Ligue des Champions : l'ASEC Mimosas refleurit à Abidjan

Déjà qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des Champions, l'ASEC Mimosas s'est assurée la première place de son groupe dès la cinquième et avant-dernière journée de la phase de poules. La récompense d'un parcours régulier pour le club historique d'Abidjan, qui poursuit son œuvre formatrice.
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PA Images / Icon Sport
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Moins de deux semaines après la victoire des Eléphants d'Emerse Faé lors de la CAN 2023, Abidjan a été le théâtre d'une autre réussite pour le football ivoirien. L'ASEC Mimosas a réussi face aux Tanzaniens de Simba SC un match nul (0-0) qui lui assure la première place de sa poule qualificative en Ligue des Champions et lui permet d'entrevoir un tirage favorable en quarts de finale, le mois prochain. La récompense d'un parcours sans faux-pas, qui a vu les « Mimos » éliminer les Camerounais de Coton Sport de Garoua puis les Libyens d'Al-Ahli Benghazi avant de tirer profit de sa régularité dans le groupe B, avec une victoire sur le Wydad Casablanca, deux face aux Botswanais de Jwaneng Galaxy et deux nuls contre Simba. La sixième et dernière journée les verra jouer, sans pression, les arbitres pour la qualification, samedi sur la pelouse du Wydad.

Demi-finaliste de la Coupe de la Confédération la saison dernière, l'ASEC est donc en train de confirmer à l'échelon supérieur et s'affirme comme le meilleur représentant ouest-africain dans les compétitions interclubs de la CAF. Derrière cette réussite, le travail d'un homme, sur le banc de l'équipe depuis 2019, le Français Julien Chevalier. « On revient sur la scène continentale, se félicitait le jeune technicien sur les ondes de RFI au début du mois. La Côte d'Ivoire avait beaucoup de difficultés à ce niveau-là. Le club est l'un des derniers résistants, qui fait que l'on parle malgré tout du football local. C'est une fierté. On fait revivre des souvenirs et on redonne de l'espoir. » La seule et unique victoire de l'ASEC en Ligue des Champions africaine commence en effet à dater, puisque ce sacre remonte à 1998.

Un effectif en mouvement perpétuel


Le parcours réussi des derniers mois récompense un groupe aux contours mouvants. Car l'ASEC, 29 fois champion national, vit en grande partie de la vente de ses meilleurs éléments. Buteur numéro un de la fin 2023 avec quatre réalisations, le joker offensif Karamoko Sankara a été transféré cet hiver au club autrichien du Wolfsberger AC. « Nous restons axés sur l'exigence, avec la recherche constante de solutions pour s'améliorer », poursuit Julien Chevalier, qui explique le fonctionnement de l'Académie Mimosifcom, au centre d'entraînement de Sol Béni, dans le quartier de Cocody. « Tous les joueurs du centre n'ont pas le niveau pour venir en équipe première tout de suite. Certains auront besoin d'aller ailleurs parfaire leur formation, avec des outils encore meilleurs. Certains partiront avant de jouer en pros. Nous puisons surtout dans le championnat local. Il y a un potentiel en Côte d'Ivoire, mais il faut encadrer ces jeunes joueurs. »

À l'image de Stéphane Aziz Ki. Parti trop tôt en Europe et revenu terminer sa formation à Sol Béni, ce talentueux milieu offensif est devenu international burkinabè et a disputé la CAN 2023 avec les Etalons. Il fait partie des dix joueurs passés par l'ASEC, créé dans les années 1947-1948 par un groupe d’employés du commerce et de fonctionnaires, à avoir pris part à cette trente-quatrième édition. Côté ivoirien, impossible de ne pas citer les jeunes talents tels que Karim Konaté, Oumar Diakité ou encore Odilon Kossounou, héritiers des grands anciens. Qu’ils soient encore en activité comme Jean-Michaël Seri, ou de glorieux retraités comme Yaya Touré, Kolo Touré, Didier Zokora, Romaric, Gervinho et autre Bakari Koné, issus de la grande époque de Jean-Marc Guillou, fondateur de l'Académie. « L'ASEC est un bon tremplin pour apprendre l'exigence du haut niveau avant d'aller exporter son talent ailleurs », résume Julien Chevalier, passé par la direction du centre avant de prendre les rênes de l'équipe première.

Des infrastructures en cours de modernisation


Avec 2 milliards de FCFA (soit environ 3 millions d'euros), la vente de joueurs fait tourner un club qui n'en oublie pas pour autant de se projeter à long terme, avec deux axes de travail : l'augmentation des recettes billetterie, qui ne représentent à date qu'un peu plus de 1% du chiffre d'affaires total, et la modernisation des infrastructures du club. Dans les tuyaux, la construction d'un nouveau centre d'entraînement à Bingerville, quartier d'Abidjan où l’équipe doit déménager l'an prochain, en parallèle de la transformation de Sol Béni. De quoi améliorer l'assise économique d'un club aujourd'hui incapable de lutter à armes égales avec les club nord-africains ou tanzaniens, les plus riches du continent. En attendant, l'ASEC a grillé la politesse à nombre d'entre eux au moment de décrocher la qualification pour les quarts de finale de la Ligue des Champions.