditions de travail indignes" tout en défendant une vision de la "famille fondée sur l'union stable entre un homme et une femme".