"Tentative de coup d'Etat" en RDC : ce que l'on sait des six étrangers condamnés à mort

En République Démocratique du Congo, un verdict était attendu : celui de la "tentative de coup d'État" du 19 mai 2024. Sur 51 accusés, 14 ont été acquittés et les 37 autres ont encaissé une peine capitale. 

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RDC peine capitale
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Les sentences de mort s'enchaînent à Kinshasa, vendredi 13 novembre, lors du procès de la "tentative de coup d’État" que l’armée de la République démocratique du Congo (RDC) dit avoir déjouée en mai dernier. Au total, trente-sept prévenus, dont six étrangers, ont été condamnés à la peine capitale par un tribunal militaire.

Assis sur des chaises en plastique et vêtus d’une tenue bleue et jaune, les prévenus attendaient le verdict final. Après plusieurs heures, le tribunal a distribué les sentences. Les condamnés ont été reconnus coupables d’association de malfaiteurs et d’attentat, mais aussi de terrorisme, sauf pour l’un d’entre eux. Dans le lot des condamnés à mort, on retrouve trois hommes nés aux États-Unis, un Belge, un Canadien et un Britannique. Les trois derniers sont des Congolais naturalisés. 

(Re)voir Verdict de la tentative de coup d'État en RDC 

Parmi les trois jeunes Américains condamnés, on retrouve Marcel Malanga, fils de celui qui a orchestré l’assaut – Christophe Malanga. L’homme âgé de 21 ans, originaire de l’Utah aux États-Unis, affirme avoir été traîné de force par son père. Une version soutenue par sa mère, Brittney Sawyer, mais contredite par plusieurs témoignages. Selon le tribunal, il aurait convaincu les deux autres ressortissants américains condamnés d’"adhérer à la bande".

Tyler Thomson Jr – lui aussi condamné à mort – et Marcel Malanga, sont devenus amis au lycée. Les jeunes de 21 et 22 ans respectivement étaient également coéquipiers au sein d'une équipe de football de Salt Lake City, rapporte l'agence américaine Associated Press (AP). Alors que sa famille le croyait en vacances, Tyler Thomson Jr s'est retrouvé dans les bancs des accusés de l'un des procès les plus médiatiques de République Démocratique du Congo. 

Des invitations pour se rendre en RDC

Si ce jeune homme a été le seul à avoir accepté l'invitation, plusieurs membres de son équipe de football ont déclaré avoir été conviés par Marcel Malanga. Selon les témoignages recueillis par l'AP, certains se sont vus proposer des vacances en famille ou un service civique pour construire des puits en Afrique. D'autres ont été tentés par une "offre d'emploi" dans le domaine de la "sécurité" pour laquelle ils seraient payés près de 100.000 dollars. 

Le troisième condamné de nationalité américaine, Benjamin Zalman-Polun, âgé de 36 ans, avait quant à lui des relations commerciales avec Christian Malanga, rapporte le quotidien britannique The Guardian.

Condamnés de nationalité américaine (RDC)

Benjamin Reuben Zalman-Polun (gauche), Marcel Malanga et Tyler Thompson, tous citoyens américains, assistent à un verdict du tribunal du Congo, à Kinshasa, le vendredi 13 septembre 2024, pour participation à une tentative de coup d'État en mai 2024.

© AP Photo/Samy Ntumba Shambuyi

Le porte-parole du département d'État américain Matthew Miller a assuré que l'ambassade des États-Unis en RDC, qui a assisté au procès, "continuera à suivre la situation" et un éventuel appel. Sans toutefois déclarer que la détention était injustifiée, ce qui, selon l’AP, rend peu probable la négociation de leur retour. 

Un expert militaire belge dans le collimateur 

Le nom de Jean-Jacques Wondo figure dans la liste des condamnés à la peine capitale. Expert militaire et détenteur de la nationalité belge, Jean-Jacques Wondo s'est rendu en RDC en février 2024 à l’invitation du patron des renseignements (ANR), le colonel-médecin Daniel Lusadisu, précise le quotidien belge La Libre

Considéré comme "le concepteur (...) du coup d'Etat manqué", cet expert formé à l'École Royale Militaire de Bruxelles, collaborait avec l'ANR. Selon sa famille, "il ne fait aucun doute que les réformes sur lesquelles travaillait Jean-Jacques Wondo prenaient corps", écrit le journal. Un procès qui serait politique, selon sa défense, qui compte faire appel et demander au président Tshisekedi d'intervenir dans ce dossier. Son avocat, Me Carlos Ngwapitshi, déclare auprès du quotidien belge que ce genre de procès "ne se gagne pas devant le juge, car le jugement est rédigé en dehors du tribunal par des juges qui n'ont jamais instruit le dossier". 

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Les informations concernant le détenu britannique n'ont pas été dévoilées, mais les autorités assurent être en contact avec les instances locales.  

Le gouvernement congolais a levé en mars un moratoire sur l'exécution de la peine capitale qui était en vigueur depuis 2003. Cette décision intervient dans un contexte de rébellion armée soutenue par le Rwanda dans l'est du pays.