Fil d'Ariane
Terrible désillusion pour la congolaise Marcelat Sakobi. Au moment de l'annonce de la décision des juges, qui ont penché en faveur de son adversaire ouzbèke au premier tour du tournoi olympique des 57kg, la jeune femme de 28 ans s'est écroulée de tristesse sur le ring. Elle est longtemps restée inconsolable, soutenue physiquement par ses entraîneurs. Mais elle a finalement trouvé les ressources pour s'exprimer, en pleurs et furieuse.
Simon RODIER : Marcelat, cela a été un magnifique combat, ça s'est joué à très peu de choses…
Marcelat SAKOBI (en pleurs) : Vous me voyez pleurer maintenant. Ce qui s’est passé sur le ring est injuste. Moi, personnellement, je n'attendais pas à ce résultat, mais c'est arrivé. Je trouve que c’est une grande injustice. Il faut déposer un recours. L'Ouzbek n'a fait que répliquer, alors que j'attaquais tout le temps ! Je ne comprends pas, comment il est possible que les juges m’aient fait perdre ce combat. Je ne sais pas comment l’expliquer. Les deux premiers rounds, je les ai gagnés ! Comment puis-je ne pas obtenir la victoire !?
Marcelat Sakobi à gauche, combat l'Ouzbek Sitora Turdibekova, aux Jeux olympiques de Paris, le 30 juillet 2024.
Vous avez eu du soutien… Est-ce que vous avez senti le public qui vous a aidé ?
Il y avait beaucoup de public. Il y a même des Congolais qui ont payé leur billet de RDC pour venir me voir ! (Elle hurle, en pleurs) Ils savaient bien que j’étais là, que je voulais leur faire honneur ! Mais on me fait partir au 1er tour ! Je suis désolée, je suis désolée de ce jugement. S'il vous plaît, je suis désolé !
Marcelat Sakobi à gauche, combat l'Ouzbek Sitora Turdibekova, aux Jeux olympiques de Paris, le 30 juillet 2024.
Vous êtes déçue parce qu'il y a eu beaucoup de sacrifices pour venir ici ?
Oui. Je suis une femme. Et j’ai accepté de pratiquer cette discipline, la boxe. Une discipline difficile, considérée comme un sport d'homme. Rendez-nous justice ! Celle qui a gagné, donnez-lui la victoire, celle qui a perdu, qu'elle perde ! Vous ne savez pas combien il y a eu de sacrifices pour venir ici. Être aux Jeux olympiques, ce n'est pas une mince affaire ! J'étais à Tokyo, c'était la même chose avec la boxeuse philippine au 1er tour. Et ce sont des mêmes choses qui se répètent encore en France ici ! Je suis vraiment désolée. Nous, la République démocratique du Congo, qu'est-ce qu'on vous a fait ? Qu'est-ce qu'on a fait au monde ?
La boxeuse congolaise Marcelat Sakobi en pleurs après sa défaite face à l'Ouzbek Sitora Turdibekova, aux Jeux olympiques de Paris, le 30 juillet 2024.