Fil d'Ariane
TV5MONDE : Comment expliquez-vous l'élimination des Fennecs avant les 8e finale et cette contre-performance contre la Côte d'Ivoire (3-1) ?
Liazid Sandjack, ancien footballeur international algérien et ancien joueur au Paris Saint-Germain, à Nice et à Saint-Etienne : La plupart des joueurs sélectionnés ne jouent pas dans leurs clubs, il n’étaient pas prêts physiquement. Prenez toute l’équipe, et leur parcours des six derniers mois. Aïssa Mandi au Villareal, Djamel Benlamri au Qatar, Islam Slimani avec l’Olympique Lyonnais : aucun de ces joueurs n'est titulaire dans son club.
C’est pareil pour Brahimi ou Feghouli. Même Bennacer au Milan AC était un titulaire indiscutable. Et pourtant, il est remplaçant depuis qu’il n’a pas signé à nouveau avec le club.
Si vous n’êtes pas prêt physiquement, vous allez être bon peut-être pendant un match. Mais il en faut au moins trois ou quatre pour vous sentir vraiment bien avec votre équipe. C’est pour ça qu'on parle de “montée en puissance” dans une compétition.
C’est sûr, face à la Sierra Leone (0-0), six des attaquants algériens ont permis à l'équipe de dominer les trente dernières minutes. Mais, quand tu ne marques pas, la confiance ne vient pas. Durant le deuxième match face à la Guinée équatoriale (0-1), ils ont créé des occasions mais pas de concrétisation.
On ne peut pas se cacher derrière la chaleur ou l’état des terrains. Quand vous êtes prêts physiquement, vous êtes prêts à tout : vous jouez à -15°C , à plus de 40°C.
Après, c’est vrai que Djamel Belmadi n’avait pas d’autre choix : il sélectionne les joueurs qui avaient gagné la Coupe d’Afrique, ce qui me paraît pertinent.
TV5MONDE : Comment expliquez-vous tel écart de jeu avec la sélection de la Coupe arabe le mois dernier ?
Liazid Sandjack : Ce n’est pas du tout les mêmes équipes qui ont joué la Coupe arabe et à cette CAN : il n’y avait que quatre ou cinq joueurs qui ont fait les deux compétitions. Durant la Coupe arabe, j’ai vu de très bons joueurs pour l’avenir. J’ai vu une équipe qui avait l’envie, l'invincibilité de l’Algérie et tout ce qui en découle.
Il y a des jeunes qui sont en train de pousser la porte, c'est à eux de prendre la main. Il faut que l’entraîneur leur donne une chance.
Liazid Sandjack, ancien footballeur international algérien
Et puis les conditions de jeu ne sont pas les mêmes sur les deux compétitions. Quand vous voyez l’état des terrains, la météo ou le nombre de spectateurs, ce n'est pas la même chose.
TV5MONDE : Cette défaite rappelle celle de la CAN 1992, alors que l’Algérie était tenant du titre de 1990. Le contexte était-il le même ?
Liazid Sandjack : C’est sûr que, dans les faits, les deux scénarios se ressemblent : champions d’Afrique, ils sont éliminés en phase de poule, sans gagner un match en faisant un nul.
Mais ce n’est pas tout à fait la même histoire. En 1990, deux ans avant leur défaite, ils avaient gagné la CAN à domicile. Il y avait une vraie équipe qui avait vraiment bien joué, les stades étaient toujours pleins.
Pendant la préparation de l’édition 1992, une “nouvelle” équipe, avec des jeunes, fonctionnait très bien. J’étais parmi eux : on avait même battu l'Angleterre (le match, disputé à Alger le 11 décembre 1990 s'était en fait soldé par un nul 0 partout, NDLR).
Tout d’un coup, arrivés en Coupe d’Afrique au Sénégal, le sélectionneur de l’époque, Abdelhamid Kermali, avait tout changé. Il avait misé sur les anciens joueurs, qui avaient été champions d’Afrique deux ans plus tôt. Ils étaient hors de forme, blessés. Résultat des courses : élimination en phase de poules.
TV5MONDE : Pour revenir à cette défaite récente, peut-on s’attendre à des changements de stratégie pour les Fennecs dans la préparation au mondial 2022 ?
Liazid Sandjack : En Algérie, tout est ouvert. Il faut rappeler que l’équipe de Belmadi est championne d’Afrique, invaincue depuis 35 matchs. On ne se débarrasse pas d’un entraîneur comme ça. Il y a des jeunes qui sont en train de pousser la porte, c'est à eux de prendre la main. Il faut que l’entraîneur leur donne une chance.
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