Après un Mondial de football éclatant, le Qatar table plus que jamais sur le sport pour accéder à une visibilité optimale sur l’échiquier international. Continuant sur sa lancée, il se propose d’organiser les Jeux olympiques. D’ici là, il accueille un Grand Prix de la Formule 1.
Le circuit de Lusail au Qatar
Verra-t-on un jour les cyclistes du Tour de France ahaner à travers désert, oasis et dunes de la Péninsule arabique ? La question n’a rien d’incongru. N’a-t-on pas déjà vu, en effet, la course du Paris-Dakar se déployer en Arabie saoudite non sans avoir opéré un grand écart par l’Amérique du Sud ?
Qui plus est, le succès éclatant du Mondial au Qatar a-t-il donné des ailes à des dirigeants aux yeux desquels rien n’est trop cher. Désormais, après avoir habilement jeté leur dévolu sur l’art, le cinéma et la mode rien de ce qui est le sport ne saurait leur rester étranger. Ainsi, l’Arabie saoudite se propose-t-elle d’accueillir les Jeux asiatiques… d’hiver de 2029, à Neom, une cité futuriste encore en chantier.
Dans cette course à la visibilité à travers la célébration du sport, le Qatar a pris une confortable avance, galvanisé qu’il est par le sans faute du Mondial. Du coup, postule-t-il déjà pour accueillir rien moins que les Jeux olympiques. En attendant, il vient d’organiser, début octobre 2023, le Grand Prix du Qatar de Formule1.
Lancé courant 1950, le championnat du monde de F1 est le rendez-vous international le plus médiatisé, juste après le Mondial et les Jeux Olympiques. Organisé depuis lors en Amérique du Nord, en Europe de l’Ouest avec des crochets par l’Amérique du Sud ou l’Asie, il débarque dans le Golfe à partir de 2004, d’abord au Bahreïn puis à Abou Dhabi, en Arabie saoudite et, enfin, au Qatar en 2021.
Pour sa deuxième édition au Qatar en 2023, Doha n’aura épargné aucun effort ni dépense afin de lui donner un écho international optimal. Le pays qui s’initie à ce type de rendez-vous sportif lequel requiert un équipement conséquent a mis un point d’honneur à le doter d’une logistique dernier cri, de la qualité du circuit à l’aménagement « high tech » de la tribune, sans oublier la couverture médiatique.
Mieux, l’émirat qui organise déjà depuis 2004 le Grand Prix de Moto –en catégorie MotoGP- en profite également pour y tenir le prestigieux Salon international de l’automobile de Genève –bientôt centenaire !- ou GIMS, salon assorti, pour le coup, d’une imposante exposition de voitures de collection, où la Rolls Royce, fort prisée des riches locaux, tient la vedette.
Bien entendu, au-delà de l’aspect sportif –et festif- de ces rendez-vous, le Qatar, à l’instar de ses voisins, perçoit un indéniable intérêt politique à accueillir la Formule1, ne serait-ce que pour la gratifiante visibilité internationale qu’il en retire. Soucieux d’en renouveler l’organisation, l’émirat dispose désormais d’un contrat avec la Formule 1 pour en accueillir le Grand Prix d’ici encore dix ans, au prix annuel de 52 millions de dollars.
En raison de cet activisme sportif, le Qatar se voit à chaque fois accusé de se livrer à tout crin au « sportwashing », c'est à dire redorer par le sport l'image d'un pays, et donc de projeter le visage d’un Qatar moderniste et ouvert, tolérant et pacifique. Interrogé sur ce sujet par la BBC Sport, Stenafo Domenicalli, le patron de la Formule 1, indique que les contrats liant la F1 au Qatar et à l’Arabie Saoudite incluent une clause sur la question, cruciale, des droits humains. "Je ne crois pas que le fait de couper les liens avec ces pays et de dire qu’on ne veut pas s’y rendre améliorera la situation. Ce serait même le contraire", conclut-il.
Les foules de touristes qui affluent des cinq continents lors de ces rendez-vous sont désormais un enjeu majeur. Outre l’intérêt pour l’économie du pays, autant pour la Qatar Airways, la compagnie nationale, que pour l’hôtellerie et le shopping, Doha escompte que chaque visiteur sera le vecteur implicite d’une image flatteuse du pays.
Alors qu'il restait six Grand Prix avant la fin de la saison, le Néerlandais Max Verstappen remporte le championnat du monde de Formule 1 sur le circuit de Lusail dans la périphérie de Doha. Ce Grand Prix du Qatar s'est soldé, à la grande satisfaction des organisateurs, par l’arrivée de 200 000 amateurs accourus du monde entier.