Les Comores et la Gambie s'apprêtent à disputer au Cameroun la première CAN de leur histoire. Avant le coup d'envoi de l'épreuve, qui sera donné le 9 janvier prochain, retour sur le parcours de ces "bleus" du football continental.
L’élargissement du plateau de la Coupe d’Afrique des Nations de seize à vingt-quatre équipes offre à certains pays émergents la possibilité de connaître pour la première fois le bonheur (et les honneurs) d’une phase finale. Encore faut-il bien travailler, hausser son niveau et en profiter pour se glisser dans ce Top 24 continental. Ce fut le cas du Burundi, de Madagascar et de la Mauritanie en 2019. Des ces trois équipes seule la dernière nommée sera de nouveau de la fête l’an prochain au Cameroun. Cette fois, ce sont les Comores et la Gambie qui feront office de petits nouveaux.
Pour le petit archipel de l'océan Indien, cette qualification récompense la ténacité de tout un groupe. Les frustrations de la précédente campagne qualificative, qui avait vu l'équipe échouer sur tapis vert face au Cameroun, ont été chassées. Les Comores, deuxièmes d’un groupe comportant aussi l’Egypte, le Kenya et le Togo, se sont cette fois donné le droit de rêver. Pour disputer la première CAN de l'histoire de la jeune nation, Amir Abdou et son staff ont joué la carte de la continuité, tout en ouvrant le groupe par petites touches. Sortis précocement de la course au Mondial 2022, les Cœlacanthes ont répété leurs gammes dans des matchs amicaux. Ce travail minutieux permettra-t-il à l'archipel de faire aussi bien que Madagascar en 2019 ?
Le travail de deux hommes
A la tête de l'équipe depuis 2014, Amir Abdou a la conviction que c'est possible. Ce Franco-Comorien de 49 ans est parti d’une coquille pratiquement vide pour donner consistance au rêve de tout un peuple, dont l'ensemble des composantes est représenté dans l’équipe (Grande-Comore, mais aussi Anjouan et Mohéli, les autres îles de l'archipel - si l'on met à part Mayotte, restée dans le giron français lors du référendum sur l'indépendance en 1974 et devenu un département et région d’outre-mer en 2009). En se basant presque exclusivement sur les enfants de la diaspora comorienne, souvent établie dans la région marseillaise dont il est lui-même originaire, le sélectionneur, qui cumule depuis 2020 ses fonctions avec celles d'entraîneur du club mauritanien du FC Nouadhibou, a toujours gardé le cap, malgré des conditions pas toujours évidentes.
C’est aussi le cas de la Gambie, sortie première d’une poule où étaient logés le Gabon (également qualifié), la RDC et l’Angola. Pas un mince exploit pour ce petit pays imbriqué dans le territoire sénégalais, dont l'équipe compte parmi les moins bien classées du continent, avec une 150ème place au classement FIFA de décembre 2021. Une génération prometteuse – menée par des joueurs titulaires en Serie A comme Omar Colley (Sampdoria) ou Musa Barrow (Bologne), si l'on s'en tient aux plus connus – a trouvé là une récompense des efforts fournis depuis quelques années sous le maillot national. Eux aussi éliminés des éliminatoires du Mondial 2022 avant les phases de poules, les Scorpions se sont préparés dans la discrétion, en multipliant les galops d'essai face à des adversaires très hétéroclites.
Autre point commun avec les Comores, la Gambie a choisi de laisser du temps à son encadrement technique : en poste depuis 2018, le sélectionneur Tom Saintfiet (48 ans) a du reste signé un nouveau bail de cinq ans une fois la qualification décrochée. Comme son homologue comorien, le technicien belge, grand voyageur devant l'éternel (il a coaché une demi-douzaine d'équipes nationales dont la Namibie et le Togo avant d'atterrir à Banjul), a tiré la quintessence d'un réservoir de joueurs répartis à travers l'Europe. Si leurs profils respectifs les opposent, l'enfant du pays Amir Abdou et l'oiseau migrateur Tom Saintfiet partagent l'approche d'avoir managé comme un club l'équipe nationale dont ils ont la charge, en sachant où ils vont sans oublier d'où ils viennent, en l'occurrence les tréfonds du football africain. Une approche qui va désormais subir l'épreuve du feu d'une phase finale.
Ce qui les attend à la CAN :
Versées dans le groupe C, logé à Yaoundé, les Comores débuteront face au Gabon, le 10 janvier. Les Cœlacanthes affronteront ensuite le Maroc le 14 janvier, avant de conclure leur premier tour face au Ghana le 18.
Quant à la Gambie, elle évoluera à Limbé dans le groupe F. Les Scorpions y rencontreront successivement la Mauritanie (12 janvier), le Mali (16 janvier) et la Tunisie (20 janvier).