Sandra Bullock dans «Gravity» de Alfonso Cuaròn (un homme donc…) et Mia Wasikowska dans «Tracks» de John Curran (encore un homme donc...) incarnent des personnages féminins qui évoluent dans ce non-lieu philosophique et existentiel, où l'oxygène, l'eau, et l'air manquent, métaphore de notre vie contemporaine. C'est en se perdant dans ce vide qu'elles s'éloignent des habituels stéréotypes qui encombrent notre imaginaire.
La Warner avec «Gravity», un colosse «expérimental» qui a coûté la bagatelle de 80 millions de dollars, relance une nouvelle Odyssée de l'espace où le rôle principal, et presque unique, est celui d'une femme ingénieur, Ryan Stone.
En 92 minutes et en 3 D, Ryan, pour son premier voyage dans l'espace, est obligée de retrouver le chemin vers la terre, après que les débris d'une autre navette (russe) en errance dans l'atmosphère ont frappé et détruit le vaisseau spatial dans lequel elle voyage. Elle est vite seule. Vraiment seule dans l'espace quand elle perd tout contact avec son collègue – guide, le capitaine cosmonaute Matt Kowlosky interprété par George Cloney, qui lui donne les premières informations pour se sauver, mais qui disparaîtra très vite de l'écran radar, avalé par le vide étoilé de l'espace.
La surmontable légèreté du corps pour être
Sandra Bullock, comédienne oscarisée (pour The Blind Side en 2009) et (très) proche de la cinquantaine, dans ce « film de survie » atteint son salut en renversant tous les stéréotypes hollywoodiens. Pas d'histoire romantique, pas de guerre entre femmes, pas de famille, pas de lutte pour le pouvoir. Plus de corps préparé par l'industrie cinématographique pour une séduction formatée à tout prix. Bien au contraire, c'est grâce à cette perte de la conscience de son corps, due à l’absence de force de gravité, qu'elle devient la seule protagoniste de sa vie. Elle doit surmonter son émotivité (évidemment, puisque elle est une femme), et sa solitude (évidemment, puisque les femmes ne savent pas vivre «seules»). Mais avant tout elle doit gagner plus d'estime de soi, cette confiance en soi qui fait souvent défaut aux femmes. Et elle gagne.
Même dans les conditions d'extrême malheur, quand tout semble perdu, jamais elle ne se transforme en homme, et préserve sa « féminitude », sauf quand elle doit lire les instructions de la navette, trouvées à bord : on dirait le manuel d'une machine à laver ou d'un four à micro-onde. Cela dit, une fois encore, c'est le personnage masculin qui possède toutes les compétences techniques, tient le rôle du guide, et joue la voix de sa conscience (elle rêve de lui dans un moment de détresse totale) qui la pousse à dépasser ses propres limites. On rêve alors d’un point de vue opposé : un homme perdu dans l'espace qui s'en sort grâce aux compétences et à la rationalité d'une femme... Une femme qui représente aussi la voix de sa conscience et non pas l'objet de sa séduction ou.... le «souvenir» de sa mère.
La Warner avec «Gravity», un colosse «expérimental» qui a coûté la bagatelle de 80 millions de dollars, relance une nouvelle Odyssée de l'espace où le rôle principal, et presque unique, est celui d'une femme ingénieur, Ryan Stone.
En 92 minutes et en 3 D, Ryan, pour son premier voyage dans l'espace, est obligée de retrouver le chemin vers la terre, après que les débris d'une autre navette (russe) en errance dans l'atmosphère ont frappé et détruit le vaisseau spatial dans lequel elle voyage. Elle est vite seule. Vraiment seule dans l'espace quand elle perd tout contact avec son collègue – guide, le capitaine cosmonaute Matt Kowlosky interprété par George Cloney, qui lui donne les premières informations pour se sauver, mais qui disparaîtra très vite de l'écran radar, avalé par le vide étoilé de l'espace.
La surmontable légèreté du corps pour être
Sandra Bullock, comédienne oscarisée (pour The Blind Side en 2009) et (très) proche de la cinquantaine, dans ce « film de survie » atteint son salut en renversant tous les stéréotypes hollywoodiens. Pas d'histoire romantique, pas de guerre entre femmes, pas de famille, pas de lutte pour le pouvoir. Plus de corps préparé par l'industrie cinématographique pour une séduction formatée à tout prix. Bien au contraire, c'est grâce à cette perte de la conscience de son corps, due à l’absence de force de gravité, qu'elle devient la seule protagoniste de sa vie. Elle doit surmonter son émotivité (évidemment, puisque elle est une femme), et sa solitude (évidemment, puisque les femmes ne savent pas vivre «seules»). Mais avant tout elle doit gagner plus d'estime de soi, cette confiance en soi qui fait souvent défaut aux femmes. Et elle gagne.
Même dans les conditions d'extrême malheur, quand tout semble perdu, jamais elle ne se transforme en homme, et préserve sa « féminitude », sauf quand elle doit lire les instructions de la navette, trouvées à bord : on dirait le manuel d'une machine à laver ou d'un four à micro-onde. Cela dit, une fois encore, c'est le personnage masculin qui possède toutes les compétences techniques, tient le rôle du guide, et joue la voix de sa conscience (elle rêve de lui dans un moment de détresse totale) qui la pousse à dépasser ses propres limites. On rêve alors d’un point de vue opposé : un homme perdu dans l'espace qui s'en sort grâce aux compétences et à la rationalité d'une femme... Une femme qui représente aussi la voix de sa conscience et non pas l'objet de sa séduction ou.... le «souvenir» de sa mère.
Soudain, perdue dans l'univers...

«Tracks» dirigé par John Curran, est aussi un «film de survie», tiré de la véritable histoire de Roby Davidson, une jeune fille australienne qui, en 1978, quitta sa vie de citadine, pour traverser plus de 2000 kilomètres de désert, entre Alice Springs, ville du Nord, jusqu'à l'Océan. Elle est interprétée par Mia Wasikowska.
Sur la route
Et c'est alors un nouveau personnage féminin qui se détache de sa communauté où « les hommes sont des hommes et où les femmes s'occupent d'eux », qui trouvera son identité et son rapport à la réalité ou au monde, en perdant tout contact avec celui-ci. Mais pas complétement. Elle part accompagnée de trois chameaux (il y a une population d'un million de chameaux sauvages en Australie) qu'elle a apprivoisés avant de partir, et de sa chienne noire, Diggy.
Sans oublier le journaliste de la « National Géographic » qui la retrouve à plusieurs étapes, la soigne, et lui permet grâce à la prestigieuse revue américaine (déjà en toile de fond de « Sur la route de Madison », où le voyageur solitaire était Clint Eastwood) de financer le voyage.
Encore une fois une femme lance un défi, et se soumet à la « perte de son corps» malmené par une progression incessante de difficultés, dans l'espace infini du désert, accompagnée de lancinantes images de mort. Et il faut remonter à «Out of Africa» avant de trouver un rôle de femme semblable. Meryl Streep interprétait alors, sous la houlette de Sydney Pollack, une aristocrate danoise déterminée à maintenir à flots une ferme kenyane et à mener une vie sentimentale libre, figure principale du roman autobiographique roman de l’excellente écrivaine Karen Blixen…
Sur la route
Et c'est alors un nouveau personnage féminin qui se détache de sa communauté où « les hommes sont des hommes et où les femmes s'occupent d'eux », qui trouvera son identité et son rapport à la réalité ou au monde, en perdant tout contact avec celui-ci. Mais pas complétement. Elle part accompagnée de trois chameaux (il y a une population d'un million de chameaux sauvages en Australie) qu'elle a apprivoisés avant de partir, et de sa chienne noire, Diggy.
Sans oublier le journaliste de la « National Géographic » qui la retrouve à plusieurs étapes, la soigne, et lui permet grâce à la prestigieuse revue américaine (déjà en toile de fond de « Sur la route de Madison », où le voyageur solitaire était Clint Eastwood) de financer le voyage.
Encore une fois une femme lance un défi, et se soumet à la « perte de son corps» malmené par une progression incessante de difficultés, dans l'espace infini du désert, accompagnée de lancinantes images de mort. Et il faut remonter à «Out of Africa» avant de trouver un rôle de femme semblable. Meryl Streep interprétait alors, sous la houlette de Sydney Pollack, une aristocrate danoise déterminée à maintenir à flots une ferme kenyane et à mener une vie sentimentale libre, figure principale du roman autobiographique roman de l’excellente écrivaine Karen Blixen…