1er mai : les femmes toujours largement minoritaires à la direction des entreprises

Cette journée de Fête du travail est l'occasion de dresser un constat : malgré une progression du nombre de femmes dans les conseils d'administration, le monde de l'entreprise reste largement dirigé par des hommes. 

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CEO femme Allemagne

Belén Garijo, pour le laboratoire Merck, est la seule femme à diriger une entreprise du DAX, indice vedette de la Bourse de Francfort. On la voit ici lors d'une conférence portant sur le travail rémunéré et non rémunéré des femmes, le 22 mars 2018 à Washington .

©Kevin Wolf/AP Images pour EMD Serono
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Dans un grand nombre de pays, on célèbre en ce premier jour de mai la journée internationale des travailleurs et travailleuses. De la petite à la grande entreprise, les femmes occupent de plus en plus de postes-clé, et pourtant elles continuent de buter sur la dernière marche, celle qui mène au fauteuil de "grand patron".

À l'échelle mondiale, selon un rapport du cabinet Deloitte portant sur près de
10 500 entreprises, 19,7% des membres des conseils d'administration étaient des femmes en 2021 pour... 5% parmi les directeurs généraux.

Cela va porter des fruits à long terme. Diane Segalen, pdte Segalen + Associés

La France a mis en place la loi Copé-Zimmermann, qui impose depuis 2011 un quota minimal de 40% de femmes dans les CA. Une façon de mettre un pied dans la porte. "Cela va porter des fruits à long terme", estime ainsi Diane Segalen, présidente du cabinet de conseil en recrutement Segalen + Associés.

En 2021, la France comptait 43,2% de femmes dans les CA. Un chiffre en baisse depuis 2019 où la féminisation atteignait 45 %, classant ainsi la France en deuxième position en Europe, juste derrière la Finlande (46 %). Néammoins, à l'heure actuelle, trois seulement sont actuellement à la tête d'une entreprise de l'indice phare de la Bourse de Paris CAC 40 (Catherine MacGregor chez Engie, Christel Heydemann chez Orange et Estelle Brachlianoff chez Veolia). 

Aux Etats-Unis, les femmes représentent environ 24% des membres des conseils, moins de 6% des chefs d'entreprise. Même schéma au Royaume-Uni (environ 30% des sièges aux CA, 6% des dirigeants). 

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Le monde des affaires, bastion encore masculin

"Le monde du travail a été construit pour accommoder les besoins des hommes", explique Tara Cemlyn-Jones, à la tête de l'organisme britannique 25x25, qui se consacre à la parité dans les entreprises. "La seule façon de changer les choses est de rendre les structures plus justes pour les femmes", plaide l'ancienne banquière d'investissement.

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Il faut dire que le monde des affaires a longtemps été un bastion masculin. Première femme à présider l'influente Association française des entreprises privées (Afep), Patricia Barbizet, habituée des CA du CAC 40, rappellait en 2021 être "entrée dans une école de commerce la première année où les filles étaient admises".

Aucun pays ne se distingue par son égalité professionnelle. En Allemagne, seule Belén Garijo, pour le laboratoire Merck, dirige une entreprise du DAX, indice vedette de la Bourse de Francfort. En Espagne, la très grande majorité des sociétés de l'Ibex 35, équivalent ibérique du CAC 40, sont dirigées par des hommes, à l'exception d'Inditex (propriétaire de Zara), et de Santander, première banque espagnole, présidées respectivement par Marta Ortega et Ana Botin. Quant à l'Italie, elle n'est guère mieux lotie, et Giuseppina di Foggia, PDG du distributeur d'énergie Terna, est devenue l'an dernier la première femme à diriger un grand groupe public dans le pays.

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Quotas vs "séparation genrée"

Car c'est une chose d'être présentes dans les conseils d'administration, encore faut-il occuper des postes-clé dans le comité exécutif, passage obligé avant la direction.

Les quotas sont un accélérateur formidable, mais si l'on voit une montée des femmes dans les comités exécutifs, c'est plutôt à des fonctions comme les ressources humaines, le marketing. Ariane Bucaille, associée du cabinet Deloitte

Ariane Bucaille, associée du cabinet Deloitte, estime que "les quotas sont un accélérateur formidable, mais si l'on voit une montée des femmes dans les comités exécutifs, c'est plutôt à des fonctions comme les ressources humaines, le marketing", analyse-t-elle.

L'organisme à but non lucratif 25x25 a récemment publié un rapport sur la question, qui aboutit peu ou prou aux mêmes conclusions. Certains postes de cadres supérieurs, comme le poste de directeur financier, sont une voie royale vers la direction générale, mais la proportion de femmes les occupant "reste remarquablement faible".

Comme le rappelle le rapport Delloite, il est intéressant de noter une persistance de la "séparation genrée" des fonctions avec des territoires dits plus "féminins" (Ressources humaines & Communication, Juridique & Secrétariat général, Commerce & Marketing) et d’autres "masculins" (Direction générale, Direction de Business Unit). De manière surprenante car allant à rebours des idées reçues, les DSI (directions des systèmes d’information) sont relativement féminisées avec un taux de féminisation supérieur de 10 points à la moyenne des taux, précise l'enquête.

"Ne vous souciez pas du genre du dirigeant" ?

Pour y remédier, la France se présente comme un pays précurseur dans ce domaine, avec l'adoption de la loi Rixain, qui fixe un objectif d'au moins 30% de femmes dans les instances dirigeantes à compter de 2026, avant 40% en 2029. Cette loi "va encourager certaines avancées. Mais c'est forcément lent, juge Ariane Bucaille, Il ne faut pas relâcher l'effort, car... on est loin du compte."

Je crois que cela va arriver avec la génération d'après, qui a démarré dans les années 2000, qui a eu des aînées, des modèles inspirants. Diane Segalen, chasseuse de tête

Quotas ou pas, pour Tara Cemlyn-Jones, il faut avant tout transformer l'environnement. Et pour cela, les investisseurs ont un rôle à jouer. "Des questions devraient être posées sur la façon dont sont prises les décisions d'investissement. Comment est-il toléré que des gestionnaires de fonds disent : 'Ne vous souciez pas du genre du dirigeant' ? Nous ne voulons pas entendre ça", exhorte-t-elle.

La chasseuse de tête Diane Segalen, elle, se dit malgré tout confiante: "Je crois que cela va arriver avec la génération d'après, qui a démarré dans les années 2000, qui a eu des aînées, des modèles inspirants".

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