Maroc : Sofyan Amrabat, la sentinelle crève l’écran

Homme de base de Walid Regragui pour la Coupe du monde 2022, Sofyan Amrabat enchaîne les prestations de haute volée au poste de sentinelle dans le milieu à trois du Maroc. Gros plan sur le profil et la trajectoire d’un acteur important de l’épopée des Lions de l’Atlas.
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AI / Reuters / Panoramic
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Un seul but. Une balle détournée dans ses propres filets par Nayef Aguerd, à la 40ème minute du match contre le Canada. Après 390 minutes de jeu, soit quatre matchs et une prolongation contre l'Espagne, en huitièmes de finale, le Maroc présente la défense la plus hermétique de la Coupe du monde 2022. Déjà très solides sous le règne de Vahid Halilhodzic, les Lions de l'Atlas le sont plus que jamais depuis la nomination de Walid Regragui au poste de sélectionneur. Les grandes qualités du gardien de but Yassine Bounou, auteur de deux parades lors de la série de tirs au but face à la Roja, et de la charnière centrale Romain Saïss-Nayef Aguerd, ont été unanimement soulignées, mais un autre élément joue un grand rôle dans la fermeture à double tour du coffre-fort marocain : le milieu de terrain défensif Sofyan Amrabat, qui fait honneur à l'expression de « sentinelle » de l'entrejeu.

La sentinelle monte en puissance


Les chiffres ne mentent pas : ce grand gaillard (1m85) au crâne bien rasé et à la barbe bien taillée est le meilleur joueur de son équipe à la récupération, à la relance et dans l'agressivité. De quoi ravir son sélectionneur. « Il est en train de passer un cap dans ce rôle de premier relanceur et premier défenseur devant la défense », s'est félicité Walid Regragui après la qualification de ses hommes pour les quarts de finale. Un avis partagé par l'ancien milieu de terrain international marocain, Jamel Aït Ben Idir. « Il monte en puissance. Il a élevé son niveau, et c'était nécessaire, estime l'ancien joueur du Wydad Casablanca. Le style de jeu actuel du Maroc le met pleinement en valeur. Il montre un gros volume de jeu, beaucoup d'agressivité. Mais pas seulement. Il lit aussi très bien le jeu. »

Aux quatre coins du terrain, Sofyan Amrabat se place parfaitement pour couper les trajectoires et les attaques adverses. « Il récupère énormément de ballons dans les pieds, il est très fort dans les duels, mais il en récupère aussi beaucoup par anticipation », poursuit Jamel Aït Ben Idir, également séduit par la qualité de ses orientations de jeu. « Il relance propre, il joue simple, on ne le verra pas faire des roulettes. Il connaît ses qualités et il les optimise. C'est un garçon intelligent et rassurant. Et Walid (Regragui) a besoin d'être rassuré par ses cadres. Il compense et comble les écarts de ses partenaires. Il y a un Maroc avec Amrabat et sans Amrabat. »

Au nom du frère


Frère cadet de Nordin Amrabat, l'ailier et meilleur joueur marocain du Mondial 2018, Sofyan a joué pour les sélections néerlandaises de jeunes avant d'opter pour le pays de ses ancêtres. Formé au FC Utrecht, passé par le prestigieux Feyenoord et le FC Bruges, le joueur de 26 ans va gravir les échelons progressivement. Plus introverti que son aîné, c'est en prêt au Hellas Vérone sous les ordres du Croate Ivan Juric, adepte du football total façon Atalanta Bergame, qu'il révèle l'étendue de son registre, en 2019-2020. La Fiorentina le recrute en 2020, et c'est après le départ de l'Uruguayen Lucas Torreira l'été dernier qu'il s'y impose pleinement.

Annoncé sur les tablettes de grosses cylindrées anglaises, Sofyan Amrabat pourrait écrire la suite de sa carrière en Premier League. « Il est prêt pour un club qui joue les premiers rôles en Ligue des Champions », assure Jamel Aït Ben Idir. « Il a le niveau pour intégrer ces effectifs-là », ajoute l'ancien Havrais, qui trouve toutefois des axes de progression à la sentinelle. « Il doit être encore meilleur dans l'utilisation du ballon, en particulier dans le jeu long. Il joue souvent court, même si c'est aussi le jeu qui le veut. Il devrait aussi tenter des frappes de loin pour ajouter des lignes statistiques à sa palette. Mais c'est un joueur complet. Cela fait longtemps que le Maroc n'avait pas eu un milieu défensif de ce calibre-là. Il bonifie les autres et leur permet de briller. » Le Maroc comptera encore sur son abattage samedi face au Portugal, en quarts de finale, pour devenir la première équipe africaine dans le dernier carré d'une Coupe du monde.