PARIS 2024 : le silence est d'argent

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Kim Kum Yong

Les Nord-Coréens Ri Jong Sik, à droite, et Kim Kum Yong en finale du double mixte de tennis de table face aux Chinois Wang Chuqin et Sun Yingsha, aux Jeux olympiques de Paris, en France, le mardi 30 juillet 2024. 

(AP Photo/Petros Giannakouris)
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Tout voir, tout entendre et ne rien dire. La loi du silence est une règle, un art de (sur)vivre dans leur pays. Lorsqu'ils crient, poings levés, après une victoire, c'est déjà l'expression d'une humeur. Une transgression qui laisserait presque la foule mutique. Ils intriguent. Ils surprennent. Ils gagnent. Dès leur sortie du terrain, une nuée de journalistes les course. Les questions fusent. Les points d'interrogation restent en suspension. Rien. Pas un mot. Frustrant. 
 

Pour les mettre à table, il faut les regarder déguster leurs adversaires. Là, c'est une succession de "Oh", "Waouh", "Ouf"... Des onomatopées pour dire que la paire nord-coréenne laisse sans voix. Depuis le début du tournoi olympique de tennis de table en double mixte, elle déboulonne toutes les meilleures équipes mondiales. Les statues en bronze des défunts pères fondateurs nord-coréens (Kim Il-Song et Kim Jong Il), n'ont qu'a bien se tenir à Pyongyang au pays ! 

Kim Kum Yong

Les Nord-Coréens Ri Jong Sik, à droite, et Kim Kum Yong en finale du double mixte de tennis de table face aux Chinois Wang Chuqin et Sun Yingsha, aux Jeux olympiques de Paris, en France, le mardi 30 juillet 2024. 

(AP Photo/Petros Giannakouris)

Lui s'appelle Ri Jong-sik, 24 ans, il est droitier. Elle, Kim Kum-Yong, 22 ans, elle est gauchère. Selon les registres de la fédération internationale de Tennis de table, ils pointent respectivement à la 322e et 509e places mondiales. Pas des foudres de guerre, du moins sur le papier. La Corée du Nord reste le pays le plus fermé au monde, ses athlètes ne sortent que rarement du pays. Leur niveau réel est donc souvent galvaudé.

Kim Kum Yong

Kim Kum Yong et Ri Jong Sik célèbrent leur victoire face aux Hongkongais Doo Hoi Kem  et Wong Chun Ting en demi-finale du double mixte en tennis de table aux Jeux Olympiques de Paris, le 29 juillet 2024.

(AP Photo/Petros Giannakouris)

Le duo n'a été vu ensemble qu'une seule fois dans une compétition, au tournoi de qualification olympique, apprend-on de la bouche des autres délégations. Rien de plus. À une époque où tous les sports sont décortiqués à la vidéo, à la data, il y a quelque chose de jouissif, presque de romantique, à reconnaître que la plus grande force de ces deux pongistes est d'être des inconnus. 

Kim Kum Yong

Les Nord-Coréens Ri Jong Sik et Kim Kum Yong avec leurs médailles de bronze durant la cérémonie de remise des médailles du du double mixte en tennis de table aux Jeux Olympiques de Paris, le 30 juillet 2024. 

(AP Photo/Petros Giannakouris)
La Corée du Nord n'en est pourtant pas à son coup d'essai. En 1992, aux JO de Barcelone, le pays avait glané deux médailles de bronze en tennis de table. En 2006 à Rio, une joueuse, inconnue, avait surpris tout le monde en montant sur la troisième marche du podium en individuel. L'histoire des mystérieux pongistes nord-coréens n'est donc pas une première. Mais chut ! Tout voir, tout entendre et ne rien dire... Sauf peut-être qu'ils ont décroché la médaille d'argent à Paris !