Fil d'Ariane
"Elle est née lady. Elle est devenue notre princesse. Sa mort a fait d'elle une sainte", écrivait le Daily Mirror le jour des funérailles de la "princesse du peuple".
La mort de la princesse de Galles, le 31 août 1997, à 36 ans, dans un accident de voiture à Paris, pourchassée par les paparazzis, l'a figée à jamais dans le temps à la manière d'une Marilyn : belle, jeune, tragique, et associée aux causes humanitaires qui lui étaient chères.
Cet anniversaire, "émotionnellement, renvoie les gens là où ils étaient quand elle est morte", explique Penny Junor, biographe royale. Et "pour Charles, c'est retour à la case départ".
Sur les grilles du palais de Kensington, à Londres, comme à Paris, sur les lieux de l'accident, pont de l'Alma, des admirateurs sont venus déposer des fleurs en ce 31 août 2022, à la mémoire de la princesse tragiquement disparue.
Diana, jeune aristocrate, a tout juste 20 ans quand elle épouse le prince Charles, 32 ans, en juillet 1981.
Le mariage à la cathédrale Saint-Paul, regardé par 750 millions de téléspectateurs et pour lequel 600 000 personnes se sont massées dans les rues de Londres, a tout du conte de fées. Mais il sera de courte durée. Le couple, rapidement, se déchire. Les tabloïds britanniques font leurs choux gras de ce naufrage conjugal qui finit en divorce en 1996.
Un an plus tôt, Diana, qui a eu deux fils avec Charles, William et Harry, a commis l'inimaginable, dans une interview à la BBC qui bat des records d'audience. Ses grands yeux bleus cernés de noir, elle raconte : "Nous étions trois dans ce mariage", référence à la maîtresse de Charles, Camilla, qui deviendra sa deuxième épouse. Diana reconnaît une liaison de son côté, et émet des doutes sur la capacité de Charles à devenir roi.
Depuis, l'entretien a fait l'objet de vives critiques, pour la façon dont le journaliste Martin Bashir avait obtenu, par des mensonges et des faux documents, la confiance d'une princesse déjà dévorée par le doute.
Le prince William a obtenu de la BBC qu'il ne soit plus jamais diffusé, affirmant que "les manquements de la BBC avaient alimenté les peurs, la paranoïa et l'isolement" de sa mère dans ses dernières années.
En juin dernier, la BBC avait déjà présenté ses excuses à Mark Killick, producteur de l’émission, accusé, à l’époque, d’avoir divulgué de fausses informations. Il avait été licencié après avoir fait part de ses doutes concernant l’authenticité des relevés bancaires utilisés pour convaincre Lady Diana de donner cette interview. Jeudi 21 juillet 2022, le directeur général de la BBC, Tim Davie, a tenu à s’excuser officiellement auprès de la famille royale.
Ses deux fils, "adultes, ont réinventé l'image de Diana comme celle d'une figure sainte", explique à l'AFP l'expert royal et historien Ed Owens, soulignant que ce n'était pas le cas dans les années 1990, quand "beaucoup n'aimaient pas la façon dont elle salissait la famille royale en parlant aux journalistes de sa situation avec Charles". Les années 2000 ont ensuite, selon lui, réhabilité l'image de Charles, avant que William et Harry – et la série The Crown – "embellissent cette idée de tragédie humaine, de figure sainte".
Née le 1er juillet 1961, Diana Frances Spencer vient d'une famille aristocratique aux liens anciens avec la monarchie : enfant, elle appelle la reine Elizabeth "tante Lilibet". Elle joue parfois avec les princes Andrew et Edward dans la propriété royale de Sandringham.
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— Alexis Romero (@alexisromloz) August 31, 2022
Marquée par le divorce conflictuel de ses parents, timide et peu intéressée par les matières académiques, elle quitte l'école à 16 ans, sans diplôme. Mais elle aime jouer du piano et adore la danse. Elle passe un trimestre dans un pensionnat suisse qui enseigne les bonnes manières en 1977, puis revient à Londres. Elle y travaille dans une garderie d'enfants quand Charles commence à lui faire la cour en 1980, après s'être d'abord intéressé à Sarah, sa soeur aînée.
Après leur mariage, Diana, jeune mère aimante et moderne, photogénique et pleine d'empathie pour les autres, éclipse l'héritier du trône et devient une célébrité mondiale. Elle utilise son statut pour défendre les plus démunis, serre la main de malades du sida ou de lépreux, s'engage aussi dans la lutte contre les mines antipersonnel.
Mais en privé, atteinte de boulimie, elle souffre du manque d'amour de son mari et de l'indifférence du reste de la famille royale. Ses difficultés conjugales font l'objet d'un livre explosif, en 1992, d'Andrew Morton, nourri de ses confidences. Après des mois de scandales, l'année s'achève avec l'annonce retentissante de la séparation du couple.
Mais "la guerre des Galles" continue, et la reine finit par écrire à Charles et Diana fin 1995 pour leur conseiller de divorcer. Le divorce est prononcé le 28 août 1996 et Diana perd son titre d'altesse royale.
Toujours très populaire dans les médias, elle peine pourtant à réinventer sa vie. A l'époque, elle vit une relation avec un cardiologue pakistanais, Hasnat Khan. Leur histoire se termine en juin 1997. Elle entame une nouvelle relation amoureuse avec Dodi Al-Fayed, fils d'un millionnaire égyptien, propriétaire du magasin de luxe londonien Harrods.
Le couple meurt le 31 août 1997, lorsque leur voiture s'écrase contre un pilier dans un souterrain parisien, alors qu'ils sont poursuivis par des paparazzis.
Le peuple britannique est sous le choc. Dès l'annonce de la tragédie, les fleurs et les bougies s'amoncellent devant le palais de Kensington.
Une queue interminable se forme dans les rues de Londres pour lui rendre un dernier hommage lors de ses funérailles, où Elton John chante Candle in the Wind, composée initialement pour Marilyn et réécrite pour elle.
Des sanglots dans la voix, le Premier ministre travailliste Tony Blair rend hommage à "la princesse du peuple".
Dans le monde entier, c'est la consternation. Le président américain Bill Clinton se dit "profondément attristé". Michael Jackson, "effondré", annule le concert qu'il devait donner en Belgique.
En Inde, Mère Teresa prie pour la défunte avant de mourir quelques jours plus tard.
Au palais de Saint-James, où repose sa dépouille, il faut attendre jusqu'à onze heures pour accéder aux registres de condoléances.
Les journaux, furieux de l'absence de drapeau en berne sur le Palais de Buckingham, appellent la Reine à s'adresser à ses sujets. "La famille royale nous a laissé tomber", cingle The Sun.
"Blessée", Elizabeth II se résout le 5 septembre à rendre un hommage appuyé à cet ex-belle-fille, qu'elle n'aimait guère, dans une allocution télévisée, avant de s'incliner publiquement devant son cercueil.
Some of my favourite evening dresses from Diana. #Diana25 pic.twitter.com/lOchnOmAM5
— RoyalElle (@RoyalElle3) August 31, 2022
Diana in some of her iconic jumpers! #Diana25 pic.twitter.com/jPjI4bxwhf
— RoyalElle (@RoyalElle3) August 31, 2022
“I don’t go by the rule book ... I lead from the heart, not the head.”
— Wild Yonder (@WildYonder2) August 31, 2022
“I want to walk into a room, be it a hospital for the dying or a hospital for the sick children, and feel that I am needed. I want to do, not just to be.” #Diana25 #PrincessDiana pic.twitter.com/lyWgTiWwOU