De quoi est réellement capable le Maroc ? A quelques jours de leur entrée en lice au Mondial au Qatar, les Lions de l'Atlas de Walid Regragui représentent un outsider potentiel dans le groupe F.
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Que vaut l'équipe ?Le Maroc va disputer au Qatar sa deuxième Coupe du Monde consécutive, ce qu'il n'avait réussi qu'une seule fois auparavant (en 1994 et 1998). Si quelques cadres (Saïss, Hakimi, Ziyech) étaient déjà présents en Russie, l'ossature des Lions de l'Atlas a évolué depuis quatre ans. Yassine Bounou s'est imposé dans les buts, Nayef Aguerd en défense centrale, Sofyan Amrabat au milieu et Youssef En-Nesyri en attaque. Le sélectionneur Walid Regragui n'a pas bouleversé en profondeur le groupe façonné par son prédécesseur Vahid Halilhodzic mais a néanmoins fait quelques choix forts. Outre le retour du banni, Hakim Ziyech, le nouveau coach a choisi de miser sur le caractériel attaquant Abderrazak Hamdallah, serial buteur de l'Ittihad FC en Arabie Saoudite, et de se passer d'Ayoub El Kaabi et de Ryan Mmaee, régulièrement appelés par le Bosnien.
Autre pari : celui de ne pas négliger les joueurs locaux. Outre la présence habituelle du troisième gardien Ahmed Reda Tagnaouti, la Botola est représentée par deux autres joueurs du Wydad Casablanca, que coacha avec succès Regragui : le latéral gauche Yahia Attiat-Allah et le milieu de terrain Yahya Jabrane.
Riche en talent, forte en éléments d'avenir comme en vieux briscards, cette équipe marocaine ne manque pas d'arguments dans toutes ses lignes. Ils ne seront pas de trop pour faire face à une opposition très relevée, avec la Croatie, finaliste sortante, la Belgique, qui atteignit le dernier carré, et le Canada, meilleure nation nord-américaine du moment. Pour aller loin, il s'agira de reprendre les bonnes habitudes : le Maroc n'a remporté qu'un seul de ses 10 derniers matches de Coupe du Monde (2 nuls, 7 défaites), contre l'Écosse en 1998 en phase de groupes (3-0).
La patte du coach : Walid RegraguiWalid Regragui sera le deuxième technicien marocain à participer à la Coupe du monde après Abdellah Ajiri Blinda, qui était à la tête des Lions de l’Atlas en 1994. Trois mois avant le Mondial, Vahid Halilhodzic lui a cédé sa place sur le banc marocain. Qualifié sous le règne de l'inflexible Bosnien, le Maroc a décidé de s'en remettre à un technicien plus jeune et davantage connecté aux réalités locales. Le coach de 47 ans sortait alors d’une saison historique avec le Wydad Casablanca, qu'il a conduit à un retentissant doublé Botola (le championnat marocain, ndlr) - Ligue des Champions. Le natif de Corbeil-Essonnes, auteur d'une carrière honorable en France (Toulouse, Ajaccio, Grenoble), doit composer entre sa philosophie audacieuse, faite de pressing haut et de jeu de passes fluide, et les principes plus défensifs de son prédécesseur.
Passé sous les ordres du nouveau sélectionneur quand ce dernier entraînait le FUS Rabat, Jamel Aït Ben Idir estime que le choix de Walid Regragui était le plus adapté à la grande proximité de l'échéance mondiale. « C'était la meilleure solution, répondait l'ancien pro à TV5 Monde en septembre dernier. Walid connaît le contexte marocain, que ce soit les binationaux ou les joueurs de Botola. Il sait comment les prendre psychologiquement... Pour bien le connaître, sa qualité principale réside dans la gestion des hommes. Walid a cette capacité de tirer le meilleur de chacun. On l'a vu avec le Wydad, alors que l'effectif avait certaines limites. Je sais qu'il a longtemps été inspiré par José Mourinho, qui rappelait que l'important était de tirer le meilleur de chaque joueur à des moments précis. » Trois mois de travail auront-ils été suffisants à Walid Regragui ? Tout le Maroc l'espère.
La star et la pépite : Hakim Ziyech et Ez AbdeIls sont peu nombreux les joueurs qui peuvent se targuer d'être à l'origine du remplacement d'un sélectionneur. Hakim Ziyech est de ceux-là. Entre lui, le milieu offensif déroutant révélé à l'Ajax Amsterdam, et Vahid Halilhodzic, coach autoritaire qui n'en voulait plus (« Il avait un comportement qui ne correspond pas à un joueur de l'équipe nationale et à un joueur qui doit être un leader », expliquait alors le Bosnien), la Fédération marocaine a tranché. En faveur du joueur. Rappelé en septembre par Walid Regragui, l'ex-banni sera très attendu au Qatar. Il arrivera à court de temps de jeu, Thomas Tuchel puis Graham Potter ne l'ayant utilisé qu'avec une grande parcimonie sous le maillot des Blues. Qu'importe : tout un peuple attend ses inspirations et ses coups de génie. Le dernier match de préparation des Lions de l'Atlas, jeudi contre la Géorgie (3-0), en a offert un échantillon, sous la forme d’un lob victorieux de plus de cinquante mètres.
La presse sportive espagnole lui a trouvé un surnom : le « Messi marocain » : Abdessamad Ezzalzouli, dit Ez Abde, n'a pas mis longtemps à susciter la comparaison la plus flatteuse qui soit. C'était le mois dernier, suite à la prestation étincelante du milieu offensif d'Osasuna face à l'Espanyol Barcelone (1-0), ponctuée d'une passe décisive. De gestes déroutants en dribbles imparables, le jeune Marocain a mis le public du stade El Sadar dans sa poche. Âgé de 20 ans, ce crack en devenir est né à Beni Mellal, avant d'émigrer à Elche, dans la région de Valence, avec sa famille. Passé par plusieurs centres de formation, il signe en faveur de l'équipe B du FC Barcelone. La suite, l'ailier ambidextre est en train de l'écrire, en prêt sous le maillot des Rojillos et désormais sous celui des Lions de l'Atlas, avec lesquels il va disputer sa première Coupe du monde.
Le chiffre : 6Il s'agira de la sixième participation du Maroc à la Coupe du monde, mais les Lions de l’Atlas n’ont pas fait mieux que la phase de groupes depuis 1986, édition lors de laquelle ils ont été éliminés par l'Allemagne en huitièmes de finale (0-1). Ils étaient alors devenus la première équipe africaine à atteindre ce stade de la compétition.
Le programme
- 23 novembre : Maroc - Croatie (Al-Bayt Stadium)
- 27 novembre : Belgique - Maroc (Al-Thumana Stadium)
- 1er décembre : Canada - Maroc (Al-Thumana Stadium)