Football : pourquoi les Aigles du Mali menacent de boycotter la sélection

Les Aigles du Mali menacent de boycotter leur équipe nationale lors de prochains matchs de qualification. Les joueurs pointent du doigt les dirigeants de leur fédération. Après l'éviction récente de son sélectionneur, le football malien s'enfonce un peu plus dans une crise qui dure depuis des années.

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Les Aigles du Mali avant le match contre le Ghana lors de la 3e journée des qualifications pour le Mondial 2026, 6 juin 2024 à Bamako.

Femafoot
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Avec le tirage au sort des éliminatoires de la CAN 2025 prévu le 4 juillet prochain, le Mali sera fixé sur les 3 équipes qu'il devra affronter pour décrocher son ticket pour la compétition reine du continent. En revanche, les Aigles du Mali pourraient souffrir de défections au sein de son effectif. Dans une lettre ouverte rendue public le 21 juin, les internationaux maliens menacent de boycotter la sélection nationale. Un acte rare et extrême pour appeler leurs dirigeants à remédier à la crise que traverse le football malien.

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Dénonçant une "mauvaise gestion", les joueurs maliens disent avoir "besoin du soutien et de la vision éclairée de dirigeants" et appellent ces derniers "à se remettre en question" et "à prendre leurs responsabilités". "Si la situation reste inchangée, nous nous réservons le droit ne pas honorer la sélection et de ne pas participer aux prochains matches de qualification", dit le texte.

L'annonce intervient dans un contexte de déstabilisation après l'éviction de leur sélectionneur, Éric Sékou Chelle. Recruté en 2022, cet ancien défenseur international malien a été remercié le 13 juin 2024 après la 4e journée des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Le Mali figure en 4e position sur 6 dans sa poule avec 5 points seulement, juste derrière Madagascar à 2 points de plus et Comores et Ghana occupent les premières places avec 9 points. 

Quart de finaliste à la CAN 2023 en Côte d'Ivoire, les Aigles n'ont sans doute pas été à la hauteur de leurs espérances avec une victoire contre le Tchad mais une défaite contre le Ghana et deux nuls contre la République centrafricaine et Madagascar. Deux jours après le match nul contre les Barea malgaches du 11 juin, pourtant en infériorité numérique pendant une longue période, le sélectionneur Chelle est limogé par la fédération malienne de football. 

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Dans un deuxième communiqué, le Comité exécutif de la Femafoot critique cette fois-ci "les sorties malheureuses sur les réseaux sociaux de certains joueurs". En l'occurrence, c'est le capitaine Hamari Traoré qui a pris la parole. Il dénonçait les conditions de voyage en Afrique du Sud pour la rencontre perdue contre Madagascar. "Nos joueurs ont dû subir un véritable périple pour arriver à Johannesburg seulement quelques heures avant un match capital", écrit le capitaine des Aigles "au nom de l'équipe nationale".

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Mais la crise du football malien remonte à plusieurs années, avec des ramifications profondes. Cela se caractérise notamment par l'incarcération de son président Mamoutou Touré "Bavieux", le 9 août 2023. Il est condamné pour des faits de corruption portant sur 17 milliards de francs CFA soit 26 millions d'euros, avec 4 autres personnalités issues de l'Assemblée nationale malienne où il travaillait à l'époque. Des faits qui remonteraient à la période 2013-2018, avant qu'il ne prenne la direction de la Femafoot. Fait remarquable, malgré sa détention en prison, Mamoutou Touré "Bavieux" et son staff ont été réélus à la tête de la Femafoot. 

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Selon les informations de Sportsnewsafrica.com, le premier vice-président de la Femafoot Moussa Silvain Diakité avait tenté de recruter un successeur à Éric Chelle en la personne du Congolais Florent Ibenge lors d'un déplacement à Paris. Mais l'affaire a avorté révélant des conflits internes à la Femafoot.

La menace de boycott de joueurs maliens de la sélection nationale fait office d'électrochoc. L'enjeu est de taille : les Aigles du Mali ont encore six journées pour tenter de décrocher une qualification historique à la Coupe du Monde 2026 en Allemagne. Il faudrait pour cela terminer premier sur 6 équipes de leur Groupe ou bien finir parmi les 4 meilleures deuxième et disputer le dernier ticket. Les prochains matchs sont désormais prévus en mars 2025 contre les Comores puis la République centrafricaine.

En revanche, les éliminatoires de la CAN 2025 approchent à grands pas, débutant dès septembre 2024. 

Nul doute que les Aigles du Mali comme les supporteurs souhaiteraient éviter le scénario catastrophe du boycott d'internationaux. La balle est dans le camp des dirigeants de la Femafoot, mis au pied du mur. Force est de constater que le ministère malien des Sports n'est pas ciblé par le communiqué des joueurs qui d'ailleurs "reconnaissent les efforts de l'État pour améliorer [leurs] infrastructures"

 

Si la crise perdurait dans le football malien, un autre acteur pourrait s'inviter. La FIFA pourrait nommer un comité de normalisation au Mali pour dénouer la crise des instances locales. Ce fut déjà le cas en 2017 et cela avait abouti à l'élection mouvementée de Mamoutou Touré "Bavieux" à la tête de la Femafoot.

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