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Plus de 370 millions de filles et de femmes dans le monde ont été victimes de viols ou d'agressions sexuelles pendant leur enfance ou leur adolescence, dénonce l'Unicef dans un rapport. Des violences d'une "ampleur alarmante", s'inquiète l'organisation onusienne.
Taïna, 15 ans, a subi des violences sexuelles en Haïti. Aujourd'hui, elle est sous protection et suit un soutien psychologique. Selon l'Unicef, une femme sur huit a subi des violences sexuelles durant son enfance.
Taïna (nom d’emprunt), une jeune Haïtienne de 15 ans, a été victime de violences basées sur le genre. Des hommes armés ont fait irruption chez sa tante, l’ont kidnappée puis ont incendié sa maison. Après plus d’une semaine de cauchemar, Taïna a pu s’échapper. Hébergée par OFAVA, une association partenaire de l’Unicef, elle bénéficie d’un ensemble de services comprenant un soutien médical et psychologique. Malgré tout, Taïna ne perd pas espoir, elle déclare : "J’évite de penser à tout ce qui s’est passé, je veux avancer et c’est pour cela que je prie tous les jours car je veux être une femme solide."
Comme elle, ce sont "plus de 370 millions de filles et de femmes en vie aujourd'hui - soit une sur huit - qui ont subi un viol ou une agression sexuelle avant l'âge de 18 ans", estime le Fonds des Nations unies pour l'enfance.
La violence sexuelle à l'encontre des enfants est une atteinte insupportable à notre conscience collective. Catherine Russell, directrice de l'Unicef
Et "si l'on inclut les formes de violence sexuelle sans contact, telles que les agressions verbales en ligne, le nombre de filles et de femmes touchées s'élève à 650 millions dans le monde, soit une sur cinq", s'alarme l'Unicef. Pour sa directrice Catherine Russell, "la violence sexuelle à l'encontre des enfants est une atteinte insupportable à notre conscience collective". Ces agressions et ces viols "provoquent des traumatismes profonds et durables, et sont souvent infligés par une personne de confiance, dans des environnements où l'enfant devrait se sentir en sécurité", dénonce la responsable onusienne.
L'Unicef s'émeut de "l'ampleur alarmante" de ces violences "à l'échelle mondiale", en particulier contre les adolescentes.
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Ces "toutes premières estimations mondiales et régionales sur la violence sexuelle à l'encontre des enfants" ont été dévoilées le 11 octobre 2024, à l'occasion de la "Journée internationale de la fille" des Nations unies. Des violences sexuelles qui ne connaissent pas de frontières géographiques, culturelles ou économiques.
Une jeune fille du district de Nyagatare au Rwanda participe à une session de formation sur l'application YAhealth, une plateforme numérique conçue pour fournir aux jeunes des informations en matière de santé, notamment la santé sexuelle et reproductive, la santé mentale, le VIH/SIDA, la violence contre les enfants, la violence fondée sur le genre.
L'Afrique subsaharienne compte le plus grand nombre de victimes (79 millions de filles et de jeunes femmes touchées, soit 22% de sa population), avant l'Asie de l'Est et du Sud-Est (75 millions, 8%). Viennent ensuite les 73 millions de victimes en Asie centrale et du Sud (9% de la population), 68 millions en Europe et en Amérique du Nord (14%), 45 millions en Amérique latine et dans les Caraïbes (18%), 29 millions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (15%) et six millions en Océanie (34%).
Soniya Prajapati, étudiante infirmière de 20 ans (2e à droite), travaille comme conseillère communautaire dans le quartier de Rahul Nagar à Bhopa, en soutien aux enfants des rues qui risquent d'être victimes d'abus sexuels.
Les guerres, ainsi que les crises économiques et sociales, favorisent les agressions contre les filles, Catherine Russell, faisant le constat de "violences sexuelles atroces dans les zones de conflit, où le viol et la violence sexiste sont souvent utilisés comme armes de guerre".
75 millions de filles ont été victimes de violences sexuelles en Asie de l'Est et du Sud-Est (8 %), 73 millions en Asie centrale et du Sud (9 %).
Les lacunes persistantes en matière de données soulignent la nécessité d'investir davantage dans la collecte de données afin de saisir l'ampleur réelle de la violence sexuelle à l'encontre des enfants. Les chefs de gouvernements et la société civile, y compris les militants, les survivants et les plus jeunes, se préparent à se rencontrer lors de la première conférence ministérielle mondiale sur la violence à l'égard des enfants qui se tiendra en Colombie au mois de novembre 2024.
Les garçons aussi
Bien que les filles et les femmes soient plus nombreuses à être touchées et que leurs expériences soient davantage documentées, les garçons et les hommes ne sont pas épargnés, selon les données disponibles. On estime que 240 à 310 millions de garçons et d'hommes - soit environ 1 sur 11 - ont été victimes d'un viol ou d'une agression sexuelle pendant leur enfance. Cette estimation s'élève à 410 à 530 millions si l'on tient compte des formes sans contact.
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