50 ans après, la France rend hommage à "Mr Pilule", Lucien Neuwirth

Certain-e-s n’hésitent pas à l’appeler un peu familièrement « Lulu, la pilule ». Quatre ans après sa disparition, Lucien Neuwirth, qui avait permis la légalisation de la contraception en France en 1967, reçoit les honneurs de la République.
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timbre neuwirth
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Après l’Assemblée nationale mercredi soir, c’est au tour du Sénat de rendre hommage à Lucien Neuwirth,  ce jeudi 9 février 2017.
À cette occasion un timbre à son effigie a été imprimé. Le timbre est inspiré par une affiche du planning familial de 1978 représentant trois générations de femmes tournées vers un Lucien Neuwirth tout sourire. À l’origine, le poster est surmonté de l’inscription : « Un enfant, si je veux, quand je veux ». Le timbre sera tiré à 900 018 exemplaires et vaut 85 centimes d’euro.
 
timbre neuwirth
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"Lucien Neuwirth a pris beaucoup de risques pour défendre une position qui était extrêmement novatrice à l'époque : ne pas considérer les femmes uniquement par leur fécondité. C'est le principe fondateur de l'égalité entre les femmes et les hommes", a estimé auprès de l'AFP Chantal Jouanno (UDI-UC), présidente de la Délégation aux droits des femmes du Sénat.

Convaincre De Gaulle

Après avoir découvert à Londres la "gynomine", un contraceptif en vente libre, Lucien Neuwirth avait su convaincre le général de Gaulle en lui exposant les ravages des grossesses non désirées et des avortements clandestins. "C'est vrai, transmettre la vie, c'est important ! Il faut que ce soit un acte lucide, continuez", lui avait alors répondu le Général.

"Malfaiteur public", "fossoyeur de la France" ou "assassin d'enfants" : Lucien Neuwirth, ancien résistant qui s'était engagé à 19 ans dans les forces de la France libre, avait fait l'objet de violentes attaques.

Transmettre la vie, c'est important ! Il faut que ce soit un acte lucide, continuez
Charles de Gaulle

« On a placé les femmes, les couples, devant l’alternative : accouchement ou avortement, sans leur expliquer qu’il y avait autre chose », clame-t-il devant les députés. Sur l’ORTF et sur les ondes d’Inter, l’homme fait de la pédagogie à une France encore très conservatrice. En 1967, il publie le "Dossier de la pilule". Un petit livre, avec un lexique, pour tout comprendre et tout apprendre sur la contraception.
 

génération contraception
Lucien Neuwirth, le samedi 8 mars 1997, au sénat, aux côtés de collégiens
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Un enfant si je veux, quand je veux

La chambre haute du Parlement célèbre cet anniversaire avec quelques mois d'avance, puisque la loi, dite "sur la régulation des naissances", fut promulguée le 28 décembre 1967. Il faudra cependant attendre plus d'un an pour les premiers décrets d'application, qui s'échelonneront jusqu'en 1972.

En 1967, la majorité était à 21 ans, et pour se procurer un contraceptif il fallait le faire sous le manteau grâce à des médecins progressistes et un réseau entre copines

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La Loi Neuwirth a également "préparé le terrain" à la loi Veil du 17 janvier 1975, qui a légalisé l'avortement. Lucien Neuwirth, qui fut sénateur de 1983 à 2001, a par ailleurs défendu "avec détermination" le droit à l'éducation à la sexualité pour les jeunes, par exemple lors des débats sur la loi Aubry de 2001 (loi sur l'éducation à la sexualité en milieu scolaire NDLR).
 
Lucien Neuwirth est décédé en 2013, à 89 ans.
Lire notre article : > Lucien Neuwirth, le père de la pilule est mort.

La « génération pilule » a 50 ans, et plus de 7 Françaises sur 10 y ont recours. En 2013, 41% l’utilisent en France, un chiffre en baisse, 50% en 2010.
Dans le monde, environ 63% des femmes de 15 à 49 ans, mariées ou vivant maritalement, utilisent un moyen de contraception en 2011, contre 55% en 1990.

Le recours à la contraception varie beaucoup selon les pays : de 4 % au Sud-Soudan à 88 % en Norvège. L’Afrique est le continent où la contraception est la moins répandue, elle concerne moins d’une femme d’âge fécond sur trois. En Afrique subsaharienne (au sud du Sahara), notamment, l’accès aux méthodes contraceptives reste difficile.

La stérilisation féminine est la méthode contraceptive la plus utilisée dans le monde (près de 30 %) devant le stérilet, la pilule et le préservatif. La stérilisation masculine, ou vasectomie, est beaucoup plus rare (moins de 4 % ).
La pilule et le préservatif masculin sont privilégiés dans les pays développés, la stérilisation féminine et le stérilet dans les pays en développement. La stérilisation féminine est le plus pratiquée en Amérique latine et aux Caraïbes, notamment en Colombie ou au Salvador. (Source Ined)