Fil d'Ariane
Dans son pays, le Mali, il fait office de pionnier. Mais jamais Diakalia Koné, plus connu sous le nom de DJ Diaki, n’aurait pensé se retrouver là où il est aujourd'hui : sur la scène de nombreux festivals d'été, en Europe, avec son ordinateur et sa boîte à rythmes.
“J’ai aimé la musique électronique dès mon plus jeune âge”, raconte DJ Diaki. Originaire de Sanankoroba, dans la province de Koulikoro au Mali, il commence à créer des morceaux en 1989 “avec des cassettes d’abord”, avant de se tourner vers les CD. En 2008, il rencontre un “ami canadien du nom de Jean-Philippe”, qui lui apprend à produire de la musique grâce à un ordinateur. À partir de là, DJ Diaki se lance à fond dans la musique électronique.
Pour ses productions, il reprend des morceaux déjà existants, très caractéristiques de la musique du continent africain : du coupé-décalé de Côte d’Ivoire, du soukous (un style musical originaire du Congo), “de la musique du Mali et puis de la musique du Sénégal aussi.” Mais il ne les réutilise pas en intégralité. Il choisit une infime partie d’un morceau, qu’il va jouer en boucle grâce à un logiciel sur son ordinateur. C’est ainsi qu’il obtient le rythme effréné de ses productions.
Ensuite, grâce à sa boîte à rythmes, il va ajouter des sons sur le “loop” qu’il a créé. Pour lui, c’est une manière de redécouvrir et de réinterpréter des morceaux. Sa musique, il la fait découvrir aussi sur scène. Il a eu l’opportunité de se produire dans plusieurs festivals, cette année, comme le festival de Roskilde au Danemark ou le Futur Festival en Italie, aux côtés de grands noms de la musique électronique actuelle, comme la coréenne Peggy Gou ou l’américain Carl Cox.
Ce samedi 16 juillet, il se produit à Aubervilliers pour la première édition parisienne du festival Nyege Nyege. Il s’agit de l’un des plus importants festivals de musique électronique du continent africain, un évènement créé en 2015 en Ouganda et fondé par le collectif Nyege Nyege.
C’est d’ailleurs au festival Nyege Nyege qu’il fait sa première apparition sur scène, en 2019. “C’est le directeur d’un label qui m'a contacté et qui m'a mis en contact avec le festival”, explique DJ Diaki. En 2012, Christopher Kirkley, directeur du label Sahel Sounds, un label américain spécialisé dans la musique issue du sud du Sahara, commence à s’intéresser à DJ Diaki. Ce n’est que quatre ans plus tard qu’il entre en contact avec ce dernier. DJ Diaki se souvient précisément de ce qu’il lui demande : “Veux-tu faire sortir ta musique de ton pays ?"
Je ne savais même pas comment avoir un passeport.DJ Diaki
Il met en contact le DJ malien avec Derek Debru, le cofondateur du festival Nyege Nyege. DJ Diaki doit se produire à Jinja, en Ouganda, en septembre 2018. Sauf qu’il n’est jamais sorti du Mali : il n’a alors pas de passeport. “Je ne savais même pas comment avoir un passeport”, admet-il en riant. Il parvient toutefois à en obtenir un dans les temps et se produit devant le public ougandais. Sa prestation est diffusée en direct par Boiler Room, une plateforme diffusant des performances de musique électronique en direct. L’engouement est immédiat."Tout le monde a aimé, se souvient DJ Diaki. Ils ont réalisé qu’il y avait un autre style musical dans le monde.”
En plus d’être musicien, DJ Diaki est aussi animateur radio. Dans sa ville natale, il travaille pour la radio communautaire Radio Benbakan. Depuis mars 2020, il est même chef de programme. Cette activité et celle de DJ font la fierté de sa famille et de ses proches. “Il a un talent incroyable, affirme son ami Cissé Sétigui. En Afrique, on fait surtout de la musique traditionnelle, pas de la musique moderne. Mais il a une très grande expérience, qui lui a permis d’arriver à ce niveau dans la musique moderne.”