Fil d'Ariane
Tout juste titré champion du monde triple saut en salle à Glasgow samedi 2 mars, six mois après sa couronne en plein air aux Mondiaux de Budapest, le Burkinabè Hugues Fabrice Zango se projette désormais vers les J.O. de Paris de cet été, en quête de la plus belle des étoiles dans son palmarès, de l'or olympique historique pour le Burkina Faso. Entretien avec Simon Rodier et Camille Balland.
Hugues Fabrice Zango avec sa médaille d'or de champion du monde en salle de triple saut à Glasgow, 3 mars 2024.
TV5MONDE : Vous l’aviez dit, vous l’avez fait… Qu’est-ce que vous ressentez après ce titre mondial ?
Hugues Fabrice Zango : Vraiment beaucoup de satisfaction de pouvoir assumer parce que ce n’est jamais évident. Même si on a une certaine confiance en soi lorsque l’on aborde un championnat, il y a quand même quelques facteurs qui peuvent changer, et qui peuvent jouer sur le résultat. Franchement je suis content de pouvoir faire une performance suffisante pour gagner avec 17m53. En plus, c’est une performance respectable, qui permet de monter tout le temps sur tous les podiums mondiaux, donc c’est vraiment très bien. Je suis encore compétitif (sourire). Et aujourd’hui, si quelqu’un avait sauté à 17m60, j’aurais sauté à 17m61 tout simplement, on le sait (sourire). Cela dépend des concours : en fonction de la physionomie des concours, je m’adapte, je fais ce qu’il faut et franchement je suis content !
TV5MONDE : Le concours n’était pas évident, l’Algérien Tikri a tapé fort d’entrée avec un saut à 17m35. Vous vous êtes senti « piqué » ?
Hugues Fabrice Zango : Vous avez vu, le premier essai, j’ai fait 16m69, parce que personne n’avait sauté, j’étais vraiment dans les vapes, je ne savais pas ce que je faisais… Et puis tout de suite Tikri a sauté 17m35, et j’ai répondu avec 17m33 ! C’est ça : je suis quelqu’un qui réagit à ces stimuli-là. Si tu sautes 18 mètres tout de suite, ça me placera à 18m ! C’est comme ça que je m’adapte aux différents concours, je sais que je suis capable de faire de bonnes choses. Et lorsque je fais 17m33, avec les erreurs que j’ai pu commettre dans mon saut, j’ai compris que j’allais forcément passer devant. Il fallait juste garder la tête sur les épaules.
TV5MONDE : Il a fallu aussi gérer la petite crampe au mollet, ce qui aurait pu vous gêner !
Hugues Fabrice Zango : Tout à fait ! Effectivement, une crampe au mollet gauche est survenue au quatrième essai, mais je ne pouvais pas en rester là, ce n’était pas possible du tout. Et donc j’ai dit à mon coach qu’il fallait que je passe devant pour assurer. Parce que si jamais la crampe s’aggrave, alors le sixième essai peut être plus difficile. Moi je suis compétitif jusqu’au sixième essai, mais là au cinquième j’ai vraiment visualisé mon saut. J’ai rassemblé tous les éléments depuis le début du concours, et je savais absolument que je pouvais passer devant, et c’est ce que j’ai fait.
TV5MONDE : L’objectif est rempli : vous êtes double champion du monde, en plein air et en salle. Il reste une belle médaille à aller chercher maintenant ?
Hugues Fabrice Zango : Ah les Jeux de Paris ! Maintenant je peux me projeter… Je viens de cocher la dernière case qui me manquait ! La case d’après, ce sont les Jeux. Bon je vais profiter un peu ce soir… Mais dès demain, on va préparer Paris et on a une ligne droite désormais !