Surprise ! Le président de l'UEFA, Aleksander Ceferin a annoncé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2027 à la tête de la Confédération européenne de football, lors d'un congrès de l'instance qui s'est déroulé à Paris et qui concernait précisement une modification des statuts lui donnant la possibilité d'être de nouveau candidat pour un quatrième mandat.
Le président Aleksander Ceferin à Monaco au tirage au sort des poules de la Ligue Europa, le 1er septembre 2023.
"J'ai décidé il y a environ six mois que je ne prévoyais plus de me présenter en 2027", a expliqué Aleksander Ceferin, arrivé à la tête de l'instance en 2016 après le départ de Michel Platini, emporté par une affaire de paiement suspect concernant la Fifa. Ceferin se dit fatigué par une fonction trop chronophage et se dit soucieux du renouvellement des instances dirigeantes. "La raison est qu'après un certain temps, chaque organisation a besoin de sang neuf, mais principalement parce que j'ai été loin de ma famille pendant sept ans maintenant" dit-il.
Ironie du sort, cette décision intervient au congrès qui s'est déroulé à Paris, ce jeudi 8 février 2024, qui entérinait une modification des statuts permettant au dirigeant slovène d'être de nouveau candidat en 2027 pour un quatrième mandat.
La disposition a été approuvée par deux tiers des voix, comme stipulé par les statuts de l'instance.
Le texte ne supprime pas la limite de trois mandats. Cette mesure-clé prise en avril 2017 par Ceferin après la cascade de scandales qui avaient entraîné des restrictions similaires à la Fédération internationale (FIFA) et au comité international olympique (CIO). En réalité, la règle, valable pour tous les membres du comité exécutif, ne prend pas en compte les mandats "commencés avant le 1er juillet 2017". Théoriquement ça aurait permis à Ceferin, reconduit à son poste en 2023 pour un nouveau mandat de quatre ans, de tenter de se succéder à lui-même en 2027 et de rester aux commandes jusqu'en 2031.
Ce projet avait provoqué une crise à l'UEFA cristalisée par la démission du directeur du football Zvonimir Boban, le 25 janvier.
L'ancien meneur de jeu croate, demi-finaliste du Mondial-98, avait claqué la porte en exprimant "sa grande inquiétude et sa totale désapprobation", indiquant qu'il quittait l'UEFA au nom des "principes et valeurs auxquels (il croit) profondément". Peut-il tenter un retour dans les instances de l'UEFA ? Pas sûr.
La question se pose aussi pour Michel Platini. L'ancienne star du football français, triple Ballon d'Or, occupait les fonctions de président de l'UEFA avant l'arrivée d'Aleksander Ceferin. Mais dans l'absolu, ce serait un revirement total pour Michel Platini. Il a été - rappelons-le - acquitté le 8 juillet 2022, par la justice suisse dans une affaire de paiement présumé déloyal de 2 millions de francs suisses (1,9 million d’euros). Un paiement réalisé en février 2011 par la FIFA, sur ordre de Sepp Blatter, le patron du football mondial à l'époque.
Un épisode qui avait été le début des ennuis judiciaires de Michel Platini et qui a entravé ses ambitions de président de la FIFA. Après son aquittement, Michel Platini, avait indiqué lors d'une interview à la télévision française qu'il tournait definitivement le dos à ses ambitions au sein des instances dirigeantes du football.
Arrivé à la tête de l'UEFA en 2016, Ceferin (56 ans), avocat de métier, se sera distingué dans sa bataille contre le projet de Super Ligue, un projet concurrent de la Ligue des Champions, porté d'abord par 12 grands clubs européens en 2021.
Si ses initiateurs ont d'abord renoncé à cette ambition devant le tollé et la mobilisation politique, le projet semble désormais à nouveau viable depuis une décision de la Cour de justice de l'Union européenne qui a estimé en décembre 2023 que l'UEFA avait enfreint le droit en interdisant la compétition.
Autrement dit, l'UEFA ne pouvait prétendre avoir le monopole de l'organisation des competitions européennes.
Et s'il s'en va en 2027, le patron de l'UEFA reste encore très offensif en 2024. Il a lancé une nouvelle salve contre les clubs "mutins" qualifiés par lui, de "fossoyeurs" du football, qui "jouent aux victimes quand ils sont des prédateurs".
Aleksander Ceferin s'est aussi retranché derrière la nouvelle formule de la Ligue des champions programmée pour la saison prochaine qui prévoit l'augmentation des revenus reversés aux clubs (2,467 milliards d'euros entre 2024 et 2027). Gage selon lui, que le football européen, à travers l'UEFA a encore de beaux jours devant lui.