Procès du 13 novembre : Salah Abdeslam affirme avoir renoncé à utiliser sa ceinture explosive

Le premier interrogatoire de Salah Abdeslam a débuté ce mercredi 9 février au cours du procès des attentats du 13 novembre 2015. Le principal accusé a affirmé qu'il n'avait tué personne et qu'il avait renoncé à utiliser sa ceinture explosive, tout en rappelant son soutien au groupe djihadiste État Islamique. 
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Procès 13 novembre Salah Abdeslam
Salah Abdeslam est le principal accusé du procès des attentats du 13 novembre 2015, ouvert en septembre 2021. 
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"Je n'ai tué personne, je n'ai blessé personne", a déclaré mercredi 9 février Salah Abdeslam, le principal accusé des attentats djihadistes du 13 novembre 2015. C'est le premier jour de son interrogatoire sur le fond du dossier, cinq mois après l'ouverture du procès.

Il  a affirmé pour la première fois avoir fait "marche arrière" et renoncé à "enclencher" sa ceinture d'explosifs. Quand on est en prison et à l'isolement, "on se dit 'j'aurais dû l'enclencher ce truc. Est-ce que j'ai bien fait de faire marche arrière ou j'aurais dû aller jusqu'au bout ?'", a-t-il poursuivi.

"Moi, l'État islamique, je les soutiens"

"Depuis le début de cette affaire, on n'a cessé de me calomnier", a estimé le seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. "Même une égratignure, je ne l'ai pas faite", a-t-il affirmé. 

Dès le début de son interrogatoire, Salah Abdeslam s'est dit "pour (le groupe) État islamique". "Je vois comment Bachar El-Assad, traite son peuple, tue des enfants, des innocents. Moi, l'État islamique, je les soutiens, je les aime", a-t-il déclaré.

Salah Abdeslam a également tancé les peines "extrêmement sévères" prononcées dans les affaires de terrorisme. " À l'avenir, quand un individu montera dans un métro ou un bus avec un valise remplie de 50 kilogrammes d'explosifs et qu'au dernier moment il va se dire : 'Je vais faire marche arrière', il saura qu'il n'a pas le droit, sinon on va l'enfermer ou le tuer", a-t-il ajouté. "Les personnes qui n'ont tué personne, on ne peut pas les condamner comme si on avait les têtes de l'Etat islamique, ce n'est pas possible", estime l'accusé.


Sa mission exacte le soir des attentats reste une énigme. Il avait notamment abandonné sa ceinture explosive, sans qu'on sache jusque là si elle était défectueuse ou s'il avait finalement renoncé à la déclencher. "Si on me libère demain, je ne vais pas aller attaquer quoi que ce soit", ose Salah Abdeslam. Reconnaissant une "part de responsabilité dans cette affaire", il déplore toutefois sa "diabolisation" en France et qu'on veuille lui "mettre tout sur le dos".

(Re)voir : Attentats du 13-Novembre : les proches des terroristes vont être entendus
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Interrogatoire prévu sur son passé

Son interrogatoire, dans une salle d'audience bondée, est prévu pour durer deux jours, portant sur la période antérieure à septembre 2015.

La mère, la sœur et l'ex-petite amie de Salah Abdeslam qui devaient témoigner mercredi 9 février "ne viendront pas", a indiqué le président de la cour d'assises spéciale de Paris, Jean-Louis Périès.

La cour va s'intéresser au basculement dans la radicalité du Français de 32 ans, lui qui avait une réputation de "fêtard", adepte des casinos et des boîtes de nuit.

Salah Abdeslam doit aussi être interrogé sur le séjour en Syrie de son frère Brahim - futur tueur des terrasses parisiennes - début 2015, et sur son ami Abdelhamid Abaaoud, qui deviendra le coordinateur des attentats parisiens. Un "chouette gars" avec lequel il avait perdu contact, avait-il assuré aux policiers belges en février 2015. 

La cour doit enfin tenter de faire la lumière sur un mystérieux voyage qu'il a lui-même fait en Grèce l'été suivant, avec l'un de ses co-accusés. 

Aucun regrets selon les expertises psychiatriques

Depuis mi-janvier et le début des interrogatoires des 14 accusés présents devant la cour, deux d'entre eux ont exercé leur droit au silence. 

Le Suédois Osama Krayem d'abord, pour qui "ce procès est une illusion" et qui refuse d'assister aux audiences, puis le Belgo-marocain Mohamed Bakkali. "Ma parole est toujours suspecte, elle n'a pas de valeur", a-t-il expliqué à la cour.

Salah Abdeslam avait gardé le silence pendant l'enquête, de manière quasi constante. Il avait parlé une fois pour dédouaner un coaccusé, une autre pour se lancer dans une tirade religieuse.

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Mais depuis le début du procès, il a largement fait connaître sa position : le premier jour, en se présentant comme un "soldat" de l'Etat islamique, puis plus tard, en déclarant que "le 13 Novembre était inévitable", à cause des interventions françaises en Syrie. Avant d'en appeler au "dialogue" pour éviter d'autres attaques, sous le regard atterré des parties civiles.

Début novembre, pendant son interrogatoire dit de personnalité, il a accepté de répondre à la plupart de questions, décrivant sa vie "simple" d'avant sans s'épancher.

Une expertise psychiatrique a estimé qu'il convenait "d'éliminer formellement toute maladie mentale" chez Salah Abdeslam. S'il "n'a exprimé aucun regret" et récite "comme un perroquet" les mêmes arguments que tous les "sujets radicalisés", sa "personnalité antérieure ne semble pas avoir été totalement enfouie", ont jugé les experts.

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Virulent au début, Salah Abdeslam a ensuite "joué le jeu" du procès, s'accordent à dire les parties civiles. Avec pour exception une absence du box pendant plusieurs semaines - avec certains de ses coaccusés - pour protester contre l'absence physique à la barre des enquêteurs belges.