Fil d'Ariane
Jasper Philipsen a remporté sa deuxième victoire en deux jours le 4 juillet dans le Tour de France dans un final émaillé de chutes sur le circuit automobile de Nogaro. Surnommé parfois "Jasper the Disaster" pour ses étourderies, qui est ce Belge de 25 ans qui semble être le meilleur sprinteur du moment ?
Jasper Philipsen à l'arrivée de la 4e étape du Tour, Dax-Nogaro, le 4 juillet 2023, qu'il a remportée.
Deux étapes remportées au sprint, Jasper Philipsen, natif de Mol, dans les Flandres a été pourtant surnommé "The Disaster" (le désastre). Un surnom popularisé par la série Netflix portant sur le Tour de France mais qui risque de ne plus être de mise s'il continue sur cette lancée.
La seule fois que le coureur d'Alpecin a tremblé, c'est lorsque les commissaires de course ont décidé de visionner les images pour vérifier s'il n'avait pas dévié de sa route au moment de tasser légèrement son compatriote Wout Van Aert dans les barrières le 4 juillet.
Wout Van Aert le 3 juillet au départ de l'étape Amorebieta Etxano - Biarritz.
S'en suivirent quelques minutes de flottement où Philipsen, tel un élève attendant les résultats du bac, scrutait avec anxiété les images sur un petit écran de télévision dans la zone protocolaire en compagnie du champion slovène, Tadej Pogacar, avec lequel il est très ami.
"Je savais que le côté droit était le plus direct. Quand tu es en tête, tu essaies de prendre le chemin le plus court", a-t-il justifié plus tard, reconnaissant que la limite était "fine".
Au feu vert des commissaires, il s'est levé d'un bond pour se diriger vers le podium et célébrer la première victoire du Tour 2023 sur le sol français. Avec cette septième victoire de la saison, le Belge confirme qu'il est peut-être le meilleur sprinteur du monde. Une douce revanche pour un coureur qui a longtemps manqué de confiance en lui.
Ses hésitations, ses oublis et ses gaffes ont servi de trame aux équipes de Netflix pour camper dans leur série un personnage aux cuisses d'acier mais finalement fragile. Avec en point d'orgue cette fameuse scène où il franchit l'arrivée à Calais sur le Tour de France 2022 les bras en croix et en hurlant de joie, croyant avoir gagné.
Jasper Philipsen laisse exploser sa joie quand il franchit la ligne d'arrivée de la 4e étape du Tour 2022, à Calais.
Pour constater quelques secondes plus tard que c'était en fait l'échappé son compatriote Wout Van Aert qui avait coupé la ligne avant lui en mimant un albatros. "C'est la honte", a-t-il alors murmuré à sa copine.
Le Belge a effacé l'affront en gagnant à deux reprises ensuite sur le Tour, dont le sprint royal sur les Champs-Élysées.
Le 3 juillet 2023 à Bayonne il a enfoncé le clou, idéalement lancé par Mathieu van der Poel le leader de l'équipe Alpecin, pour devancer largement l'Allemand Phil Bauhaus et l'Australien Caleb Ewan.
"Ce n'est pas facile de rester dans la roue de Mathieu. Quand tu vois les autres trains incapables de passer, c'est que ça va très vite", souligne Philipsen, flashé à 72,1 km/h dans la dernière ligne droite.
À raison, il a insisté sur l'apport inestimable de son leader. Avoir le vainqueur de Paris-Roubaix et Milan-Sanremo comme poisson-pilote est un luxe dont peu peuvent se prévaloir.
Mais le jeune Philipsen a pris confiance. Il se sent très fort. Et à Bayonne, il l'était plus que ses principaux rivaux, les Néerlandais Fabio Jakobsen (4e) et Dylan Groenewegen (8e). Il était aussi plus fort que son compatriote Wout Van Aert (Jumbo-Visma) (5e). "Je suis très fier de gagner deux fois de suite", a souligné Philipsen.
Il est l'un des sprinteurs qui passent le mieux la montagne. Mais il sait qu'il va souffrir lors des deux prochaines journées dans les Pyrénées. Il est d'ailleurs arrivé 133e à Laurens, ce 5 juillet. Mais le Belge aura d'autres occasions de foncer.