Fil d'Ariane
Fleur Jong vient d'être sacrée championne du monde de para saut en longueur lors des Mondiaux de para athlétisme à Paris. Un éternel sourire aux lèvres, l'athlète de 27 ans, amputée des deux jambes, milite pour montrer qu'"un handicap n'est pas une limite".
Fleur Jong des Pays-Bas lors de la finale féminine du saut en longueur T62 lors des Jeux paralympiques de 2020 au stade national de Tokyo, le samedi 28 août 2021. L'athlète vient de remporter le titre de Championne du monde à Paris.
Ses prothèses de course à ses côtés, Fleur Jong prend le temps d'expliquer aux médias venus la rencontrer sa façon de marcher au quotidien."Je saute avec la jambe gauche", détaille la Néerlandaise, en joignant les gestes à la parole.
C'est sa jambe gauche, justement, qui vient de la propulser au sommet mondial à 27 ans, dans la catégorie T64. Un titre de plus, le seul qui manquait au palmarès de cette grande athlète aux cheveux blonds, notamment championne d'Europe en 2021 en Pologne (sur 100m et au saut en longueur), et championne paralympique de la longueur à Tokyo la même année.
"J'ai complété le tableau, c'est historique. Bien sûr je veux plus mais c'est une première étape", se réjouit Fleur Jong. Aujourd'hui elle est "une championne complète".
Si je voulais être une vraie championne, je devais surmonter ce moment. Fleur Jong
Grande favorite de l'épreuve, elle a pourtant d'abord mordu ses deux premiers essais, s'exposant à une possible élimination en cas de troisième échec. "C'était un peu effrayant, je ne vais pas mentir", raconte-t-elle. "J'ai parlé avec mon entraîneur, j'ai été honnête avec lui je lui ai dit 'j'ai peur, je panique, aide moi' et il m'a dit qu'on allait reculer un peu, que je devais courir de la même manière".
Au final, elle réalise le record des championnats du monde grâce à un saut de 6,28m. "Si je voulais être une vraie championne, je devais surmonter ce moment", juge t-elle.
Un peu plus de dix ans plus tôt, un premier obstacle s'oppose à elle quand, à l'approche de ses 17 ans, une infection bactérienne du sang lui cause un choc toxique. Les premiers symptômes du choc toxique font penser au virus de la grippe, mais lorsque les toxines sont libérées dans la circulation sanguine et se propagent aux organes, la maladie peut rapidement mettre votre vie en danger. C’est ce qui est arrivé à la jeune athlète. Vingt-quatre heures après le début de la maladie, elle perd son pied droit, la moitié de son talon gauche et la moitié de huit doigts.
"Je suis rentrée de l’école avec ce que je pensais être un rhume. Moins de 24 heures plus tard, hospitalisée d’urgence, les médecins se battaient pour me garder en vie", explique-t-elle sur le site Ossur. Entourée de sa famille, d’amis et d’un prothésiste expérimenté, Fleur entame sa rééducation. Un an après sa maladie, elle prend "la décision la meilleure et la plus importante de sa vie" : être amputée du pied gauche pour bénéficier de meilleures prothèses. Appareillée de lames de course, la jeune femme commence un entrainement à temps complet.
Moins de trois ans plus tard, elle décroche le bronze aux Mondiaux de Doha (2015) sur 200m, avant de glaner ses premiers titres et multiplier les records du monde du 100m et du saut en longueur.
Et parmi ses inspirations figure la triple médaillée d'or paralympique Marie-Amélie Le Fur, une "grande championne". Cette dernière lui a promis, "je viens te voir aux Mondiaux, j'amène mes parents", se souvient Fleur Jong, "fière qu'elle puisse (la) voir sauter", déclare-t-elle dans un sourire.
L'athlétisme est amusant, le saut en longueur est l'une des plus belles épreuves, alors si je ne prends pas de plaisir, qu'est ce que je fais ici ? Fleur Jong
Un sourire qu'elle semble garder en permanence, même avant son épreuve. "L'athlétisme est amusant, le saut en longueur est l'une des plus belles épreuves, alors si je ne prends pas de plaisir, qu'est ce que je fais ici ? J'essaie toujours de m'amuser, même si c'est difficile quand on est nerveuse".
"Ensemble, nous célébrons la beauté à travers nos différences plutôt que nos similitudes. C'est ce qui nous rend uniques. C'est ce qui nous rend intéressants. Fier de recevoir ce prix et de montrer comment tout le monde, même après un revers dans la vie comme le mien perdant mes jambes, il n'est pas nécessaire de se laisser abattre. La beauté est dans la fierté, la confiance et l'amour de soi. Chaque corps mérite d'être vu et je suis très fier du fort que j'ai !", a posté Fleur Jong sur son compte instagram après avoir été désignée en juin 2023 comme "la plus belle athlète des Pays Bas".
Ma mission est de montrer qu’un handicap n’est pas une limite, on peut toujours faire plus que ce que l’on pense. Fleur Jong
“Ma mission est de montrer qu’un handicap n’est pas une limite, on peut toujours faire plus que ce que l’on pense”, écrit-elle sur le site de son sponsor.
Un autre grand rendez-vous l'attend : les Jeux paralympiques 2024 dans la capitale française. "Je suis toujours heureuse ici. Paris est prête, et j'ai hâte d'être à l'année prochaine".
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