Meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard : rassemblement anti-islamophobie à Paris

Quarante-huit heures après le meurtre d'Aboubakar, un fidèle musulman tué de plusieurs dizaines de coups de couteau ce vendredi 25 avril 2025 au matin. Son assassin, un homme d'une vingtaine d'années "potentiellement extrêmement dangereux", était toujours en fuite dimanche.

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Gard

Quarante-huit heures après le meurtre d'Aboubakar, un fidèle musulman tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi matin, dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, son assassin, un homme d'une vingtaine d'années "potentiellement extrêmement dangereux", était toujours en fuite dimanche.

Capture d'écran AFPTV
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Dans l'attente de l'interpellation du meurtrier, une marche blanche en souvenir de la victime, un jeune Malien d'une vingtaine d'années, est organisée dimanche après-midi à partir de 14h30, entre la mosquée Khadidja où s'est déroulé le drame et la mairie de cette petite commune de moins de 5 000 habitants au nord d'Alès.

Plus tard dans la journée, à Paris cette fois, à partir de 18h, un rassemblement organisé Place de la République, "contre l'islamophobie", donnera lieu à une minute de silence en mémoire de la victime de La Grand-Combe.  

L'appel a ce rassemblement a notamment été relayé par plusieurs figures de LFI comme Manuel Bompard, Éric Coquerel ou Rima Hassan, ainsi que la numéro une des Verts, Marine Tondelier. 

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Réactions politiques

Si "toutes les pistes" restent encore envisagées pour les enquêteurs dans ce dossier, dont celle d'un crime "raciste et islamophobe", comme a insisté samedi le procureur d'Alès, Abdelkrim Grini, auprès de l'AFP, cette thèse a largement été adoptée par la classe politique et notamment par le Premier ministre François Bayrou, qui a dénoncé samedi sur le réseau social X "une ignominie islamophobe".

"L'islamophobie tue. Tous ceux qui y contribuent sont coupables", a martelé de son côté Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise.

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De son côté, la Grande Mosquée de Paris a même évoqué une possible dimension "terroriste" à ce meurtre, dans une réaction sur les réseaux sociaux dans la nuit de samedi à dimanche.

"Il fait peu de doute que son auteur a été motivé par la haine des musulmans", assure ainsi la Mosquée de Paris, en demandant "désormais aux autorités compétentes de communiquer au public si la piste #terroriste est privilégiée". "Nous devons considérer la dimension et la gravité d’un tel acte, et agir pour la sécurité de tous", insiste le communiqué.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau se rend ce dimanche après-midi dans le Gard pour y rencontrer la communauté musulmane, a-t-on appris auprès de son entourage.

"Je l'ai fait !" 

Ouverte pour homicide vendredi 25 avril, l'enquête sur ce drame a en tous cas basculé depuis samedi 26 avril pour assassinat, soit meurtre avec préméditation, a précisé à l'AFP le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini.

Dans le cadre de ce dossier, suivi par le groupement de gendarmerie du Gard, la section de recherches de Nîmes et la police judiciaire, des perquisitions ont été menées samedi dans le Gard et dans le département voisin de l'Hérault, selon une source proche du dossier. 

Les éléments officiellement communiqués sur le meurtrier sont pour l'instant peu nombreux : prénommé "Olivier", né à Lyon en 2004, cet homme de nationalité française, issu d'une famille bosnienne, a une partie de sa famille dans le Gard. Sans aucun antécédent judiciaire, il serait sans emploi.

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Une certitude en tous cas pour Abdelkrim Grini : il est "potentiellement extrêmement dangereux" et il est "primordial" de l'interpeller avant qu'il fasse de nouvelles victimes. Dans "les propos décousus" que le jeune homme tient dans la vidéo, qu'il a lui-même filmée vendredi 25 avril juste après son meurtre, face à sa victime agonisante, il semble en effet "manifester son intention de recommencer", avait précisé samedi soir le magistrat à l'AFP.

Dans la même vidéo, le meurtrier était entendu se féliciter de son acte, en train d'insulter la religion de sa victime : "Je l'ai fait, (...) ton Allah de merde", répète-t-il à deux reprises.

Au moment de son agression, Aboubakar, un jeune homme venu du Mali et installé à La Grand-Combe depuis quelques années, était comme chaque semaine venu tôt à la mosquée pour faire le ménage, avant la prière du vendredi. 

Selon les images des caméras de télésurveillance de la mosquée, décrites à l'AFP par le procureur d'Alès, le jeune homme aurait engagé une discussion avec son futur agresseur, qu'il ne connaissait a priori absolument pas. Et c'est alors qu'il semblait lui montrer les gestes requis pour prier, sur le tapis de la salle de prière, que son meurtrier aurait "brusquement" sorti un couteau et aurait commencé à le frapper, lui assénant entre 40 et 50 coups, avec "une très grande froideur" et une "grande maîtrise de lui"