Grâce à des parcours sans-faute, le Sénégal et le Maroc ont été les premières équipes à décrocher leur qualification pour les barrages du Mondial 2022. De quoi susciter des espoirs en vue de la prochaine CAN. Décryptage.
Le Sénégal fait honneur à son rang. Inamovibles leaders africains au classement mondial de la FIFA, les Lions de la Teranga ont été la première équipe à décrocher sa qualification pour les barrages du Mondial 2022. Un triplé de Famara Diedhiou leur a permis de prendre le meilleurs sur la Namibie (3-1) et de remporter leur quatrième victoire en autant de rencontres. Suffisant pour ne plus être rejoint en tête et pour pouvoir se projeter sereinement sur les échéances à venir. Sereinement ? C'est en tout cas le message distillé par le sélectionneur, Aliou Cissé. En poste depuis mars 2015, l'ancien du PSG est fort d'un bilan sans faille, avec une moyenne de 3 buts marqués par rencontre (12 buts au total, contre 3 encaissés seulement). « Ces victoires nous permettent d’avoir plus de sérénité », a déclaré le coach, avant de saluer ses joueurs, soulignant « leur engagement, leur mentalité, leur patriotisme » et constatant avec satisfaction que « des automatismes se créent », permettant « de travailler plus tranquillement en direction de la CAN, qui sera une compétition très disputée ».
Car Aliou Cissé se sait attendu au tournant. Vice-champion d'Afrique sortant, le Sénégal ne visera rien d'autre que le trophée, début 2022 au Cameroun. « Quand on a la plus belle équipe africaine, l’objectif est la CAN », a déclaré le ministre sénégalais des Sports, Matar Ba. Plus au fait des aléas du sport de haut niveau, le sélectionneur a préféré tempérer les attentes. « Le Sénégal peut gagner la Can, mais il y a aussi 4, 5, 6 nations africaines qui sont aussi capables d’aller gagner la Coupe d’Afrique. La Coupe d’Afrique est très difficile », a rétorqué Aliou Cissé, qui n'a pas oublié la finale perdue d'un but (gag) en 2019. « Le ministre fait partie de notre équipe, quand l’équipe gagne, il gagne. La Fédération, les joueurs, nous sommes tous dans la même équipe pour gagner cette CAN. Nous avons cet objectif, tout en étant très humbles, parce qu’on sait que dans le football, rien n’est acquis, dans la vie, rien n’est acquis. L’équilibre est très fragile entre le positif et le négatif. Il faut donc être toujours humble dans le football », a-t-il ajouté. Pas sûr que ce sage discours calme l'impatience d'un pays qui court toujours après sa première victoire à la CAN.
Sans Ziyech, le Maroc carbure
Du travail bien fait. C'est aussi ce que le Maroc a réussi dans ce deuxième tour des éliminatoires de la Coupe du monde 2022. Les Lions de l'Atlas n'ont laissé que des miettes à leurs adversaires. Avec 14 buts marqués en quatre rencontres, ils ne sont devancés que par l'Algérie (19 buts) au classement des attaques les plus prolifiques. Et avec un seul but encaissé, seules trois sélections (Tunisie, Mali, Ouganda) se sont montrées plus hermétiques qu'eux. Et si les Marocains ont joué tous leurs matchs à domicile (le Royaume chérifien a été la terre d'accueil privilégiée des pays dont le terrain était suspendu, ndlr), ce bilan est d'autant plus flatteur qu'il a été obtenu sans le supposé maître à jouer Hakim Ziyech (Chelsea), brouillé avec le sélectionneur Vahid Halilhodzic. Il en fallait plus pour déstabiliser le Bosnien, qui a intégré avec brio de nouveaux éléments dans l'entrejeu offensif (Imran Louza, Ilias Chair, Selim Amallah, Ryam Mmaee) et bénéficié du regain de forme d'Ayoub El Kaabi, finisseur inspiré ce mois-ci.
Comme le Sénégal, le Maroc va désormais se projeter sur la CAN. Un trophée que les Lions de l'Atlas n'ont plus remporté depuis 1976. Parfois pointé ces derniers mois pour la pauvreté de l'animation et le manque d'efficacité de son équipe, Vahid Halilhodzic a calmé ces critiques, mais en a essuyé d'autres, relatives à sa méthode et au changement de schéma tactique opéré contre la Guinée (4-1), avec le passage du 4-2-3-1 au 3-5-2. Fort d'une invincibilité portée à seize matchs, le sélectionneur a haussé le ton face aux questions sur ses évolutions tactiques. « Pourquoi regretter ? On a gagné 4-1 monsieur, c’est incroyable ça... Je ne comprends pas votre question, on a gagné 4-1, on a fait un super match contre une très belle équipe. C’était le troisième match en sept jours, certains garçons étaient fatigués et malgré les changements, on a gagné. Je ne sais pas ce que vous attendez de mes équipes, je suis un petit peu dégoûté avec toutes les choses que vous commentez, c’est incroyable ! » Au Maroc comme au Sénégal, les bons résultats ne chassent pas la pression qui pèse sur les sélectionneurs. Bien au contraire.