Les éliminatoires de la prochaine CAN ont livré leur verdict final cette semaine. On connaît 23 des 24 pays qui participeront à l'épreuve, du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun. Quel bilan tirer de ces douze poules qualificatives ?
Les éliminatoires de la prochaine CAN se sont terminés cette semaine. Enfin presque... On ne connaît à date que 23 des 24 équipes qualifiées, le match décisif entre la Sierra Leone et le Bénin n'ayant pu se jouer. Cette situation est symptomatique des temps de pandémie que nous traversons. A Freetown, les visiteurs se sont vus signifier une heure avant le coup d’envoi de la rencontre que cinq de leurs titulaires, pourtant testés négatifs avant leur départ, étaient positifs aux tests PCR. Problème : le délai de présentation des résultats était largement dépassé. Refusant de céder à ce qu’ils considéraient comme un chantage aux cas Covid, les Béninois ont tenu bon. Après qu’un report du coup d’envoi (de 18 à 21h) ait un temps été envisagé, la partie n’a pu avoir lieu. Repartis à Cotonou, les ex-positifs se sont avérés négatifs. La Confédération africaine de football a fini par reprogrammer le match au mois de juin prochain. Si d'ici là une (éventuelle) enquête ne conduit pas l'instance à à prendre une tout autre décision.
Les ténors au top
Aucune grosse cylindrée continentale ne manquera à l'appel au moment du tirage au sort de la phase finale, programmé le 25 juin. L’Algérie, meilleure attaque de ces éliminatoires, défendra son titre, forte de l'invincibilité portée ce mois-ci à 24 rencontres de rang. Dorénavant, en Afrique, il ne reste que la Côte d’Ivoire à avoir un jour fait mieux. Les Éléphants, qui avaient réussi la prouesse de jouer 26 matches sans connaître la défaite, se sont aussi qualifiés en affichant une qualité de jeu en hausse sous la houlette de Patrice Beaumelle, adjoint d’Hervé Renard lors du sacre de 2005. L'Egypte, la Tunisie, le Maroc, le Nigeria et le Sénégal ont tous terminé premiers de leur poule. A défaut d'être toujours convaincants, tous ces anciens vainqueurs seront présents au Cameroun, tout comme les habitués que sont le Mali, la Guinée ou encore le Burkina Faso.
La RDC et l'Afrique du Sud, gros flops
Ce ne sera en revanche pas le cas de la RD Congo et de l'Afrique du Sud. Battus sans coup férir par le Gabon (3-0), les Léopards ont dit adieu à la qualification. Les coéquipiers de Chancel Mbemba avaient déjà affiché un niveau de jeu inquiétant lors de l’édition 2019. Le remplacement de Florent Ibenge par Christian Nsengi n’a pas enrayé leur déclin. Avoir des clubs réguliers en Coupes d’Afrique, le meilleur championnat d’Afrique centrale, un bassin démographique de plus de 100 millions d’habitants et une importante diaspora ne suffit visiblement plus pour présenter une équipe nationale compétitive.Tout puissant président de la Fecofa, Constant Omari a souligné les difficultés d'organisation de l'équipe au moment d’annoncer son départ, pointant du doigt la responsabilité de son gouvernement. Les raisons ont beau différer, le même sentiment de délitement domine quand on observe l'Afrique du Sud. Les Bafana Bafana avaient sorti le pays organisateur et joué les quarts de finale de la CAN 2019. Ils sortent cette fois du Top 24 continental, sans qu’il y ait grand chose à redire. Comme en RDC, le football de club performe pourtant au niveau africain, et le championnat local est sans doute le mieux organisé d’Afrique. Un camouflet pour Patrice Motsepe, président du club le plus titré du pays (Mamelodi Sundowns) et maintenant de la CAF.
Les Comores et la Gambie, belles surprises
Mais les éliminatoires de la CAN voient aussi naître de belles histoires. L’élargissement du plateau de la Coupe d’Afrique de seize à vingt-quatre équipes offre à certains pays émergents la possibilité de connaître pour la première fois les honneurs d’une phase finale. Ce fut le cas du Burundi, de Madagascar et de la Mauritanie en 2019. Des ces trois équipes seule la dernière nommée sera de nouveau de la fête l’an prochain au Cameroun. Cette fois, ce sont les Comores et la Gambie qui feront office de petits nouveaux. Pour le petit archipel, cette qualification est le fruit d’un patient travail de structuration de l’équipe nationale, sous la direction d'Amir Abdou, organisateur et stratège. En se basant sur les enfants de la diaspora comorienne souvent basée dans la région marseillaise dont il est lui-même originaire, le sélectionneur a gardé le cap, dans des conditions pas toujours évidentes. Les frustrations de la précédente campagne qualificative sont chassées. Les Cœlacanthes, deuxièmes d’un groupe comportant aussi l’Egypte, le Kenya et le Togo, se sont cette fois donné le droit de rêver. C’est aussi le cas des Scorpions de Gambie, sortis d’une poule où étaient logés le Gabon (également qualifié), la RDC et l’Angola. La récompense pour une génération prometteuse – avec des joueurs titulaires en Serie A comme Omar Colley (Sampdoria) ou Musa Barrow (Bologne) – et le résultat d’une certaine stabilité là encore : en poste depuis 2018, le sélectionneur belge, Tom Saintfiet, a du reste signé un nouveau bail de cinq ans.
Le Soudan et l'Ethiopie, les pères fondateurs de retour
Enfin, cette prochaine édition sera marquée par le retour de deux nations fondatrices de la CAF. Le Soudan, absent depuis 2012, et l’Ethiopie, dont la dernière participation remontait à 2013, ont validé leur billet. Si l’Ethiopie s’est qualifiée à la faveur du nul entre Madagascar et le Niger, le Soudan a terminé son parcours par un probant succès sur l’Afrique du Sud (2-0), sur sa pelouse de Khartoum. Avec un 9 sur 9 lors des trois dernières rencontres, les Faucons de Jédiane terminent ces éliminatoires en boulet de canon. En un peu d’un an (il a été nommé en février 2020) et dans un contexte de pandémie, Hubert Velud a transformé cette équipe mal embarquée dans son groupe en machine de guerre. A noter que le Croate Zdravko Logarusic, que Velud a remplacé sur le banc du Soudan, a rebondi sur celui du Zimbabwe et qualifié les Warriors pour leur troisième phase finale de rang.