Elles sont ouvrières, écrivaines, institutrices ou employées, françaises, russes, turques, polonaises ou belges… Pour la première fois, elles combattent aux côtés et à l'égal des hommes. La presse, nationale comme internationale, se déchaîne contre ces mégères, appelées aussi
pétroleuses ou qualifiées de prostituées. Ces femmes, plus que leurs compagnons de lutte, font peur, sans doute parce qu'elles investissent un mouvement insurrectionnel, porteuses de leurs revendications propres.
Mai 1871. Le soleil brille sur la capitale après un hiver particulièrement rigoureux qui, conjugué au siège de la ville mené par les armées prussiennes, a épuisé les Parisien·ne·s. Les femmes, en particulier les plus pauvres, sont exténuées d'avoir couru après la nourriture en plus de leur travail. Pourtant, à Saint-Denis aux portes de Paris, les terrasses de café sont combles, les mondaines ou demi-mondaines s'y affichent, se plaît à décrire Augustine-Malvina Blanchecotte, dans ses
"Tablettes d'une femme pendant la Commune" : "
A Saint-Denis, nos ennemis fraternisent avec la population, on fume ensemble une série de pipes, on s'assied ensemble sur les mêmes brancards de légumes. Des belles se font admirer dans leur toilette. Les Prussiens disent des Parisiens : "Pas sage ! Paris ! Pas sage !" Et ils font de la musique là-dessus !" C'est le premier des instantanés de ce printemps hexagonal, aveuglant comme souvent le sont les images cadrées trop serrées. Le soir, un public hystérique en frac et crinoline se pressait aux Bouffes Parisiens pour applaudir Hortense Schneider dans
La Belle Hélène d'Offenbach, autre gros plan trompeur.