Sans surprise, Walid Regragui a été nommé sélectionneur du Maroc la semaine dernière. Auréolé du doublé championnat-Ligue des Champions réussi avec le Wydad Casablanca, le successeur de Vahid Halilhodzic dispose de moins de trois mois pour bien préparer les Lions de l'Atlas à la Coupe du monde au Qatar. Un sacré défi.
A Walid Regragui de jouer ! Annoncée depuis le départ de Vahid Halilhodzic début août, l’officialisation du natif de Corbeil-Essonnes au poste de sélectionneur du Maroc a été effectuée mercredi dernier par la Fédération royale marocaine de football (FRMF). A moins de trois mois de la Coupe du monde, celui qui succède à coach Vahid s'est vu fixer des objectifs « clairs et précis » par son employeur. « Ils s'articulent essentiellement autour de la qualification pour les demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations Côte d’Ivoire 2024 et la phase finale de la Coupe du Monde 2026 », a précisé Fouzi Lekjaa, le président de la FRMF.
Si le Maroc entend donc s'inscrire dans la durée avec son nouveau sélectionneur, ce dernier se trouve d'entrée face à une première mission de taille, la plus grande de son mandat peut-être : la Coupe du monde 2022, qui débute fin novembre prochain au Qatar. Qualifiés sous le règne de l'inflexible Vahid Halilhodzic, les Lions de l'Atlas ont décidé de s'en remettre à un technicien plus jeune (46 ans) et plus connecté aux réalités locales, puisqu'il sort d’une saison historique avec le Wydad Casablanca, qu'il a conduit à un retentissant doublé championnat-Ligue des Champions. En moins de trois mois, que doit faire, et que peut faire Walid Regragui pour que ce Mondial, qui a placé le Maroc dans un groupe F très relevé (Belgique, Croatie, Canada), soit une réussite ?
« Walid, c'était la meilleure solution »
Lors de sa conférence de presse de présentation, celui qui succède à coach Vahid s’est montré partagé entre détermination et pragmatisme. « Le public marocain attend de bons résultats. On espère faire de grandes choses. On va tout donner pour vous rendre heureux. J’ai actuellement un projet à court terme, l’objectif étant de se préparer pour la Coupe du monde », a déclaré Regragui aux médias. Passé sous les ordres du nouveau sélectionneur quand ce dernier entraînait le FUS Rabat, Jamel Aït Ben Idir estime que le choix de Walid Regragui était le plus adapté à la grande proximité de l'échéance mondiale.
« C'était la meilleure solution. Il n'y a pas beaucoup de temps avant le Mondial, il faut donc aller vite. Walid connaît le contexte marocain, que ce soit les binationaux ou les joueurs de Botola. Il sait comment les prendre psychologiquement. L'aspect mental sera déterminant, car il faut concerner immédiatement les joueurs, les sensibiliser à l'objectif précis de bien figurer en Coupe du monde et surtout mettre en place ses idées de jeu le plus rapidement possible », analyse Jamel Aït Ben Idir, qui souligne les qualités de meneur d'hommes du nouveau sélectionneur national. « Pour bien le connaître, sa qualité principale réside dans la gestion des hommes. Walid a cette capacité de tirer le meilleur de chacun. On l'a vu avec le Wydad, alors que l'effectif avait certaines limites. Je sais qu'il a longtemps été inspiré par José Mourinho, qui rappelait que l'important était de tirer le meilleur de chaque joueur à des moments précis. »
Ziyech, un cas épineux
Afin d'exprimer ces qualités, Walid Regragui va devoir trancher certains cas épineux. « Je ne peux pas changer la base de l’équipe qui existe, mais je vais apporter une ou deux retouches », a-t-il lui-même indiqué lors de son premier contact point de presse en tant que sélectionneur. « Le dossier Ziyech devra être géré avec beaucoup de diplomatie. Il y a des questions d'ego et de réintégration dans le groupe, mentalement et physiquement, car il joue peu en club. Pour réussir en sélection, il faut savoir jongler entre les joueurs du WAC et du Raja (que Vahid Halilhodzic avait écarté dans leur quasi-totalité, ndlr). Mais Walid sait le faire, il l'a prouvé depuis le début de sa carrière. Il est secondé par Rachid Ben Mahmoud qui excelle également dans cet aspect des choses. Car ce n'est pas une mission commando, mais ça y ressemble ! »
Walid Regragui comptera donc sur sa capacité à manager un groupe et à ramener en son sein la vie et les sourires qui avaient progressivement disparu sous le règne de son prédécesseur, longtemps protégé par ses résultats, jusqu'à ce qu'une défaite humiliante en amical face aux Etats-Unis (3-0), le 2 juin à Cincinnati, souligne les lacunes collectives et rogne le peu de crédit qu'il lui restait. Privé du temps nécessaire à une révolution tactique, le nouveau patron des Lions de l'Atlas devra néanmoins résoudre certaines équations technico-tactiques. Dont celle-ci, relevée par Jamel Aït Ben Idir : comment faire jouer Achraf Hakimi et Noussair Mazraoui, revenu en équipe nationale après une brouille et évoluant au même poste que le joueur du PSG ? « Il va falloir les faire cohabiter, estime l'ancien joueur du Havre. On ne peut pas ramener Mazraoui et le mettre sur le banc. C'est une plus-value évidente, qui doit se traduire sur le terrain, et cela fait partie du défi de Walid. »
Deux tests en Espagne
« Chaque joueur marocain peut intégrer l’équipe nationale, le plus important c’est d’avoir le niveau et de le montrer sur le terrain », a indiqué Walid Regragui. La porte n’est donc fermée à personne aux yeux du nouveau sélectionneur : voilà qui tranche avec les choix parfois radicaux de son prédécesseur. Mais jusqu’à quel point le groupe sera-t-il rouvert ? Les matchs amicaux du mois de septembre, programmés face au Chili (le 23 à Barcelone) et au Paraguay (le 27 à Séville), apporteront une première réponse. Et peut-être la seule : la Coupe du monde débute le 21 novembre au Qatar.