Fil d'Ariane
C’est un match avec une saveur bien particulière qui aura lieu mardi 8 août à Adelaïde, en Australie. Le dernier huitième de finale de cette Coupe du monde féminine de football verra s’opposer deux pays, deux sélections qui se connaissent très bien, la France menée par Hervé Renard et le Maroc, mené par le Français Reynald Pedros.
A gauche, l'équipe féminine de France, à droite, celle du Maroc qui se rencontreront le 8 août pour le huitième de finale, de la Coupe du monde féminine de football, à Adelaïde, en Australie.
C'est une équipe qui a créé la surprise en se qualifiant de justesse pour les huitièmes de finale (et en éliminant l’Allemagne). L’équipe féminine du Maroc rêve déjà du parcours de l’équipe masculine en 2022. Pour sa première participation, les Lionnes de l’Atlas (72e au classement FIFA) ont réussi l’exploit de se qualifier pour les huitièmes de finale, et affronteront donc elles aussi les Bleues, huit mois après la demi-finale du Mondial masculin entre les deux sélections au Qatar (2-0 pour les Bleus).
Mais les deux équipes sont loin d’être des inconnues l’une pour l’autre. Huit joueuses marocaines sont aussi françaises (13 des 23 joueuses marocaines sont aussi binationales).
- C’est le cas de la buteuse face à la Colombie, Anissa Lahmari, milieu de terrain et ancienne joueuse du PSG. Elle évolue à l’En Avant Guingamp depuis 2020. La milieu de terrain française Kenza Dali la connaît bien : "J'ai connu Anissa très jeune. Je suis contente qu'elle montre à la planète foot ce qu'elle est capable de faire", a-t-elle déclaré en conférence de presse, ce lundi 7 août.
La Marocaine Anissa Lahmari, 2e à droite, célèbre avec ses coéquipières après avoir marqué le premier but de son équipe lors du match de football du groupe H de la Coupe du monde féminine entre le Maroc et la Colombie à Perth, en Australie, le jeudi 3 août 2023.
- La défenseure Nesryne El Chad a fait ses débuts à l’ASSE (Saint-Étienne), avant de rejoindre son club actuel, le LOSC (Lille) qui vient d’être promu en première division. Elle ne tombe pas dans l'excès d'émotion, avant ce match important. "Moi, je n'ai pas d'amies chez les Bleues. Je suis née en 2003 (à Saint-Étienne), il n'y en a que deux en équipe de France et je ne les ai jamais côtoyées", dit-elle.
- La benjamine des Lionnes de l’Atlas, Sarah Kassi, âgée de 20 ans, a commencé sa carrière à Saint-Maur en Île-de-France. La défenseure évolue en deuxième division, au FC Fleury 91 depuis 2020. Elle a évolué chez les Bleues depuis les moins de 16 ans. Peu de temps avant la Coupe du monde féminine, elle avait choisi la sélection marocaine.
- L’une des cadres des Lionnes, Salma Amani évolue au FC Metz, depuis 2022. Formée en Bretagne, elle devient l’une des figures marquantes de L’En Avant Guingamp dans les années 2010, et rejoint la sélection marocaine en 2012.
La milieu de terrain marocaine a d'ailleurs croisé le chemin d'Eugénie Le Sommer en Bretagne : "J'ai joué avec Salma en Bretagne, on se connaît depuis l'âge de 12 ou 13 ans", a expliqué l'attaquante française cette semaine. "C'est le destin, l'histoire est faite comme ça".
La Marocaine Salma Amani court pour le ballon lors du match de football du groupe H de la Coupe du monde féminine entre le Maroc et la Colombie à Perth, en Australie, le jeudi 3 août 2023.
- C’est à Montreuil que Kenza Chapelle fait ses premiers pas dans le football, avant de partir en Corse. Après un passage au FC Fleury 91, l'attaquante est prêtée au FC Nantes en deuxième division, en 2022.
- Troisième gardienne de but marocaine, Inès Arouaissa a été formée dans le sud de la France. Après un passage à l’OM (Marseille), elle rejoint l’AS Cannes, en 2022.
Ces joueuses connaissent bien les Bleues évoluant dans le championnat français comme la défenseure Sakina Karchaoui, évoluant au PSG qui elle aussi est franco-marocaine, ayant choisi la sélection française.
"Mes deux parents sont 100% marocains, j'ai des frères et sœurs qui sont nés au Maroc”, a déclaré la Parisienne en conférence de presse, le 5 août. "Je suis fière de mes origines, mais malheureusement il faudra gagner, donc je ne leur souhaiterai pas le meilleur pour ce match", précise la défenseure Sakina Karchaoui.
La Française Sakina Karchaoui tire le ballon lors du match de football du groupe F de la Coupe du monde féminine entre la France et la Jamaïque au stade de football de Sydney à Sydney, en Australie, le dimanche 23 juillet 2023.
Les stars françaises Wendie Renard (défenseure) ou Eugénie Le Sommer évoluant à l’OL (Lyon) les ont déjà rencontrées en championnat français. Mais elles connaissent surtout très bien le sélectionneur de l’équipe marocaine, Reynald Pedros. L’ancien joueur du FC Nantes a été entraîneur à Lyon pour les femmes, de 2017 à 2019. Son palmarès est impressionnant : deux titres en D1 et deux Ligues des Champions en 2018 et 2019.
Ce ne sont pas moins de six Bleues qu’il a entraînées à cette époque : Pauline Peyraud-Magnin, Selma Bacha, Kenza Dali, Eugénie Le Sommer, Wendie Renard et Amel Majri.
“Je connais parfaitement cette équipe de France, c’est un avantage, c’est une équipe très forte, avec des joueuses avec beaucoup d’expérience, de très haut niveau”, a déclaré l’ancien international français en conférence de presse.
Le match aura un goût particulier aussi pour ces joueuses, à l’instar de l’attaquante Eugénie Le Sommer : “Ça va être des retrouvailles, un moment spécial c’est sûr. Si on m’avait dit quand il est parti de Lyon qu’on se retrouverait en huitièmes de finale de Mondial, surtout avec le Maroc, je ne l’aurais pas cru. Il connaît très bien l’équipe de France, les joueuses lyonnaises qu’il a eues et celles qu’il a affrontées”, a-t-elle expliqué en conférence de presse.
La Française Eugénie Le Sommer lors du match de football du groupe F de la Coupe du monde féminine entre la France et la Jamaïque au stade de football de Sydney à Sydney, en Australie, le dimanche 23 juillet 2023.
Reynald Pedros est à la tête de la sélection marocaine féminine depuis 2021, et a déjà emmené les Lionnes en finale de la CAN en 2022, qui se jouait à domicile, au Maroc. L’équipe avait perdu la finale face à l’Afrique du Sud (éliminée cette année par les Pays-Bas en huitièmes de finale) 2 à 1.
L'entraîneur-chef du Maroc Reynald Pedros réagit lors d'une conférence de presse au stade rectangulaire de Melbourne avant le match du groupe H de la Coupe du monde féminine contre l'Allemagne à Melbourne, Australie, le dimanche 23 juillet 2023.
Le sélectionneur des Bleues, Hervé Renard n’est pas en reste. Il connaît très bien le Maroc et sa fédération puisqu’il a été le sélectionneur des Lions de l’Atlas de 2016 à 2019. Il a notamment qualifié son équipe pour la Coupe du monde 2018 en Russie. Les Marocains n’avaient alors pas réussi à se qualifier pour les huitièmes mais avaient déjà marqué les esprits.
En 2022, lors de la Coupe du monde masculine, il était à la tête de la sélection d’Arabie saoudite, éliminée au premier tour. Lors de la demi-finale opposant la France et le Maroc, il avait déclaré chez nos confrères de RMC son soutien envers les Lions de l’Atlas : "Je suis français, je suis né en France, j’ai un passeport français mais, demain, je suis désolé je supporterai l’équipe du Maroc. Parce que ce pays m’a marqué, les gens m’ont apporté de l’amour à un point que vous ne pouvez même pas imaginer. [...] Je leur souhaite le meilleur du monde."
L'entraîneur-chef français Hervé Renard se tient à côté du banc avant le match de football du groupe F de la Coupe du monde féminine entre la France et la Jamaïque au stade de football de Sydney à Sydney, en Australie, le dimanche 23 juillet 2023.
À son nouveau poste de sélectionneur des Bleues depuis mars 2023, il fera tout pour voir les Bleues continuer leur parcours, malgré son attachement pour le Maroc. “J’ai de merveilleux souvenirs de mon passage au Maroc, je garde beaucoup d’amis. Maintenant, place au football. Même quand on fait un petit match entre amis, il faut le gagner. Donc on est là pour se qualifier”, a-t-il déclaré en conférence de presse.
Le vainqueur du match France-Maroc se qualifiera pour les quarts de finale et affrontera l'Australie.