Fil d'Ariane
De nouvelles scènes de violence ont secoué plusieurs villes de France mais d’une "intensité bien moindre" que les précédentes, selon Beauvau. Dans un message relayé par Kylian Mbappé, les Bleus exhortent les jeunes émeutiers au calme.
Les pompiers utilisent un tuyau d'eau sur un bus incendié à Nanterre, près de Paris, France, le samedi 1er juillet 2023.
Un total de 1 311 personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi en France lors de violences d'une "intensité moindre", quatre jours après la mort d'un adolescent, tué mardi par un policier, a indiqué samedi matin le ministère de l'Intérieur.
Selon le ministère, 752 personnes ont été interpellées en zone police, 406 à Paris et en proche banlieue et 153 en zone gendarmerie.
Un très important dispositif, pas moins de 45 000 policiers, a permis de contenir les violences pour cette quatrième nuit d'émeutes, mais le bilan reste très lourd. Il y a eu "79 policiers et gendarmes blessés", a ajouté le ministère, dans un bilan encore provisoire. Quelque 1 350 véhicules ont été incendiés, 234 bâtiments ont été incendiés ou dégradés et 2 560 incendies ont été comptabilisés sur la voie publique.
Marseille, deuxième ville de France dans le sud, a connu une nuit agitée, incitant le ministre de l'Intérieur Gérard Darmanin à y envoyer des renforts. La police avait déjà rapporté 88 interpellations vers 02H00 depuis le début de soirée, des groupes de jeunes souvent masqués et "très mobiles".
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A Lyon ou Grenoble , des affrontements ont opposé jusque tard dans la nuit des bandes de jeunes souvent encagoulés, se déplaçant en courant ou à trottinette et tirant des dizaines de mortiers vers les policiers qui répliquaient par des grenades lacrymogènes.
La région parisienne n'a pas été épargnée, trois villes proches de la capitale ayant par ailleurs décidé d'instaurer un couvre-feu, comme d'autres villes en province.
Des blindés légers de la gendarmerie ont aussi été envoyés pour tenter de faire baisser les tensions par rapport à la nuit précédente, lors de laquelle 492 bâtiments ont été visés, 2 000 véhicules brûlés et des dizaines de magasins pillés.
Le gouvernement avait décidé d'annuler tous les "événements de grande ampleur" tels que les concerts de Mylène Farmer vendredi et samedi au stade de France, et demandé la mise à l'arrêt des bus et tramways dans tout le pays après 21H00.
Emmanuel Macron a appelé vendredi à la responsabilité des familles, soulignant qu'"un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes".
M. Macron a accusé les réseaux sociaux d'attiser la violence et dit attendre un même "esprit de responsabilité" de ces plateformes, citant notamment Snapchat et TikTok, où s'organisent "des rassemblements violents" et qui suscitent aussi "une forme de mimétisme de la violence", selon lui.
La mort de Nahel M., dont la famille est originaire d'Algérie, a ravivé le sujet des violences policières en France, où 13 personnes sont mortes à l'issue d'un contrôle de police l'an dernier.
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Lors du point de presse régulier de l'ONU à Genève vendredi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a pressé la France "de s'attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l'ordre". Une accusation jugée "totalement infondée" par le ministère français des Affaires étrangères qui a immédiatement réagi.
Les violences inquiètent aussi les voisins de la France. La Grande-Bretagne et d'autres pays européens, ainsi que les Etats-Unis, ont mis en garde leurs ressortissants en les pressant d'éviter les zones d'émeutes.
La question de l'état d'urgence est posée dans le pays par une partie du monde politique et scrutée à l'étranger, d'autant plus que la France accueille à l'automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l'été 2024.
L'état d'urgence, qui permet aux autorités administratives de prendre des mesures d'exception comme une interdiction de circuler, avait été décrété en novembre 2005 après dix jours d'émeutes dans les banlieues françaises déclenchées par la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur électrique où ils s'étaient cachés pour échapper à la police.
Cette fois, Nahel M. a été atteint d'une balle au thorax par le tir à bout portant d'un des deux policiers qui tentaient d'immobiliser son véhicule, après un refus d'obtempérer.
Ce dernier, un motard de 38 ans, a été inculpé jeudi pour homicide volontaire et placé en détention. Une vidéo le montre appuyé sur le côté de la voiture, tenant en joue le conducteur avant de tirer à bout portant quand le véhicule redémarre brusquement.
Conscients que leur parole est susceptible d’avoir un écho dans les banlieues françaises où le football est omniprésent, les joueurs de l’équipe de France ont lancé, vendredi 30 juin, un appel pour la fin des émeutes qui secouent le pays depuis la mort, mardi, du jeune Nahel M., tué par un policier lors d’un contrôle routier.
Les joueurs, se disant "marqués et choqués par la mort brutale du jeune Nahel", lancent un "appel à l’apaisement, à la prise de conscience et à la responsabilisation", assurant que la violence doit laisser place à "d’autres manières pacifiques et constructives de s’exprimer".
A Nanterre, ville de la région parisienne où Nahel M. a été tué par un policier mardi lors d'un contrôle routier, les habitants se préparent aux obsèques de ce jeune de 17 ans, dont la mort a déclenché violences et vandalisme à travers tout le pays.
"La journée du samedi 1er juillet sera pour la famille de Nahel, une journée de recueillement", ont écrit les avocats de la famille, appelant les médias à ne pas assister à la cérémonie afin "d'accorder aux familles endeuillées l'intimité et le respect dont elles ont besoin".
Selon un faire-part relayé sur les réseaux sociaux, les obsèques du jeune homme tué par le tir d'un policier auront lieu samedi à Nanterre et se concluront par une inhumation en début d'après-midi.
"Il faut continuer d'entourer cette famille, cette maman qui va enterrer son enfant ", a déclaré Patrick Jarry, le maire de Nanterre, dont le jeune homme était originaire. Dans un communiqué, les avocats de la famille de Nahel ont invité les journalistes à ne pas être présents aux funérailles afin d'éviter toute "ingérence médiatique".
Avant même ces obsèques, le ministre de l'Intérieur avait annoncé "davantage d'unités spécialisées" telles que le RAID et le GIGN, troupes d'élite de la police et la gendarmerie.