Les paysans suisses ont exprimé, samedi 3 février, leurs revendications dans les rues de Genève avec un cortège de tracteurs pour la première fois depuis le début de la mobilisation des agriculteurs en Europe.
Photo d'archive. Des vaches paissent dans la région suisse d'Emmental, 23 août 2011.
Un cortège d'une trentaine de tracteurs a défilé samedi dans les rues de Genève pour exprimer la "révolte" et les revendications des paysans suisses, premier rassemblement du genre en Suisse depuis le début de la mobilisation des agriculteurs en Europe.
"En tant que jeune, cela nous fait très peur de ne pas franchement savoir s'il y a un avenir dans notre métier. C'est assez désolant de voir la génération d'avant nous qui a déjà de la peine à générer des profits et moderniser les équipements pour faire ce que la politique nous demande de faire: produire de manière plus verte et qualitative", a expliqué à l'AFP Antonin Ramu, 19 ans, apprenti viticulteur.
Saluant le passage à l'agriculture verte, ce jeune manifestant demande "plus d'aides". "Et surtout, on ne peut pas être en compétition avec des produits qui ne suivent pas ces mêmes règles et cette visée", a-t-il souligné.
Ce premier rassemblement d'agriculteurs en Suisse - qui ne fait pas partie de l'Union européenne - était organisé par l'organisation paysanne Uniterre, après qu'un autre syndicat agricole, l'Union suisse des paysans, a lancé cette semaine une pétition comportant plusieurs revendications, action jugée par certains insuffisante.
Les tracteurs, escortés par la police, se sont rassemblés sur une grande place au centre de Genève, attirant une foule d'environ 200 personnes.
"C'est le premier rassemblement paysan en Suisse suite aux manifestations et blocages qui ont lieu partout en Europe. En Suisse, beaucoup de gens disent que la situation est différente et qu'on ne subit pas les politiques" de l'UE, "mais en réalité on est quand même dans le même genre de cadre", a déclaré à l'AFP Eline Müller, secrétaire syndicale d'Uniterre.
Juché sur un tracteur, Rudi Berli, autre responsable d'Uniterre, a lancé: "L'agriculture en Europe va très mal, prise dans une tenaille entre les exigences d'une agriculture durable et une pression à la compétitivité, au toujours meilleur marché pour faire des bénéfices des grandes surfaces et de l'industrie agroalimentaire!"
"Ce tableau est aussi valable pour ce qui se passe en Suisse", a-t-il dit.
Sur les pancartes accrochées aux tracteurs, on pouvait lire "Pas de paysan, rien sous la dent", "Notre fin sera votre faim" ou encore "La grande distribution doit payer des prix équitables".
Éleveur de vaches allaitantes et de poules pondeuses, Florian Baudet, 50 ans, venu manifester, appelle à plus grande "transparence" concernant les marges des distributeurs.
"Les distributeurs ont plus de marge que le producteur", a-t-il dénoncé auprès de l'AFP. "C'est tout à fait inadmissible", a-t-il protesté.
Il appelle aussi à acheter des produits locaux, mais souligne ne pas vouloir mettre "tout sur le dos des consommateurs, parce que c'est compliqué aujourd'hui d'aller voir la provenance des produits sur les étiquetages".