Fil d'Ariane
Les rues de Ouagadougou étaient en liesse samedi 29 janvier au soir, après la victoire des l'équipe des Étalons en quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations. De quoi oublier pour un soir la crise sécuritaire et l'incertitude politique.
Au coup de sifflet final, les centaines de personnes massées au "village CAN", dans le quartier de Bogodogo exultent. Sur les ronds points, le concert de klaxons et de vuvzelas ne s'arrête pas. "Ils sont en mission, ils ont un rôle important pour la nation", crie Freddy Sawadogo, un supporteur. "Notre pays écrit une nouvelle page de son histoire, même dans le football. On peut compter sur eux", poursuit-il.
Samedi soir, chez les fans des Étalons tombeurs de la Tunisie en quart (1-0), les références à la situation sécuritaire ou politique du pays n'étaient pourtant jamais loin.
Le Burkina Faso, cible d'attaques djihadistes récurrentes qui ont fait des milliers de morts, a connu lundi un coup d'Etat militaire qui a porté au pouvoir le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Et si le coup de force est plutôt soutenu par la population, ce succès des Étalons permet de parler d'autre chose que de l'incertitude politique.
"Après tout ce que l'on a traversé, le foot permet de retrouver un peu la joie de vivre", se réjouit Arsène Kaboré, maillot du Burkina floqué à son nom sur le dos. "C'est une victoire pour le Burkina qui va permettre un peu de réconciliation. C'est vrai que la joie est là, on oublie le phénomène (le coup d'Etat, NDLR) qui est un peu passé", renchérit Zakaria Bouda.
C'est aussi ce qu'a exprimé Kamou Malo, le sélectionneur du Burkina Faso, lors de la conférence de presse suivant le match. "Permettez-moi, avant tout propos, de dédier cette qualification à notre peuple, qui vous savez, traverse des moments difficiles, même si la situation est stable de nos jours", a-t-il entamé. "Je profite en tout cas de cette tribune pour rendre hommage à ce peuple, qui malgré tout reste debout. Et je dis que notre équipe est à l'image de notre peuple, nous resterons debout, vaille que vaille (...)".
"Nous avons eu un coup de fil du chef de l’État [Paul-Henri Sandaogo Damiba, NDLR] qui nous a encouragés. On lui avait promis cette qualification, c’est fait", a ajouté le sélectionneur, selon des propos rapportés par RFI.
Le Burkina gardera l'avantage jusqu'au bout et se qualifie dans le dernier carré de la CAN pour la quatrième fois de son histoire. Et certains se voient déjà couronnés. "Ce serait une fierté nationale qui galvaniserait tous les secteurs de ce pays", rêve Salfo Ganem Traoré.
Officiellement, samedi soir, tout le monde devait rentrer chez lui ou chez elle à minuit, une des mesures de la junte désormais au pouvoir. Mais les Ouagalais comptaient bien célébrer la qualification toute la nuit. "Ce soir il n'y a pas de couvre-feu. Même les militaires vont fêter" la victoire, assure Freddy Sawadogo.