Fil d'Ariane
Le casse-tête du remaniement touche à sa fin : l’Élysée annonce la nouvelle équipe gouvernementale, avec une surprise, la nomination d'Aurélien Rousseau, l'ex-directeur de cabinet d’Élisabeth Borne, à la Santé, et Gabriel Attal à l’Éducation.
La première ministre Élisabeth Borne écoute Emmanuel Macron. Palais de l'Élysée le 19 juillet 2023.
Le casting s'est précisé avant même l'annonce formelle, qui sera suivie le 21 juillet au matin par un Conseil des ministres.
Un peu plus qu'un simple ajustement, mais un modeste remaniement : huit portefeuilles ministériels ont changé de titulaire, ce 20 juillet, avec un gouvernement qui conserve son architecture globale.
Le changement à la tête des deux ministères-clés, santé et éducation, sur des dossiers prioritaires du second quinquennat d'Emmanuel Macron, semblent indiquer que la Première ministre a réussi en partie son pari.
Ministres et conseillers décrivaient depuis le début de la semaine une bataille feutrée entre la cheffe du gouvernement, qui espérait renouveler au moins ces deux postes pour asseoir son autorité, et le président de la République qui, lui, ne voulait qu'un remaniement marginal pour conserver la cartouche d'un grand chambardement pour des temps plus difficiles.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, au Palais de l'Elysée à Paris, le 26 août 2020.
Ce 20 juillet, le ministre sortant de la Santé, François Braun, semblait encore en passe de réussir à sauver son poste, et s'était présenté, non sans panache, sur le plateau de BFMTV, "plus que jamais" à "la tâche".
Finalement, il va être remplacé par Aurélien Rousseau, 47 ans, un proche d'Élisabeth Borne qui, avant de passer un an à Matignon, dirigeait l'Agence régionale de Santé d'Ile-de-France.
Cette nomination marque une double victoire pour la Première ministre : celle d'imposer un proche à cette fonction stratégique, la Santé étant fléchée comme l'un des sujets prioritaires du quinquennat, mais aussi d'avoir su convaincre le président de la République de se séparer de l'ancien titulaire du poste, l'urgentiste François Braun.
À l'Education nationale, c'est le départ d'un autre ministre de la société civile, nommé en 2022 sur volonté d'Emmanuel Macron : Pap Ndiaye va céder sa place au ministre délégué sortant du Budget, Gabriel Attal, 34 ans, étoile montante de la Macronie.
L'historien, souvent critiqué par ses collègues pour sa difficulté à imprimer sa marque sur des dossiers importants, avait reçu le soutien du chef de l'État la semaine dernière après avoir été accablé par la droite et l'extrême droite pour sa charge contre CNews
Le ministre de l'Education Pap Ndiaye dans une école à Jarnac, le 28 février, 2023.
"Première leçon pour la rentrée: on ne critique pas impunément Vincent Bolloré", propriétaire de la chaîne info, a déploré le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
Le député Renaissance Thomas Cazenave va succéder à Gabriel Attal aux Comptes publics.
Aurore Bergé,la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, prend la place de Jean-Christophe Combe, au ministère de la Solidarité.
Aurore Bergé lors de l'ouverture du Salon de l'Agriculture à Paris, en février 2023
Le député La France insoumise Hadrien Clouet a immédiatement critiqué le choix d'une figure qui "s'est notamment distinguée en votant contre l'allongement du congé pour enfant décédé". "On sent tout de suite la fibre sociale et humaniste. La rentrée sera chaude", a-t-il lancé sur Twitter.
Olivier Klein quitte aussi le gouvernement, et son ministère sera scindé en deux : le maire divers gauche de Dunkerque, Patrice Vergriete, au Logement et la députée Renaissance de Marseille, Sabrina Agresti-Roubache, proche du couple Macron, à la Ville, dossier d'autant plus sensible après les émeutes urbaines.
Patrice Vergriete lors d'une réunion à l'Élysée pour discuter des moyens pour réduire les émissions carbone, en novembre 2022.
Autre député qui va faire son entrée, le MoDem Philippe Vigier va être nommé aux Outre-mer à la place de Jean-François Carenco. Son arrivée permet de maintenir les équilibres politiques avec le départ prévu de la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq, également membre du parti centriste de François Bayrou. Cette dernière est remplacée par la députée Fadila Khattabi.
Prisca Thevenot, jusqu'alors porte-parole des députés Renaissance, récupère le secrétariat d'État en charge du Service national universel.
Sarah El Haïry récupère ainsi le portefeuille de la Biodiversité qui appartenait jusqu'alors à Bérangère Couillard. Cette dernière reprend l'Égalité femmes-hommes, à la place d'Isabelle Rome, débarquée du gouvernement.
Sarah El Haïry nouvelle secrétaire d'État à la Biodiversité - Septembre 2022, à Guérande.
La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, quitte elle aussi l'exécutif après avoir été épinglée pour sa gestion du Fonds Marianne.
Eric Dupond-Moretti à la Justice, Bruno Le Maire à l'Économie, Gérald Darmanin à l'Intérieur, Olivier Dussopt au Travail... Les poids-lourds du gouvernement restent en place et en poste, de même que Christophe Béchu à la Transition écologique, Sébastien Lecornu aux Armées, Catherine Colonna aux Affaires étrangères, Rima Abdul-Malak à la Culture, Marc Fesneau à l'Agriculture ou Clément Beaune aux Transports.
Plusieurs personnalités un temps annoncées partantes ont finalement survécu à ce remaniement qu'Emmanuel Macron voulait circonscrit, quand sa Première ministre plaidait pour un souffle régénérateur davantage marqué.
Olivier Véran reste porte-parole du gouvernement.
Ainsi, Olivier Véran s'occupe toujours du porte-parolat, Franck Riester conserve les Relations avec le Parlement et Agnès Firmin Le Bodo demeure chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé. De même, Sonia Backès reste à la Citoyenneté.