Fil d'Ariane
Comme en 2019, un demi-million de femmes sont attendues dans les rues suisses ce 14 juin pour une nouvelle grève nationale. De nombreuses manifestations sont organisées pour demander l'égalité salariale, la fin des violences sexistes et sexuelles, et dénoncer les discriminations.
Le 14 juin est une date historique et emblématique de l'histoire des combats féministes en Suisse, en 2019, cette journée avait été marquée par une mobilisation historique, un demi-million de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer l'égalité des droits pour les Suissesses.
Petit retour en arrière : il y a cinq ans, le 14 juin 2019, dans le digne souvenir d'un certain 14 juin 1991, marquait un nouveau tournant décisif dans la mobilisation féministe en Suisse. Avec un demi-million de personnes - en grande majorité des femmes, mais aussi des hommes - manifestant dans les grandes villes suisses, cette mobilisation sociale était la plus importante depuis la grève générale de 1918.
C'est une immense vague violette, couleur de la grève des femmes, qui avait déferlé, tout d'abord dans les rues, puis au Parlement lors des élections fédérales. Jamais autant de femmes n'avaient alors été élues au Parlement lors des élections fédérales.
Mais encore aujourd'hui, en 2023, pour les organisatrices de la grève, les raisons de se mobiliser restent nombreuses : augmentation de l'âge de la retraite et réforme du 2e pilier en défaveur des femmes, violences sexistes, sexuelles et féminicides, inégalité salariale, racisme structurel, manque de financement des structures de garde, discriminations lgbtqi+, attaques contre le droit à l’avortement, etc …
Il faut néammoins reconnaitre quelques progrès enregistrés au cours de ces dernières années : nouvelle définition du viol dans la réforme du droit pénal sexuel, prévention contre la violence domestique, congé paternité ou encore médecine de genre, comme le cite notre partenaire la RTS sur son site.
Parmi les principales revendications de cette journée : l'écart de retraite entre les femmes et les hommes. "35 840 francs pour les femmes et 54 764 francs pour les hommes en 2020 (quasiment les mêmes sommes en euros), soit un écart de 34,6% selon l’OFS : ce chiffre ne bouge pour ainsi dire pas depuis des années (la moyenne européenne est de 29,4% selon Eurostat)", écrit Le Temps.
C’est comme si tous les jours, pendant toute leur vie, les femmes travaillaient pendant 2h46 sans que cela compte pour leur retraite". Catherine Frammery, Le Temps
"C’est comme si tous les jours, pendant toute leur vie, les femmes travaillaient pendant 2h46 sans que cela compte pour leur retraite", s'indigne la journaliste du quotidien suisse Catherine Frammery.
"A 13h33, les femmes se tiendront bras croisés en raison de l’écart salarial de 43,2% : 13h33, c’est une journée de travail de 8 heures moins 3 heures et 27 minutes, soit 43,2%.", précise-t-elle.
Enfin, dernier rendez-vous symbolique de cette journée de mobilisation : 15h24, "c’est l’heure à partir de laquelle les femmes travaillent gratuitement, en comparaison avec leurs collègues masculins («Equal Pay Hour»)."
Sur 46 membres de la Chambre des cantons, seulement 13 sont des femmes. "Cela ne représente que 28%" , relève la présidente du Conseil Brigitte Häberli-Koller.
Les sénatrices doivent être plus nombreuses (...) C'est une question de progrès. Brigitte Häberli-Koller présidente du Conseil
" Les sénatrices doivent être plus nombreuses (...) C'est une question de progrès. L'égalité fait partie de l'ADN de la Suisse", ajoute-t-elle sur la chaine de télévision suisse. L'élue en a aussi profité pour plaider pour "les mêmes droits, les mêmes devoirs, les mêmes conditions-cadres, les mêmes salaires, ni plus ni moins". La présidence du Conseil des Etats est actuellement entièrement féminine.
[Pour plus de femmes en politique ! "Conseiller fédéral @Violapamherd et président du Conseil des États @B_Haeberli sont des exemples de ce que cela pourrait être."]
Le 14 juin 1981, la Suisse adopte l’article constitutionnel en faveur de l’égalité. "Une victoire en demi-teinte, puisque c’est le contre-projet du Conseil fédéral et non le texte initial, formulé par des associations féministes et féminines, qui est approuvé. La campagne pour le oui représente tout de même un important moment de convergence au sein de l’espace féministe", lit-on sur le site solidarites.ch dans un article revenant sur l'histoire du 14 juin, relayé par le collectif Grève féministe.
En Suisse aussi, la relève féministe est fière, vénère et pas prête de se taire ! Noémie Rentsch, sur le site Solidaires.ch
"Dix ans plus tard, face au refus des autorités fédérales de réaliser l’égalité dans les faits, la première grève des femmes du pays réunit des anciennes militantes du MLF, des femmes membres d’associations qui se sont engagées pour le droit de vote dès le tournant du 20e siècle et des femmes engagées dans les syndicats, d’où émerge l’idée de la grève", précise Noémie Rentsch, qui signe l'article. La mobilisation historique du 14 juin 1991 représente "un pas important vers l’adoption de la loi sur l’égalité (LEg), qui adviendra en juillet 1996". Une loi qui reste, trente ans après, critiquée parce que jugée peu efficace selon les militantes féministes.
Bref, pour celles et ceux qui l'ignoraient encore :" En Suisse aussi, la relève féministe est fière, vénère et pas prête de se taire !" .
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