La CAN, saga d’une compétition devenue « SDF » (partie 1/2)

Nous vous l'annoncions plus tôt dans le mois, c'est désormais officiel : la Coupe d'Afrique des Nations 2025 n'aura pas lieu durant l'été comme l'avait annoncé le Maroc, son organisateur, mais pendant l'hiver, à cheval sur décembre 2025 et janvier 2026 (21 décembre 2025-18 janvier 2026). Un nouveau « glissement » du calendrier dont la Confédération africaine de football est devenue coutumière, puisqu'il s'agit de la septième édition à ne pas se dérouler à la date et/ou dans le pays prévu. Nous vous proposons une saga en deux parties sur ce qui est désormais un feuilleton permanent.
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La CAN, saga d’une compétition devenue « SDF » (partie 1/2) (1)
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La blague fait fureur ces derniers temps dans le cercle des suiveurs de la Coupe d'Afrique des Nations : « Il y a deux constantes dans le football africain : la prochaine CAN est toujours la meilleure de l'histoire et la prochaine CAN est à chaque fois reportée. » Caricature ? Pas vraiment. Depuis plus d'une décennie, l'épreuve reine du football de sélection sur le continent africain est un tournoi « SDF » : sans date fixe. Passée des années paires aux années impaires, la CAN a également changé plus souvent qu'à son tour de pays organisateur, de jauge avec désormais 24 participants et de position dans le calendrier, avec des velléités (contrariées) de se disputer pendant l'été. On rembobine.

2013 : la Libye renonce au profit de l'Afrique du Sud


Initialement prévue en 2014, cette vingt-huitième édition est avancée d'une année afin de fixer le calendrier du tournoi sur les années impaires. Prise lors de la réunion du comité exécutif de la Confédération africaine de football les 14 et 15 mai 2010, la décision ne change rien à la défaillance du pays organisateur : désignée en 2006 en même temps que l'Angola, qui organisera l'édition 2010, et le ticket Gabon - Guinée équatoriale celle de 2012. En raison du conflit et de l'intervention internationale en cours dans le pays, la Libye va logiquement renoncer à recevoir l'événement. Le 28 septembre 2011, la Confédération africaine de football en attribue officiellement l'organisation à l'Afrique du Sud, qui a accueilli avec succès en 2010 la première Coupe du monde disputée sur le continent. En échange, il est alors prévu que les Libyens organisent la CAN quatre ans plus tard, en 2017 donc.

2015 : le Maroc fait défaut, la Guinée équatoriale joue les plans B au pied levé


Le 10 octobre 2014, le Maroc sollicite officiellement le report de l'organisation de la CAN 2015, programmée deux mois plus tard. Le motif invoqué par le royaume chérifien ? Le risque de propagation du virus Ebola, responsable dans les mois et semaine précédents de près de 5 000 morts, essentiellement dans trois pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone). Après cinq semaines de bras de fer, à coup de lectures divergentes des chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé, la CAF tranche en défaveur du Maroc et lui oppose une fin de non-recevoir. Suite au refus « d'organiser la compétition aux dates prévues (17 janvier-8 février) », les Lions de l'Atlas sont disqualifiés pour les deux prochaines phases finales. La Guinée équatoriale remplace au pied levé le Maroc, qui saisira le Tribunal arbitral du Sport et verra la juridiction annuler la sanction prise à son encontre.

2017 : la Libye se désiste une nouvelle fois, le Gabon la remplace

Avant même le renoncement du Maroc à accueillir la CAN 2015, il était acquis que l'édition 2017 ne se disputerait pas en Libye, comme c'était prévu depuis 2011. Le 23 août 2014, la CAF officialise la nouvelle. « Raison invoquée par la partie libyenne, la situation sécuritaire instable que traverse le pays », indique un communiqué publié par l'instance, qui pour le coup ne pouvait guère faire autrement que de prendre acte. Un appel à candidatures est lancé dans la foulée. Le Gabon sera l'heureux élu. Ce choix fera grincer des dents pour des raisons d'ordre géographique, sinon géopolitique : avec trois éditions attribuées en moins d'une décennie (Gabon - Guinée équatoriale en 2012, Guinée équatoriale seule en 2015, Gabon seul en 2017) à la zone CEMAC (Afrique centrale), la CAF, alors présidée par le Camerounais Issa Hayatou, est accusée de faire preuve de favoritisme. Mais les rebondissements les plus spectaculaires du feuilleton du calendrier de la CAN sont encore à venir.

Le second épisode de la saga est à retrouver cette semaine...