Fil d'Ariane
La compétition féminine de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) débute ce samedi 5 juillet au Maroc. Problèmes de trésorerie, stades peu aménagés, primes dérisoires pour les joueuses... Le football féminin peine encore à trouver des financements sur le continent africain, et cela malgré un engouement de plus en plus important.
La Marocaine Nouhaila Benzina, à gauche, est aidée par sa coéquipière Sarah Kassi après le match de huitième de finale de la Coupe du monde féminine de football entre la France et le Maroc à Adélaïde, en Australie, le 8 août 2023.
Il n’y aura pas que l’Euro de foot pour les amateurs de ballon rond ce mois de juillet. La CAN féminine se déroule en même temps que la compétition européenne masculine. Créée en 1991, la CAN oppose tous les deux ans les meilleures équipes du continent africain.
Cette année, la compétition est organisée au Maroc, pour la deuxième fois consécutive après l’édition de 2022. Elle réunit douze équipes africaines réparties en trois groupes de quatre équipes.
En 2022, ce sont les Sud-Africaines qui ont remporté le titre de championnes d’Afrique. Dans le groupe A, constitué de la Zambie, du Sénégal, du Maroc et de la RD Congo, les Marocaines sont favorites.
Chez les Lionnes de l’Atlas, l’attaquante Sanaâ Mssoudy se démarque. Elle a été désignée meilleure joueuse de la Ligue des Champions Féminine de la CAF 2024.
La Zambie représente un important vivier de talents. L’attaquante Fridah Mukoma, 18 ans, lauréate du Soulier d’Or au championnat féminin de la COSAFA, un tournoi de football organisé par le Conseil des Nations Sud-Africaines de Football, dispute sa première CAN. Elle évolue dans la ligue féminine chinoise à Beijing.
Toujours chez les Reines du Cuivre, l’attaquante Barbra Banda est déjà autrice de triplés lors de compétitions majeures.
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Dans le groupe B, composé du Nigeria, de la Tunisie, de l’Algérie et du Botswana, la sélection nigérianne se distingue avec dans ses rangs l’attaquante Asisat Oshoala, quintuple Ballon d’Or africain, qui évolue au Bay FC, aux États-Unis.
Pour la première fois, la CAN se jouera dans six stades marocains différents, afin de mettre en valeur la pratique de ce sport.
Cependant, la pratique du football féminin reste confrontée à d’importantes difficultés structurelles sur le continent africain. Les fédérations dépendent grandement des aides publiques. Par exemple, l’organisation de 68% des championnats.
Le manque d’infrastructures se fait aussi cruellement sentir : 52% des clubs n’ont pas de terrains en gazon.
(Re)lire Pourquoi le sport féminin est moins suivi que les compétitions masculines ?
En février 2024, Cynthia Djohoré, gardienne de la sélection ivoirienne, avait dénoncé publiquement le peu de soutien accordé aux joueuses. Entre absence de contrat, des primes dérisoires et des heures de match, elle décrivait la souffrance des joueuses Ivoiriennes.
Elle regrettait aussi l’absence de couverture médiatique des championnats féminins et dénonçait la différence entre les allocations financières attribuées aux compétitions masculines et féminines.
Selon elle, en Côte d’Ivoire, le football masculin bénéficie d’une subvention de 100 millions de francs CFA, contre 10 millions pour les compétitions féminines.
Lors des éliminatoires des jeux Olympiques de Paris de 2024, la Fédération ivoirienne de football avait dû déclarer forfait, en raison de "problèmes de trésorerie."
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