Fil d'Ariane
Le Sénégal de Sadio Mané ou l'Égypte de Mohamed Salah ? Sur le papier, les deux équipes sont des prétendants légitimes à la Coupe. L’Égypte est la reine incontestée du football africain. Les Pharaons sont sept fois champions d’Afrique. L’équipe recordman en titre de la compétition n’étonnerait personne en décrochant une nouvelle fois le championnat et sa huitième étoile. Une victoire creuserait encore un peu plus l’écart séparant les Égyptiens des autres nations africaines.
De son côté, le Sénégal est assoiffé de victoire après être passé deux fois à côté du titre de champion d’Afrique, en 2002 et plus récemment en 2019, contre l'Algérie. Le match de dimanche pourrait effacer les mauvais souvenirs de 2019 et inscrire au palmarès les Lions. Leur victoire serait l’aboutissement d’un long cheminement.
"Nous avons l'opportunité de faire partie de cette génération qui peut gagner, c'est une motivation, un marathon : croire qu'au bout la lumière sera là, a lancé le sélectionneur Aliou Cissé, qui défend l'évolution de son équipe. "On était 14e en Afrique et 64e au classement Fifa quand je suis arrivé, aujourd'hui on est premiers sur le continent et dans le Top 20 mondial", explique le sélectionneur.
(Re)lire : CAN 2021 : "Les Lions de la Teranga ont envie d'écrire l'histoire du Sénégal"
Dans l’un des groupes les plus faibles de la compétition, le Sénégal a su tirer son épingle du jeu grâce à son unique victoire face au Zimbabwe, sur un penalty de Sadio Mané, le capitaine. S’ensuivent deux matchs nuls sans surprises ni étincelles, presque ennuyeux, face à la Guinée et au Malawi. Mais le travail est fait. Les cinq points acquis permettent aux Lions de la Teranga de terminer en tête du groupe B. Ils saisissent le quart de finale face à la Guinée Équatoriale pour monter en puissance. La sixième est enfin enclenchée. Ils rallient la phase finale.
« La phase de groupe a été compliquée, beaucoup ne faisaient plus des Sénégalais les favoris pour le titre. Ils ont finalement montré en phase d’élimination directe qu’ils étaient au niveau et les joueurs ont commencé à mettre de l’intensité sur toute la longueur du jeu. La dynamique est vraiment positive », explique Mansour Loum, le rédacteur en chef de Sport News Africa.
L’Égypte, de son coté, s’est imposée sans éclats mais avec une certaine régularité dans son jeu.« Les Pharaons, à défaut d’être spectaculaires, sont très rigoureux et disciplinés », observe Mansour Loum. Bien que battus dans leur premier match face au Nigeria, les joueurs de Carlos Queiroz sortent deuxième de leur poule et finissent par s’imposer en finale, au terme d’un match indécis face au pays organisateur, le Cameroun. Eux aussi espèrent faire oublier la désillusion de la CAN 2019 à domicile.
(Re)voir : CAN : l'Egypte rejoint le Sénégal en finale
(Re)voir : CAN 2021 : la déception des supporters camerounais après la victoire des Pharaons
« Ce sont deux oppositions de style, deux écoles qui s’opposent, explique Mansour Loum. Les Égyptiens ont une très grosse rigueur tactique. C’est une équipe qui est consciente de ses faiblesses du moment et une génération peut-être moins bonne que les précédentes.»
Le sélectionneur Carlos Queiroz a choisi de donner les clefs à son « Monsieur Plus », Mohamed Salah, au sommet de sa forme. La tactique s’avère pour le moment gagnante et Mohamed Salah pourrait être celui qui offrira la victoire à son équipe.
« Les Pharaons s’appuient aussi sur une très bonne école de gardiens, tout comme le Sénégal. De ce côté-là, les deux équipes font match nul », commente Mansour Loum.
Le problème de l’Égypte est que les joueurs ont enchainé trois prolongations, c’est comme s’ils avaient joué un match de 90 minutes de plus que le Sénégal.Mansour Loum, rédacteur en chef de Sport News Africa
Le talon d’Achille de l’Égypte réside peut-être dans le temps de récupération des joueurs, inférieur d’un jour par rapport à celui des Sénégalais. C’est d’ailleurs ce qui a poussé l’adjoint du sélectionneur, à demander à décaler la date de la finale d’un jour, de dimanche à lundi. « Il y a une journée de récupération de plus pour le Sénégal. Je souhaite que (...) nous jouions lundi », déclarait Diaa al-Sayed. L’argument ne tient pas pour Mansour Loum, à un détail prêt.
« Avant de jouer sa demie-finale, le Sénégal a eu un jour de récupération de moins que le Burkina Faso, ce qui ne les a pas forcément désavantagé. En revanche, le problème de l’Égypte est que les joueurs ont enchainé trois prolongations, c’est comme s’ils avaient joué un match de 90 minutes de plus que le Sénégal. »
Un match de plus qui rendrait plus compliqué la fin du jeu pour les Pharaons, surtout si le match va au-delà des 90 minutes. « Puisque l’Égypte a beaucoup plus joué que le Sénégal, elle sera forcément à un moment ou à un autre handicapée », explique le rédacteur en chef de Sport News Africa.
Enfin, l'arrière droit Omar Kamal, suspendu pour accumulation de cartons jaunes, pourrait aussi manquer à l'Égypte dans ce dernier match décisif.
Il y a peut-être un léger avantage pour le Sénégal, même si dans les grandes compétitions, c’est rarement l’attaque qui gagne.Mansour Loum, rédacteur en chef de Sport News Africa
Du côté Sénégalais, le point fort de l’équipe réside en son attaque et son leader de 29 ans, Sadio Mané.« On sent que depuis le début de la CAN, c’est lui le Monsieur Plus du Sénégal. Il est vraiment en mission pour enfin apporter le titre à son pays. »
Bien épaulé par Famara Diédhiou, Bamba Dieng ou peut être même Ismaël Sarr qui pourrait figurer parmi les titulaires dimanche, la puissance offensive sénégalaise fera-t-elle la différence ? La clef du match pourrait tout aussi bien résider dans les deux meilleures défenses du tournoi.
« Si l’on regarde l’ensemble de la compétition et les tentatives de but, il y a peut-être un léger avantage pour le Sénégal, même si dans les grandes compétitions, c’est rarement l’attaque qui gagne et c’est plutôt la défense qui prend le dessus, explique Mansour Loum. Dans les grosses compétitions comme la CAN, souvent, pour espérer aller loin, il faut prendre peu de buts. Parce que lorsqu’on prend beaucoup de buts, nous ne sommes pas assurés d’en marquer beaucoup plus que l’adversaire. En en prenant peu, on reste à portée de l’adversaire et il reste possible de marquer sur un cafouillage, sur un penalty ou autre».
Quelle défense prendra le pas sur l’attaque de l’autre ? Lequel des deux peuples se drapera dans son drapeau national pour clore en fête la Coupe d’Afrique des Nations 2021 ? La réponse dimanche, à partir de 19h GMT.