Le Nigeria et l'Afrique du Sud s'affrontent mercredi en demi-finales de la CAN 2023. Ce choc entre anciens vainqueurs de l'épreuve mettra aux prises deux gardiens de but qui évoluent dans des clubs de PSL, la prospère élite sud-africaine : Stanley Nwabali avec les sans-grade de Chippa United dans les rangs des Super Eagles et Ronwen Williams avec les prestigieux Mamelodi Sundowns du côté des Bafana Bafana. Un match dans le match entre deux portiers aux trajectoires très contrastées. Portraits croisés.
Entre le Nigeria et l'Afrique du Sud, la première demi-finale de la CAN 2023, mercredi à Bouaké, oppose deux équipes qui ont l’habitude de se rencontrer. Depuis 1992, les deux sélections ont déjà croisé le fer à 14 reprises, pour sept victoires nigérianes contre deux sud-africaines et cinq scores de parité. Un riche historique susceptible d'ajouter du piment à ce choc qui verra en découdre deux gardiens de but qui défendent les couleurs de clubs de PSL (Premier Soccer League) sud-africaine : Stanley Nwabali celles de Chippa United dans le camp des Super Eagles et Ronwen Williams celles des Mamelodi Sundowns côté Bafana Bafana. Un point commun donc, mais c'est bien le seul entre ces deux portiers que tout oppose par ailleurs.
L'expérience tout d'abord. À 32 ans, Ronwen Williams a l'avantage de l'ancienneté sur Stanley Nwabali (27 ans) et présente une habitude bien supérieure des grandes compétitions. Le natif de Port-Elizabeth dispute en Côte d'Ivoire sa deuxième CAN, quand son futur adversaire est novice à ce niveau. Evoluer dans des formations de haut de tableau, SuperSport United (où il suivit sa formation dès ses 12 ans) puis les Mamelodi Sundowns, lui ont également donné l'occasion de parcourir le continent, avec 33 matchs de compétitions africaines interclubs (Ligue des Champions et Coupe de la Confédération) et maintenant d'African Football League, dont il a remporté cet automne la première édition avec les « Brazilians » (surnom des Mamelodi Sundowns).
Nwabali, la surprise du chef Peseiro
Rien de comparable avec son confrère nigérian, dont l'expérience africaine se limite à deux matchs de Coupe de la Confédération contre les Algériens du Paradou AC, en 2019 alors qu'il évoluait encore au Nigeria, à Enyimba. Sous-coté, parfois pris de haut (un comble !), Stanley Nwabali joue pour un club du ventre mou, qui oscille entre le Top 8 et la lutte pour éviter la relégation, comme cette saison. « Depuis son arrivée, il n'a pas joué tous les matchs et partage son poste avec l'international namibien Lloyd Kazapua, qui était le numéro un la saison dernière. Quand José Peseiro en a fait son titulaire après l'avoir supervisé et eu une conversation avec lui et son entraîneur des gardiens en décembre, cela a surpris », explique Mazola Molefe, journaliste pour la chaîne sud-africaine SABC.
Mais si le parcours de Ronwen Willliams vers le très haut niveau peut paraître sans accroc, les choses ne furent pas toujours faciles pour le désormais incontesté gardien de but de l'Afrique du Sud. Sa première titularisation entre les poteaux des Bafana Bafana, le 5 mars 2014 en amical contre le Brésil à Johannesburg, tourna même au cauchemar. Ce jour-là, face à un Neymar et des Auriverde déchaînés, le jeune homme alors âgé de 22 ans alla chercher à cinq reprises le ballon au fond de ses filets. « Beaucoup de gens disaient alors qu'il n'avait pas le niveau pour être numéro un, se souvient encore Mazola Molefe. Il a toujours eu de grandes qualités, mais s'est encore amélioré depuis qu'il a rejoint les Mamelodi Sundowns. En particulier dans la relance. »
Williams, un leader naturel
Car les deux gardiens diffèrent également par le style. Plus petit (1m84) que Stanley Nwabali, Ronwen Williams est un portier complet, fiable sur sa ligne et dans les face-à-face comme dans l'anticipation et le jeu au pied, à l'allure bondissante. Ce ne sont pas les Cap-Verdiens qui diront le contraire de ce grand technicien. Au terme d'un quart de finale indécis au possible, le gardien de but sud-africain a permis aux Bafana Bafana de retrouver les demi-finales pour la première fois depuis 2000 en signant quatre arrêts sur cinq tirs au but des Requins Bleus. Jamais soumis à pareille séance depuis le début de cette CAN, Stanley Nwabali présente un profil plus massif. Du haut de son mètre 96, le dernier rempart des Super Eagles en impose et n'hésite pas à faire parler son physique d'armoire à glace dans sa surface pour soulager sa défense. « Il est meilleur avec le Nigeria parce qu'il est entouré de défenseurs de qualité, plus expérimentés que ses coéquipiers à Chippa United, estime Mazola Molefe. En équipe nationale il est tiré vers le haut. Ce n'est pas le cas en club. »
Avec quatre matchs sans concéder de buts depuis le début de la CAN 2023, contre trois « seulement » pour Ronwen Williams, Stanley Nwabali présente la meilleure feuille de statistiques du tournoi. La conservera t-il jusqu'au bout ? Outre le rêve de ramener la Coupe à Lagos, sa motivation pourrait trouver une autre source du côté du mercato. « La CAN a donné à Stanley Nwabali une exposition inattendue. Je ne serais pas surpris de voir Chippa United le vendre. Comme ils avaient vendu (le gardien ghanéen) Daniel Akpeyi aux Kaizer Chiefs après la Coupe du monde 2018 en Russie », prédit Mazola Molefe. Désireux d'aider son équipe dans la quête d'un quatrième trophée continental (après ceux de 1980, 1994 et 2013), Stanley Nwabali devra remporter son match dans le match avec Ronwen Williams, ce capitaine et leader naturel à la recherche de son premier titre en équipe nationale.