Fil d'Ariane
Après le Qatar en 2022, le Canada, les États-Unis et le Mexique en 2026, la FIFA a annoncé organiser sa Coupe du monde de 2030 sur trois continents. Une décision qui repousse les limites de la logistique, et qui interroge sur l'empreinte carbone de la compétition.
Le président de la fédération de football du Paraguay, Robert Harrison, à gauche, le délégué de la FIFA Ignacio Alonso, au centre, le président de la Conmebol Alejandro Dominguez, et son vice-président Claudio Tapia tiennent le trophée de la coupe du Monde à Luque, Paraguay, ce 4 octobre 2023. Les matchs de la coupe du monde 2030 seront joués en Argentine, Uruguay et au Paraguay.
Cent quatre rencontres entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud. C’est ce à quoi ressemblera la Coupe du monde 2030 dont l’organisation s’établira sur trois continents, selon de l'annonce du 5 octobre de la FIFA qui doit encore valider les critères techniques et n'attribuera officiellement la compétition que fin 2024. Si c’est bien la (seule) candidature présentée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal qui a été retenue, trois matches sont tout de même prévus en Argentine, au Paraguay et en Uruguay.
Cent ans après la première édition à Montevideo, la FIFA pour célébrer le centenaire de la compétition internationale.
Si à partir de l’édition de 2026 le nombre d’équipes participantes a lui été aussi revu à la hausse -48 équipes seront désormais réunies contre 32 lors du Mondial 2022- ,ce sera le terrain de jeu qui sera décuplé en 2030. Trois continents, six pays : les matches se dérouleront en Argentine, au Paraguay, en Uruguay, en Espagne, au Portugal et au Maroc.
Ce qui ne semble pas inquiéter le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Pedro Rocha qui affirme être “convaincu qu'avec le Maroc et le Portugal, nous organiserons la meilleure Coupe du monde de l'histoire". Les déplacements n'auront cependant jamais été aussi conséquents dans l'histoire de la compétition. À titre d’exemple, près de 12 000 kilomètres séparent Buenos Aires de Madrid, ainsi que 12h30 d’avion. Un trajet qui représente près de 200 tonnes de C02 pour une cohorte de 60 personnes, joueurs et staff compris.
Cette annonce n’est cependant pas au goût de tout le monde tant chez les fans de football que des entraineurs. "La Fifa poursuit son cycle de destruction contre le plus grand tournoi du monde", a réagi sur X (ex-Twitter) l'association Football Supporters Europe, déplorant une formule "horrible" pour les supporters et "sans considération" pour l'environnement.
Marco Rose, l’entraineur du club de Leipzig a aussi été “très surpris” de l’annonce. “À un moment donné, nous jouerons sur l'Everest parce que nous pourrons y créer un terrain de jeu et le commercialiser.” a même ironisé le coach, rapporte le journal l'Equipe.
Ce n’est en effet pas la première fois que la FIFA se fait épingler pour son impact environnemental. Déjà en 2022, la fédération avait été jugée pour “greenwashing” par la Commission suisse pour la loyauté (CSL) pour avoir vanter la neutralité carbone du Mondial au Qatar sans pouvoir la démontrer.
Un jugement qui n’a pas freiné la FIFA dans ces projets futurs et qui après avoir prévu une organisation sur trois (grands) pays pour 2026 (Etats-Unis, Canada, Mexique) l’élargit à trois continents pour 2030. « La FIFA prend le chemin d'une compétition plus éclatée que jamais, alors qu'elle avait l'occasion de dessiner pour 2030, année décisive pour le climat, ce qui aurait pu être une révolution écologique dans le format des événements internationaux », a affirmé Jérémie Suissa, délégué général de Notre affaire à tous, toujours dans l’Equipe.
Le 7 mai dernier, la FIFA a cependant rappelé être en "pleinement consciente que le changement climatique est l'un des défis les plus urgents de notre époque".
Gianni Infantino, président de l’instance a lui rappelé lors de l'annonce du 5 octobre que “dans un monde divisé, la FIFA et le football étaient là pour rassembler”. La fédération en a aussi profité pour lancer l'appel aux candidatures pour l'édition suivante, en 2034, limitant son invitation aux confédérations asiatique et océanique en vertu du principe de rotation continentale du tournoi.
Sans surprise, l'Arabie Saoudite, qui visait déjà le Mondial-2030 et investit massivement pour se tailler une place dans le football mondial, a confirmé qu'elle se porterait candidate à l'organisation du tournoi.