Affaire Peng Shuai, la WTA renonce à la Chine, quoi qu'il en coûte

Le président de l’Association des joueuses de tennis (WTA), Steve Simon, a annoncé, mercredi 1er décembre, "la suspension des tournois en Chine". Cette décision est motivée par le sort de la championne chinoise, Peng Shuai, dont le monde est sans nouvelle directe depuis ses accusations de viol contre un haut dirigeant chinois.

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Peng Shuai
La joueuse de tennis chinoise, Peng Shuai, réagit pendant une rencontre à Pékin, en Chine, le 6 octobre 2009.
Ng Han Guan (AP)
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Après la menace il y a deux semaines, les actes. "J'annonce la suspension immédiate de tous les tournois WTA en Chine, y compris Hong Kong. En bonne conscience, je ne vois pas comment je peux demander à nos athlètes d'y participer à des tournois quand Peng Shuai n'est pas autorisée à communiquer librement et a, semble-t-il, subi des pressions pour revenir sur ses allégations d'abus sexuels", écrit Steve Simon dans un communiqué. "Au vu de la situation actuelle de l'affaire, je suis également très inquiet des risques que toutes nos joueuses et nos staffs prendraient si nous organisions des tournois en Chine en 2022."

Mais si aucun tournoi WTA n'était prévu avant la fin 2021 et que le calendrier 2022 n'a pas encore été publié, la décision sévère forte et symbolique.

Lors de la saison 2019, la dernière à ne pas avoir été impactée par le Covid-19, la Chine a accueilli pas moins de dix tournois. Parmi ceux-ci, le Masters féminin de fin d'année et ses14 millions de dollars de dotation, soit un montant supérieur que son pendant masculin.  

"La WTA fera tout son possible pour protéger ses joueuses. Parallèlement à nous, j'espère que les leaders du monde vont continuer à se manifester pour que la justice soit rendue à Peng, et toutes les femmes, quelles qu'en soient les conséquences financières."

(Re)voir : Chine : le monde se mobilise pour Peng Shuai

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"Position courageuse"

De nombreuses stars du tennis mondial, de Chris Evert à Novak Djokovic, ont depuis pris position en soutien de la joueuse.  Plusieurs pays occidentaux, notamment la France et les Etats-Unis mais aussi l'Union européenne et l'ONU, ont aussi fait entendre leur voix et demandé à Pékin de faire la lumière sur le sort de Peng Shuai.

La décision du patron de la WTA a d'ailleurs reçu de nombreux soutiens.

Pour Billie Jean King, douze tournois du Grand Chelem en simple à son palmarès, la WTA "est du bon côté de l'histoire". "Quel leader", a de son côté écrit sur Twitter la Française Alizée Cornet à l'adresse de Steve Simon. 

"Je soutiens complètement la position de la WTA parce qu'on n'a pas assez d'informations" sur Peng Shuai, a affirmé de son côté le N.1 mondial de tennis Novak Djokovic, tandis que Roger Federer et Rafael Nadal n'ont pas réagi à ce dernier développement.

L'ex-N.1 mondial Andy Roddick a, de son côté, souligné le risque pris selon lui par Steve Simon: "Bien agir est bien plus facile quand ça ne coûte rien. Respect."

Martina Navratilova, deuxième joueuse la plus titrée du tennis féminin, a salué  la WTA pour sa "position courageuse" où "nous faisons passer les principes avant les dollars". 

(Re)voir : Disparition de Peng Shuai : la pression s'accentue sur Pékin

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"Ses réponses étaient influencées par d'autres"

Peng Shuai, 35 ans, a disparu plusieurs jours en novembre après qu’elle a accusé d'abus sexuels un ancien haut-dirigeant communiste chinois.

La jeune femme est réapparue, des vidéos publiées par des médias officiels, le 21 novembre dans un restaurant de Pékin et lors d'un tournoi de tennis organisé dans la capitale chinoise.

Elle a aussi dialogué par visioconférence avec le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach.

Selon le CIO, Peng Shuai a expliqué qu'elle était "saine et sauve à son domicile à Pékin mais qu'elle aimerait que sa vie privée soit respectée". A noter que la membre chinoise du Comité olympique, Li Lingwei, a assisté à la visioconférence avec Thomas Bach.

Samedi 27 novembre, la WTA a dévoilé que Steve Simon avait envoyé deux courriels à la joueuse mais qu'il "était clair que ses réponses étaient influencées par d'autres". Et dernier d’ajouter qu'il demeurait "profondément inquiet" quant à sa situation.

(Re)voir : Faut-il boycotter les Jeux olympiques de Pékin et la Coupe du monde au Qatar ?

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