Et pourtant, en mai 2012, Gallup affirmait qu'il n'y avait jamais eu aussi peu de "pro-choice", à 41% (56% en 1995), contre 50% s'affirmant "pro-life" (33% il y a 18 ans).
Mais chacun(e) peut constater qu'il n'y a jamais eu autant de lois passées au niveau des Etats relatives à l'avortement, avancées par le puissant lobby des "pro-life" et combattues par le tout aussi actif mouvement des "pro-choice". Le mouvement anti-avortement "sait qu'il ne peut pas changer la décision de la Cour Suprême", explique James Kelly, professeur de sociologie et auteur de livres sur l'avortement, "alors ils ont adopté une approche par étapes, Etat par Etat".
Un seul centre pour avorter dans le Mississippi
Ainsi, l'organisme de recherche Guttmacher Institute a recensé un nombre record de 92 lois sur la question en 2011 et 43 en 2012. Elles couvrent un large champ, allant de mesures limitant les avortements tardifs à l'interdiction de remboursement de l'opération par une assurance-santé, l'obligation de pratiquer une échographie, l'allongement des délais de réflexion, etc.
Elles ont "toutes le même but", dénonce Jennifer Dalven, du groupe pro-choice ACLU: "empêcher les femmes d'avoir accès à l'avortement, même s'il est techniquement légal".
D'autres réclament aux centres pratiquant l'IVG d'être conformes aux normes des hôpitaux régulant la largeur des portes ou le nombre de places de parking. "Leur seul but n'est pas de garantir la santé des patientes", constate Jon O'Brien, président de Catholics For Choice, "mais de fermer les cliniques".
Les Etats-Unis comptent aujourd'hui 1.800 centres qui pratiquent l'avortement, mais 83% des comtés du pays n'en ont pas. Il n'en reste plus qu'un dans le Mississippi (sud), un Etat de trois millions d'habitants. "
"Ce n'est pas un changement de stratégie, mais une sophistication de notre approche", assure la dirigeante "pro-life" (anti-avortement) selon qui "de plus en plus de gens, et notamment de jeunes, s'identifient comme +pro-life+".
On ne tue plus aux Etats-Unis de médecins comme dans les années 1990. "C'étaient des 'loups solitaires' agissant de leur propre chef", assure M. Kelly pour qui, que l'on soit pour ou contre l'IVG, la question de l'avortement "ne sera jamais résolue. C'est une question que la société doit traiter peut-être à jamais".