Fil d'Ariane
Vanessa Paradis, Béatrice Dalle ou Najat Vallaud-Belkacem, elles sont actrices, femmes politiques, musiciennes, militantes féministes et elles sont 343 à avoir signé un nouveau "Manifeste des 343". Dans cette tribune parue dans le Journal du dimanche, elles réclament l'allongement des délais de recours à l'IVG en France, au-delà de 12 semaines de grossesse.
"J'exige la réelle maîtrise de mon corps,
J'exige le respect de mon corps, de mes droits et de mes choix,
J'exige l'allongement des délais légaux d'accès à l'IVG.
De 1971 à 2021, d'un manifeste à l'autre, le droit à l'avortement est un droit toujours à conquérir."
Ainsi se conclut le manifeste paru le 4 avril dans le JDD, un "Manifeste des 343" version 2021, qui réclame l'allongement au-delà de 12 semaines de grossesse, soit au moins 14 semaines d'aménorrhée, des délais de recours à l'IVG. Une revendication déjà portée à l'attention des députés face aux difficultés d'accès à l'avortement liées à la crise sanitaire.
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Le nouveau manifeste est publié à la veille du 5 avril, cinquantième anniversaire du "Manifeste des 343" qui, en 1971, a marqué l'histoire du droit à l'avortement en France : 343 femmes, célébrités et anonymes, déclaraient publiquement qu'elles avaient bravé la loi parce qu'elles avaient subi un avortement, à une époque où l'interruption volontaire de grossesse était illégale et dangereuse, alors que tout un pan patriarcal de la société s'en accommodait fort bien.
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Cinquante ans plus tard, "Nous n'avons pas encore acquis la propriété pleine et entière de nos corps. Le patriarcat freine nos choix, nos possibilités de disposer librement de nos corps", disent-elles.
Elles, ce sont des actrices dont Julie Gayet, Corinne Masiero, Laure Calamy, Marina Foïs, Zabou Breitman, Anna Mouglalis, Alexandra Lamy ou Isabelle Carré ; des chanteuses, comme Juliette Armanet, Yaël Naïm, Barbara Carlotti, Vanessa Paradis ou Yael Naim ; des réalisatrices, dont Catherine Corsini, Andréa Bescond ; des journalistes, comme Léa Drucker ou Maïa Mazaurette, mais aussi des responsables politiques et militantes, dont Marie-Noëlle Lienemann, Clémentine Autain, Audrey Pulvar, Assa Traoré, Alice Coffin, Caroline De Haas...
EXCLUSIF. Le manifeste des 343 femmes qui exigent l'allongement des délais légaux d'accès à l'IVGhttps://t.co/VhsmYDeECo pic.twitter.com/VUqqL0xQxf
— Le JDD (@leJDD) April 4, 2021
La loi a fixé la limite du recours à l'avortement à douze semaines de grossesse. Au-delà, les recours sont limités et conditionnés, d'une part aux médecins qui statuent alors sur la "nécessité médicale" d'interrompre une grossesse, et d'autre part à la situation socio-économique de la femme, expliquent les signataires : "Les personnes concernées dotées de ressources pourront se rendre à l'étranger, dans des pays dont les législations plus progressistes leur permettront d'avorter dans des conditions sécurisées."
Privées de leur droit à disposer de leur corps, il y a ces femmes forcées à poursuivre une grossesse non désirée. Cette violence est infligée dans le silence et l'indifférence
Les 343 signataires du nouveau manifeste
"Au cours de sa vie, une femme sur trois recourt à une interruption volontaire de grossesse. Chaque année, plus de 210 000 avortements sont réalisés en France. Après avoir trop souvent rencontré de nombreuses difficultés telles que la désinformation, la propagande antichoix, la carence de services hospitaliers de proximité. Pour les mineures, les pauvres, les migrantes, les exclues, ces difficultés d'accès sont encore plus fortes, expliquent les signataires du manifeste. Privées de leur droit à disposer de leur corps, il y a aussi ces femmes forcées à poursuivre une grossesse non désirée. Cette violence est infligée dans le silence et l'indifférence. En solidarité avec toutes ces femmes, je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. En France. À l'étranger. Au-delà du délai légal français. Je pourrais être l'une d'entre elles. Je suis solidaire."
En février dernier, le retrait d'une proposition de loi pour allonger le délai d'accès à l'IVG de 12 à 14 semaines de grossesse avait provoqué des remous à l'Assemblée nationale. Le groupe socialiste avait dû y renoncer en raison des nombreux amendements déposés par la droite, accusée d'obstruction.
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