La liste des 30 joueurs nommés pour le prochain Ballon d'Or sera établie sur la base de la saison écoulée. Prenons le temps en ce début de trêve estivale de nous demander quels Africains pourraient faire partie de ce cercle très fermé.
La saison 2022-2023 s'est achevée ces derniers jours. Si les attentions se tournent en priorité vers le marché des transferts, qui apportera comme chaque été son lot de transactions records et de mouvements plus ou moins attendus, cette période estivale voit aussi s'accélérer les conjectures quant au prochain Ballon d'Or. Le 6 septembre prochain, les 30 joueurs nommés seront dévoilés par le mensuel France Football, organisateur du trophée. Commencera alors le vote, impliquant cette année un collège resserré de journalistes issus des cent pays les mieux classés au "ranking" mondial de FIFA, jusqu'à la remise de la récompense tant convoitée, le lundi 30 octobre au Théâtre du Châtelet à Paris. Avant que ne débute ce compte à rebours, interrogeons-nous sur les chances africaines de bien figurer cette saison dans ce tableau d'honneur de l'excellence footballistique dont les critères sont, rappelons-le, les "performances individuelles" et le "caractère décisif et impressionnant des prétendants", devant "l'aspect collectif et les trophées remportés" et "la classe du joueur et son sens du fair-play".
Le trio Mahrez-Mané-Salah en difficulté
Lors des six dernières éditions, trois joueurs africains ont été nommés à quatre reprises chacun : Riyad Mahrez (Leicester puis Manchester City), Sadio Mané et Mohamed Salah (Liverpool). Champion d'Angleterre surprise avec les Foxes de Leicester, l'ailier algérien obtenait son meilleur classement (7e) dès sa première apparition, en 2016. La suite le verra s'installer dans le Top 20 mondial (10e en 2019, 20e en 2021, 12e en 2022). Le duo de Liverpool, avec le Sénégalais Mané et l'Egyptien Salah chacun sur un flanc de l'attaque des Reds, fera encore mieux, avec deux Top 5 pour le Lion de la Teranga (4e en 2019, 2e en 2022 avec 12,9% des suffrages) et quatre Top 7 pour le Pharaon, le plus régulier du lot (6e en 2018, 5e en 2019, 7e en 2021 et encore 5e en 2022).
Il y a fort à parier qu'aucun de ces trois-là ne sera nommé cette année : Sadio Mané ne s'est pas imposé au Bayern Munich et a été privé de Coupe du monde puis de longs mois de compétition par une blessure ; Mohamed Salah, non qualifié pour le Mondial, est apparu en retrait, à l'image de Liverpool, tandis que Riyad Mahrez, lui aussi absent au Qatar, enrichissait certes son palmarès d'un triplé historique avec Manchester City mais se trouvait rétrogradé au rang de simple remplaçant par son entraîneur Pep Guardiola durant l'épopée victorieuse des Sky Blues en Ligue des Champions. Les joueurs africains en lice pour le Ballon d'Or 2023 sont donc à chercher ailleurs...
Osimhen, comme une évidence
A la lecture des statistiques de l'exercice 2022-2023, un nom s'impose comme une évidence : celui de Victor Osimhen. Auteur de 31 buts en 39 matchs cette saison avec le Napoli, où évolue également le milieu de terrain camerounais André-Frank Zambo Anguissa, l'attaquant nigérian n'a jamais faibli. Avec ses 26 réalisations en Serie A, le natif de Lagos a été l'un des grands artisans du scudetto obtenu par son équipe, devenant du même coup le premier Africain à terminer meilleur buteur (capocannoniere) de l'élite transalpine.
Désigné meilleur athlète étranger de l'année 2022 en Italie par un jury de correspondants de presse puis meilleur attaquant de Serie 2022-2023 par ses pairs, l'ancien Lillois s'est également illustré en Ligue des Champions (5 buts marqués en 6 matchs) mais aussi en équipe du Nigeria. Avec sept buts lors des cinq premières journées des éliminatoires de la CAN, le joueur de 24 trône en tête du classement des joueurs les plus prolifiques de la compétition, comme s'il avait décidé de ne rien laisser à la concurrence.Il coche par conséquent toutes les cases pour faire partie de la liste des 30 pour la première fois de sa carrière.
Le Maroc, sensation de l'année
Une équipe nationale africaine s'est nettement distinguée durant l'année écoulée : il s'agit du Maroc. Première sélection du continent à atteindre les demi-finales de la Coupe du monde, les hommes de Walid Regragui se sont extraits d'un groupe difficile, ont éliminé de grandes nations européennes, l'Espagne et le Portugal, avant de buter sur le futur finaliste français. Revenu dans les semaines précédant l'événement, Hakim Ziyech s'est montré à la hauteur des attentes, mais son absence quasi-totale de temps de jeu à Chelsea risque de lui coûter cher au moment du choix fatidique. Déjà oublié l'an passé, Achraf Hakimi pourrait lui pâtir de sa deuxième partie de saison quelconque avec le Paris Saint-Germain, et de sa mise en examen pour une affaire de viol présumé.
Le choix des jurés pourrait plutôt se porter sur des symboles de la solidité marocaine, incarnée par le ratisseur de l'entrejeu, Sofyan Amrabat, par ailleurs finaliste de la Ligue Europa Conférence avec la Fiorentina, le défenseur central Nayef Aguerd, vainqueur de cette même épreuve avec West Ham, et le portier Yassine Bounou, qui a également, comme son compatriote l'avant-centre Youssef En-Nesyri, joué un rôle majeur dans la victoire du FC Séville en Ligue Europa. Dernier rempart des Rojiblancos et des Lions de l'Atlas, Bounou (32 ans) devrait être nommé à la fois pour le Ballon d'Or et pour le trophée Yachine, récompense spécifique remise depuis 2019 au meilleur gardien de but.
Ce devrait aussi être le cas d'André Onana (Inter Milan). Auteur d'une première saison impressionnante en Serie A et en Ligue des Champions, avec 36 buts encaissés en 41 matchs joués, dont 19 sans voir ses filets trembler, le Camerounais a marqué les esprits jusqu'en finale de la C1. Voilà pour la logique. Mais si ce millésime 2023 était aussi placé sous le signe de la surprise, pourquoi ne pas voir apparaître un joueur évoluant en Afrique ? Auteur de cinq buts et cinq passes décisives lors de la campagne victorieuse d'Al-Ahly en Ligue des Champions de la CAF, l'attaquant sud-africain Percy Tau pourrait être celui-là. Verdict le 6 septembre.