Le football africain aux Jeux Olympiques, histoire d'une montée en puissance

L'Égypte, le Maroc, le Mali et la Guinée représenteront l'Afrique au tournoi de football des Jeux Olympiques de Paris 2024. Avant de voir les représentants du continent défendre leurs chances sur les pelouses françaises, retour à travers cinq dates clés sur les parcours marquants des équipes africaines à l'occasion des précédentes olympiades.
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Le football africain aux Jeux Olympiques, histoire d'une montée en puissance (1)
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1920 : l'Égypte pionnière solitaire


Il faut remonter à l'édition 1920 organisée à Anvers (Belgique), sixième de l'ère moderne, pour trouver avec l'Égypte la première trace d'une participation africaine aux Jeux Olympiques de football. L'équipe nationale du pays des Pharaons dispute à cette occasion son premier match officiel, perdu contre l'Italie (2-1), le 28 août 2020. L'année suivante est fondée la Fédération égyptienne de football, qui adhèrera à la FIFA en 2023. L'Égypte participe aux trois éditions suivantes et se distingue en décrochant une première victoire, contre la Hongrie (3-0), en 1924, avant d'atteindre quatre ans plus tard les demi-finales et de s'incliner pour le bronze contre l'Italie (11-3). Incontournable, elle ne rate que l'édition 1956 sur forfait et revient en 1960 et en 1964 sous le drapeau de la R.A.U. (République Arabe Unie).

1964 : le Ghana et l'ère des indépendances


Premier pays colonisé d'Afrique subsaharienne à accéder à l'indépendance, la Gold Coast devenue Ghana est aussi la première nation post-coloniale à disputer les Jeux Olympiques, à Tokyo en 1964. Qualifiées à l'issue du tournoi pré-olympique de la CAF qui les voit surmonter l'obstacle tunisien (2-0, 1-2), les Black Stars sont versées dans le relevé groupe D, avec l'Argentine, le Japon, pays hôte, et l'Italie. Cette dernière ayant déclaré forfait, le chemin vers le second tour se trouve simplifié. Un nul contre l'Argentine (1-1) et une victoire sur le Japon (2-3) leur offrent la première place. Vainqueurs de leur première CAN un an plus tôt, les coéquipiers d'Edward Acquah subissent la loi de la République Arabe Unie (5-1) et s'arrêtent en huitièmes de finale. Ce joli parcours ne sera pas le dernier du pays aux Jeux Olympiques : en 1992, il rapportera une médaille de bronze des JO de Barcelone.

1988 : la Zambie fait sensation


Après une première participation en 1980, la Zambie retrouve les Jeux en 1988, à Séoul. Sur les pelouses sud-coréennes, les Chipolopolo vont faire sensation. Après un nul contre l'Irak (2-2), les coéquipiers de Kalusha Bwalya humilient l'Italie (4-0)  à Gwangju et iront jusqu'en quarts de finale, défaits par la RFA (4-0). Leur exploit contre la Nazionale olympique a marqué les esprits. « Nous nous sommes surpris nous-même. Je pense que beaucoup de gens ont découvert l’existence de la Zambie ce jour-là !, dira Bwalya, auteur d'un triplé ce 19 septembre 1988. Nous étions venus en Corée du Sud sans réel objectif, sinon celui de laisser une bonne impression et faire de notre mieux. Je pense que notre performance a donné confiance à d’autres sélections africaines pour les JO ultérieurs. » La suite ne donne pas tort à celui qui échappa au crash de l'équipe nationale au Gabon en 1993 et remportera dans ce même pays la CAN 2012 dans le costume de président de la Fédération zambienne de football.

1996 : le Nigeria, à jamais le premier


Privée de CAN la même année en raison de tensions politiques avec l’Afrique du Sud, les Super Eagles ont à cœur de réaliser un bon tournoi olympique, après trois tentatives infructueuses en 1968, 1980 et 1988. Les arguments ne manquent pas pour une équipe victorieuse de la CAN 1994 et devenue cette même année huitième de finaliste du Mondial, déjà aux USA, pour sa première participation. Depuis 1992, les Jeux Olympiques sont réservés aux joueurs de moins de 23 ans. L'année 1996 est marquée par la possibilité de prendre trois joueurs maximum dépassant cet âge. Pour la jeune équipe nigériane, plus beau vivier de talents de son époque, il s'agira de Daniel Amokachi (Everton), Emmanuel Amunike (Sporting Portugal) et Uche Okechukwu (Fenerbahçe). Après des débuts timides, les Super Eagles vont monter en puissance au fil des tours. Battus en poules par le Brésil (1-0), ils prennent leur revanche en demi-finales. Au terme d'une rencontre à rebondissements, les hommes du Néerlandais Jo Bonfrère s'imposent (4-3) sur un but en or, signé Nwankwo Kanu. C'est l'Argentine qui se présente face à eux en finale. Après un nouveau match poursuite, le Nigeria l'emporte sur le fil grâce à Emmanuel Amunike. L'Afrique tient son premier titre olympique en football.

2000 : le Cameroun indompté à Sydney


Vainqueur en début d'année de la CAN, le Cameroun retrouve les Jeux Olympiques seize ans après sa première participation. Sans pression, les partenaires de Patrick Mboma sortent d'une poule où sont également logés les États-Unis, le Koweït et la République tchèque. Baladés entre Brisbane et Canberra, ils ne découvriront la cité olympique qu'en finale. Avant cette dernière étape, au Stade Olympique et devant 114.000 spectateurs, les Lions Indomptables ont fait honneur à leur surnom en écartant le Brésil après prolongation (1-2) puis le Chili, sur le même score, à Melbourne. Menés (2-0) par l'Espagne à la pause, les coéquipiers du jeune Samuel Eto'o, buteur ce jour-là, reviennent en cinq minutes (53e, 58e) avant de s’imposer lors de la séance de tirs au but (5-3). « Les joueurs camerounais aiment l’attaque. Ma politique c’est que si nous attaquons l’autre équipe, elle ne peut pas nous attaquer », expliquera Jean-Paul Akono, le sélectionneur. Plusieurs joueurs prennent dans la foulée l'avion pour Paris, où un amical contre la France les attend le 4 octobre. Auréolé de sa gloire olympique, Patrick Mboma inscrira au stade de France un but devenu mythique (1-1). Même si quelques médailles sont venues enrichir le palmarès continental, aucune équipe africaine n'a fait aussi bien que le Nigeria et le Cameroun depuis.