Fil d'Ariane
Initialement prévue en 2021, la coupe d’Afrique des nations démarre dimanche 9 janvier au Cameroun. 24 équipes, soit environ 600 joueurs au total, vont se disputer la victoire finale, jusqu’au 6 février - des joueurs qui évoluent, en majorité, dans des clubs européens.
Au total, 352 joueurs africains participant à la CAN jouent en Europe, soit un peu plus de la moitié du total des joueurs qui participent à la compétition. Sans grande surprise, c’est en France (92 joueurs) et en Angleterre (49) qu’évolue le plus grand nombre de joueurs africains convoqués à la CAN. Un phénomène lié aux liens culturels et politiques forts entre les pays d’Afrique et les deux ex-puissances coloniales mais aussi aux importantes diasporas africaines qui ont essaimé dans les deux pays.
Les joueurs africains sont également nombreux à évoluer en Espagne (29), en Belgique (24), en Turquie (22), en Italie (18) et en Allemagne (17). D'ailleurs, les grandes stars du ballon rond que sont Mohamed Salah (Égypte), Sadio Mané (Sénégal), Edouard Mendy (Sénégal) ou encore Riyad Mahrez (Algérie) jouent tous en Europe.
Comme à chaque édition de la CAN, le départ des joueurs africains de leurs clubs européens a posé problème. A la mi-décembre, l’ECA, l’association des grands clubs européens, dirigée par le président du PSG Nasser al-Khelaïfi, avait même menacé de ne pas libérer les joueurs pour la compétition faute de protocole sanitaire adéquat.
Les clubs européens craignaient également d’être privés de leurs joueurs pendant une longue période à cause des différentes “quarantaines et restrictions de déplacement” liées à l’émergence du variant Omicron.
Initialement prévue le 27 décembre, la date officielle de mise à disposition des joueurs a finalement été repoussée au 3 janvier par la Confédération africaine de football (CAF). Étaient notamment concernés les clubs de Premier League, qui ont disputé plusieurs journées de championnat dont le “Boxing Day” jusqu’au 3 janvier. Ainsi, Edouard Mendy (Chelsea) et Sadio Mané (Liverpool) ont tous les deux rejoint le 3 janvier la sélection sénégalaise après avoir disputé une rencontre électrique soldée par un match nul.
Après leur belle opposition de cet après-midi avec leurs clubs respectifs, Sadio Mané et Edouard Mendy sont en route pour rejoindre la tanière des lions. #MankoWutiNdamli pic.twitter.com/aGShxr20me
— FSF (@Fsfofficielle) January 3, 2022
Les clubs français, qui jouaient les 16èmes de finale de la Coupe de France le 2 et 3 janvier, étaient également concernés par cette dérogation de la CAF.
Mais certains clubs européens n’ont pas laissé partir du tout leurs joueurs. Le Burkinabé Nasser Djiga a par exemple été retenu par son club suisse, le FC Bâle. Une décision à laquelle s'est plié le joueur.
Cette affaire avait suscité l’ire d’Aristide Bancé, ancien joueur et membre du staff des Étalons : "Je rappelle à tous les jeunes joueurs que porter le maillot de sa sélection nationale est l’une des plus grandes fiertés qu’un footballeur pourrait avoir tout au long de sa carrière. Il faut donc éviter de reléguer son pays au second plan", a-t-il écrit, sur son compte Facebook.
L'attaquant de l'OGC Nice Andy Delort a lui aussi boudé sa sélection. La raison ? L'international algérien a expliqué au sélectionneur des Fennecs Djamel Belmadi vouloir se concentrer sur sa saison en club. Le joueur aurait également signé un accord avec l'OGC Nice stipulant qu'il ne participerait pas à la CAN. "C'est la grosse blague de l'année !", s'était insurgé l'entraîneur algérien au micro de RMC. "C'est ou de la grosse stupidité, ou le culot qui n'a pas de limite."
Cette attitude des clubs européens vis-à-vis de la CAN irrite au plus haut point les cadres du football africain. Samuel Eto’o était déjà monté au créneau lorsque l’ECA avait brandi le spectre d’une annulation de la CAN. "Pourquoi la Coupe d’Afrique des nations ne se jouerait pas ? Donnez-moi une seule raison valable !", avait dénoncé la légende des Lions indomptables. Avant de conclure : "On est en train de nous traiter, comme on nous a toujours traités : nous sommes des moins que rien et nous devons toujours subir".