Le pape François entame ce dimanche 24 juillet une visite officielle de six jours au Canada. Il devrait se rendre à Edmonton dans l'Ouest du pays et rencontrer des survivants victimes des pensionnats autochtones durant leur enfance. L’occasion pour le souverain pontife de réitérer ses excuses au nom de l’Église catholique pour les crimes commis au sein de ces pensionnats. Dans le pays le "génocide culturel" envers les populations autochtones demeure un enjeu majeur. Retour sur le scandale des pensionnats autochtone au Canada.
En mai 2021, dans l’Ouest du Canada, la communauté autochtone de Tk'emlups te Secwépemc découvre les restes de 215 enfants sur le site d’un ancien pensionnat. À l’issue de cette découverte macabre, d’autres recherches dévoilent l'existence de près de 1 300 tombes à travers tout le pays.
À lire: Canada : les restes de 215 enfants retrouvés enterrés près d'un ancien pensionnat autochtoneCes enfants font partie des quelque 150 000 Métis et Inuits enfermés de force dans le cadre de la politique de colonisation du pays. Entre la fin du XIXème siècle et les années 1990, près de 130 pensionnats à travers le pays regroupent ces enfants issus des populations autochtones selon l’AFP.
Dans ces pensionnats, souvent à la charge de l’Église, ces enfants sont coupés de leurs familles, de leurs langues et de leur culture. Ces établissements cherchent à assimiler les jeunes gens à la "population dominante" dans le cadre d’une politique de colonisation. Au sein de ces pensionnats les enfants subissent de "
mauvais traitements" allant jusqu’aux "
abus sexuels" selon une commission d’enquête nationale menée de 2009 à 2015.
Un "génocide culturel"
Les violences commis durant plus d'un siècle sur les enfants autochtones au Canada entrainent encore aujourd'hui de fortes répercussions sur les 5% de canadiens issues de ces minorités selon l'AFP. L’alcoolisme et des taux de suicides élevés continuent de ravager ces populations traumatisées par la politique coloniale.
Ces traumas, devenus un véritable enjeu politique, font l’objet d’une politique de mémoire de la part des autorités gouvernementale.
En 2008, première excuse officielle.
En 2008, le Premier ministre canadien Stephen Harper présente solennellement des excuses aux peuples autochtones pour le rôle joué par l'État dans les pensionnats. Il soutient alors que l’État a "
profondément manqué à son devoir envers ces populations". Il reconnaît une politique "
d’assimilation mauvaise" qui "
a fait beaucoup de mal et n’a pas sa place dans le pays".
Une Commission d'enquête nationale appelée "
Commission vérité et réconciliation" est créée en 2009 à la suite de ces déclarations.
2015, la reconnaissance d'un "Génocide culturelle".
En 2015, après avoir entendu plus de 6 500 témoignages, la Commission d'enquête rend son rapport. Elle qualifie le système de pensionnat de "
génocide culturelle".
Cette commission établie également un lien direct entre ces camps et les conditions sociales extrêmement difficiles rencontrées par les autochtones aujourd’hui.
Face à ces révélations le premier ministre Justin Trudeau demande à son tour "
pardon" aux populations autochtones.
À lire:
Canada : Justin Trudeau demande pardon aux autochtonesLa fête nationale annulée en 2021 à la suite de la découverte des tombes.
Ultime preuve de ce trauma collectif de la société canadienne, la fête nationale de juillet 2021 est annulée à la suite des découvertes des tombes anonymes. Des manifestations massives sont organisées dans de nombreuses villes du pays et le "#CancelCanadaDay" se répand sur les réseaux sociaux.
À l’occasion de sa visite au Canada, le Pape François doit rencontrer des survivants ayant grandi dans ces pensionnats. Il se rendra également à Edmonton, la ville canadienne où vit la plus grande population autochtone du pays. Le souverain pontife a une première fois présenté ses excuses aux populations autochtones du Canada le 1er avril 2022 lors d’une visite officielle des délégations Métis, Inuits et des Premières nations au Vatican.
Aujourd'hui cette visite est le premier sujet de discussion dans l'Ouest canadien selon l'AFP. À 85 ans le pape François souhaite maintenir ce déplacement prévu depuis plus d'un mois malgré une douleur aux genoux l'ayant contraint à annuler ses déplacements en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud en juin dernier.