CAN 2023 : le stade d'Ebimpé sous l'eau, les Ivoiriens s'interrogent

La rencontre amicale opposant la Côte d’Ivoire au Mali, le 12 septembre, au stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé, a été stoppée en raison de fortes pluies rendant la pelouse impraticable. Au-delà des railleries, ce couac pose des questions sur l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations qui débute dans quatre mois (13 janvier-11 février 2024).

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Le stade olympique d'Ebimpé

Le stade olympique Alassane Ouattara d'Ebimpé, à Abidjan, le 10 juin 2023.

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« Rizière », « stade Eaulympique d'Adeau », « les Eauléphants ». Les Ivoiriens ont habilement manié le sarcasme sur les réseaux sociaux à la suite du match amical arrêté, le 12 septembre, contre le Mali (0-0). Peu avant l’issue de la première période, des pluies torrentielles noient la pelouse toute fraîche du stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé, surnommé le « Stado », contraction de stade et Ado, surnom du président ivoirien. Durant la pause, sur le pré détrempé, les arbitres constatent que le ballon ne rebondit plus et mettent un terme définitif à la rencontre. Dans les travées du stade, les spectateurs persiflent et crient à la « honte ».

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À quatre mois du début de la 34ème Coupe d’Afrique des Nations (CAN), l’épisode fait désordre. D’autant que l’enceinte d’une capacité de 60.000 places doit accueillir, entre autres, le match d’ouverture et la finale. Aussi et surtout parce que l’édification du complexe phare de la compétition se chiffre à 143 milliards de francs CFA, l’équivalent de 219 millions d’euros. À quoi s’ajoutent 20 milliards de francs CFA supplémentaires (30 millions d’euros) pour la réfection de la pelouse entre 2021 et 2023. Car après son inauguration en 2020, le stade ferme ses portes en raison de l’état déplorable du gazon. 

« Qui voulez-vous qu’on sanctionne ? »

Tour à tour, les autorités ivoiriennes ont voulu relativiser l’incident. Maître d’ouvrage délégué par le ministère des Sports, l’Office nationale des sports (ONS) a expliqué que « cette situation pourrait être due au débordement conjoncturel du système de drainage ou à un problème de nivellement de la pelouse. »

Au sortir du Conseil des ministres le lendemain, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a pointé l’imprévisibilité d’un épisode météorologique ponctuel. « En raison du dérèglement climatique que nous vivons, une pluie exceptionnelle arrive comme il n’en est jamais arrivé cent ans avant […] Nous avons vécu cette pluie orageuse qui a provoqué le dépassement des équipements mis en place. A partir de ce moment, qui voulez-vous qu’on sanctionne ? »

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Et le responsable politique de confirmer que des « instructions ont été données » et que des experts ont été dépêchés pour apprécier la situation et effectuer les ajustements. « Les services de météorologie iront évaluer pour voir combien de millimètres de pluie sont tombés en quelques heures et détermineront comment dimensionner les ouvrages. C’est une chance que ce soit arrivé, c’est cela aussi tester les infrastructures avant la compétition. »

Depuis le stade d’Ebimpé, 48 heures après l’événement, le ministre des Sports, Danho Paulin abonde. « Cette situation nous a permis de découvrir à temps les dysfonctionnent sur l’organisation, d’observer les ajustements nécessaires à faire sur l’environnement technique et particulièrement sur la pelouse. » Il a aussi tenu à rassurer sur d’éventuels doutes au sein de la CAF. « La CAN aura bel et bien lieu dans notre pays. La CAF n’a aucune crainte à ce niveau. Les tests seront réalisés dans les délais fixés avec elle. »

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« La Côte d’Ivoire est prête »

Depuis plusieurs jours, les Ivoiriens commentent abondamment. D’aucuns s’interrogent sur la capacité du pays à respecter l’échéance à venir. « Il va falloir remettre au pot, certes, et la date butoir approche, mais il ne faut pas non plus dramatiser davantage, tempère Patrick Juillard, journaliste à Foot365 Afrique. On est en ce moment dans la petite saison des pluies jusqu’à fin novembre. A compter de décembre, on entre dans la période sèche. » C’est d’ailleurs à cet égard que la Confédération africaine de football (CAF) a reporté la tenue de la CAN. Initialement programmée aux mois de juin et juillet 2023, elle se tiendra finalement début 2024. 

Le journaliste est au contraire persuadé que la Côte d’Ivoire est d’ores et déjà opérationnelle en termes d’infrastructures. Les cinq autres stades, dispatchés entre Abdijan, Bouaké, Yamoussoukro, San Pedro et Korhogo, répondent a priori aux attentes. « C’est un vrai pays de foot. On verra le moment venu pour ce qui est des accès, de la desserte. Mais sur le plan des stades en eux-mêmes, la Côte d’Ivoire est prête dès maintenant. » 

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Les rencontres de rodage dans le nouveau stade Laurent Pokou de San Pedro début septembre et le stade de la Paix de Bouaké en mars, par exemple, ont donné satisfaction. « Si on prend le tableau global, ce n’est pas catastrophique, poursuit Patrick Juillard. C’est toujours comme ça. Avant les CAN, on dresse des sortes de listes des choses qui pourraient ne pas fonctionner. Mais si la Côte d’Ivoire organise une belle compétition, cet épisode sera vite oublié. »