Les femmes sont un peu plus nombreuses à la tête des entreprises à travers le monde, selon une étude publiée par l'organisation de jeunes dirigeant-e-s YPO, le Financial Times et ONU Femmes. Si progrès il y a, ils tardent toutefois à se matérialiser car les femmes PDG restent très largement minoritaires, en raison de nombreux obstacles.
"Faire carrière", "grimper les échelons", "diriger une entreprise", autant d'ambitions professionnelles qui se conjuguent, aussi bien évidemment, au féminin, mais encore trop peu souvent. Plafond de verre, préjugés, impondérables familiaux, maternité(s), ou freins psychologiques tels le syndrome de l'imposteur, les femmes restent une minorité à devenir "patronnes" d'entreprises dans le monde.
Cette nouvelle
enquête sur l'égalité des sexes a été menée auprès de chef-fe-s d'entreprise à l'échelle mondiale par
YPO, le
Financial Times et la campagne
HeForShe d'ONU Femmes lors du
Sommet HeForShe, son objectif était de cerner les enjeux entourant le parcours menant aux postes de direction.
Sur plus de 2.000 réponses en provenance de 106 pays obtenues des quelque 30.000 membres d'YPO, une organisation de jeunes dirigeant-e-s , en mars 2021, dont un petit quart de femmes (23%), la majorité (57%) pense que "leur organisation est plus diverse au niveau des genres qu'il y a cinq ans".
5% de directrices générales dans le monde
Un sentiment qui malgré tout ne se traduit pas vraiment concrètement. Selon une autre étude récente réalisée par le cabinet Heidrick & Struggles citée par YPO, "actuellement, seuls 5% des directeurs généraux dans le monde sont actuellement des femmes". Ce n'est guère plus équilibré aux Etats-Unis, où seules 6% des 500 entreprises de l'indice Standard and Poor's sont dirigées par des femmes.
Plus de femmes à la tête d'entreprises égal plus de femmes dans l'entreprise, au sein de leurs conseils d'administration, à des postes de direction et dans l'ensemble de leurs activités. Les cheffes d'entreprise déclarent que 43 % des membres de la haute direction de leur entreprise sont des femmes, comparativement à 26 % dans les celles dirigées par des hommes. Les femmes représentent 48 % de la main-d'œuvre dans les entreprises dirigées par des femmes, alors qu'elles forment 37 % de la main-d'œuvre dans les entreprises dirigées par des hommes.
"Je vois une prise de conscience forte de tout le monde qu'il faut faire bouger les choses", estime Xavier Mufraggi, PDG de YPO. Il y aussi selon lui,
"une prise de conscience du style de management qu'apportent nos membres féminins avec une approche plus holistique du leadership, qui est plus en phase avec les nouvelles générations". Penser "carrière" vs "syndrome de l'imposteur"
Il faut en moyenne deux ans de plus aux femmes qu'aux hommes pour accéder au sommet de la pyramide entreprenariale, d'après l'étude. « Les hommes qui ont répondu à l’enquête sont devenus directeurs généraux à l’âge moyen de 33,6 ans. En comparaison, les femmes interrogées ont assumé le rôle à un âge moyen de 35,4 ans », précise le rapport
.Près d'une femme PDG sur deux dit avoir dû surmonter des préjugés. Les femmes chefs d'entreprise sont plus susceptibles que leurs homologues masculins de devoir « trouver un équilibre entre le respect et la sympathie » (30 %) et « surmonter les idées préconçues des autres à leur sujet » (20 %). À l'opposé, seulement 9 % des chefs d'entreprise masculins ont dû surmonter des préjugés
D'autres freins psychologiques persistent, tels que le fameux "syndrome de l’imposteur". Car si environ la moitié des hommes interrogés (51%) savaient au début de leur carrière qu'ils voulaient devenir directeurs généraux, seulement un tiers des femmes interrogées s'étaient fixé cet objectif. 41% des femmes interrogées déplorent « l’absence de réseau professionnel antérieur » et 40% évoquent aussi « la peur de l’échec »
.
ONU femmes lance une semaine d’action du 31 mai au 6 juin pour inciter les jeunes générations à agir et à amplifier le dialogue dans la perspective du Forum Génération Égalité (prévu à Paris du 30 juin au 2 juillet 2021).
Cet événement vise à catalyser le changement et les progrès mondiaux en matière d’égalité entre les femmes et les hommes et à encourager des engagements et des investissements mondiaux et ambitieux en faveur des droits des femmes et des filles. Le Forum est co-présidé par les gouvernements français et mexicain, en partenariat avec la société civile et la jeunesse.
"Nous élevons nos voix afin que le monde entier réalise l’importance de ce moment, et tout faire pour que les leaders de tous les secteurs de la société se manifestent à cette occasion et s’engagent à changer durablement les choses" lit-on sur le site d'ONU Femmes. Chaque jour, les comptes Instagram et Facebook d’ONU Femmes accueilleront un·e jeune militant·e et lui donneront la tribune pour aborder une thématique spécifique qui les passionne. Un "biais inconscient" ?
Près de trois quarts des répondantes (73 %) ont dû prendre un congé et/ou sacrifier leur avancement professionnel pour des raisons familiales, comparativement à 42 % des répondants de sexe masculin. Le « fardeau du travail non rémunéré, comme la garde des enfants et le ménage, des responsabilités liées aux rôles traditionnels de genre »
empêche également d’atteindre la parité à la tête des entreprises pour 18% des femmes interrogées, précise encore l'étude. 11% d’entre elles dénoncent aussi le poids d’un « biais inconscient »
.Comment faire progresser le nombre de femmes dirigeantes d'entreprises? L'étude préconise notamment de mettre en place des formations contre les préjugés, de recruter davantage de femmes et de promouvoir l'égalité salariale... Des recettes bien connues mais loin d'être partagées par tous-tes. Des modes de travail plus flexibles, avec l'adoption massive du télétravail, pourraient aussi jouer en faveur de plus d'égalité entre les sexes à la sortie de la crise sanitaire, selon Xavier Mufraggi. Selon lui, la généralisation en Europe de la pratique du mentorat, déjà répandu de longue date aux Etats-Unis, facilite l'accession des femmes aux plus hautes responsabilités.
En France,
une proposition de loi adoptée à la mi-mai en première lecture à l'Assemblée nationale appelle les entreprises de plus de 1.000 salariés à avoir au moins 30% de femmes parmi leurs dirigeants en 2027, et 40% en 2030.